Opinion Sport
14H56 - vendredi 18 mars 2016

Julian Jappert : « Notre défi est d’être les premiers à calculer l’impact du sport sur les comportements humains »

 

Sport et Citoyenneté, née en 2007 à Bruxelles, est le premier think tank européen sur le sport. Julian Jappert, l’un de ses membres fondateurs, trace en détails les différentes actions de l’association.

Julian Jappert - Crédit : Sport et Citoyenneté

Julian Jappert – Crédit : Sport et Citoyenneté

Qui est à l’origine de Sport et Citoyenneté ?

Un groupe d’amis avec des personnalités, anciens sportifs, ou des hauts fonctionnaires en charge de portefeuilles de sports. On a vite remarqué qu’il n’existait pas de groupes de réflexion indépendants, apolitiques, liés au sport.

Qui compose votre comité scientifique d’experts ?

350 personnes font partie des comités d’experts au total sur les 28 États membres. On a un bureau, puis un Conseil d’administration avec une trentaine de personnes en charge de missions et de compétences particulières ; enfin une centaine de personnes sont amenées à travailler sur des sujets tous les trimestres, et d’autres groupes traitent en permanence les domaines de la santé, du handicap, de la mixité, du bénévolat, de l’éducation. Notre force, ce sont nos cercles de réflexion.

Vous êtes spécialisés dans l’analyse des politiques sportives et l’étude de l’impact sociétal du sport : disposez-vous de données à ce sujet ?

Pour les politiques sportives, oui, c’est le cœur de notre action, et cela peut varier selon les thématiques. Le côté positif est que nous sommes sur un sujet transversal, nous touchons d’autres sujets de la société : l’insertion, l’économique, le juridique, l’institutionnel, la gouvernance, la santé publique. On va d’ailleurs sortir en juin une étude sur la sédentarité : la société de plus en plus sédentaire vieillit mal, il y a de plus en plus de maladies et de moins en moins de citoyens actifs.

Quant à l’impact sociétal, c’est beaucoup plus compliqué parce que ce sont des données immatérielles. C’est d’ailleurs le grand enjeu de la candidature de Paris 2024 : on voit que le positionnement sur les données matérielles est connu mais sur les données immatérielles ou sociales, il est impossible à donner ! On travaille avec des économistes, des sociologues pour arriver à quantifier ce que pourrait être l’impact du sport sur les comportements humains. C’est un défi car ça n’a jamais été calculé. Mais est-ce que le bonheur est calculable via un algorithme ?

Votre slogan est « S’engager pour un sport plus citoyen » : pensez-vous que le sport ne l’est pas assez ?

C’est une bonne question. Je pense que le sport est sous-exploité et sous-utilisé, en particulier par les pouvoirs publics. J’ai l’intime conviction que ce secteur d’activité est fortement médiatisé (un tiers de l’info est sportive) et a une influence énorme auprès des jeunes : leurs idoles sont des sportifs/ves. Ce secteur-là est capable de former des citoyens grâce aux valeurs qu’il devrait porter. Je réponds donc oui, mais c’est un secteur mal dirigé, mal encadré.

Ce n’est pas le rôle des éducateurs, des formateurs ?

Un citoyen actif et engagé est bien dans sa tête. Il est influencé par la famille, l’école… le sport en fait partie, donc l’éducateur sportif a un rôle dans la construction de cet individu, comme le professeur de sport. Ce rôle-là est sous-évalué et sous-utilisé, ils font un travail formidable mais pas assez pris en compte. Le prof de sport est le seul qui voit le gamin dans un autre environnement : il est capable de détecter des forces et des faiblesses que d’autres profs ne peuvent pas voir.

Vous êtes un organe de réflexion : auprès de qui ?

De tous les décideurs de la gouvernance du sport. C’est un système ultra complexe. Un exemple ? Le local en France est un millefeuille de compétences qui n’apporte rien à ce secteur alors que l’argent du sport est là. Les collectivités locales, c’est 70 % du budget du sport avec des disparités, une absence de stratégie. Le pire est de faire et défaire plusieurs fois la même chose parce que les politiques changent. C’est une réalité mais pas que dans le sport, je le vois dans d’autres secteurs où il y encore plus d’argent, de l’argent public ! En comparaison, la Belgique est un petit pays qui est capable d’avancer sans gouvernement : un pont peut se construire sans l’approbation de l’opposition. En France, ce n’est pas le cas…

On travaille aussi avec le secteur privé, qui est de plus en plus actif sur la réflexion du sport, la tolérance zéro de Nike après l’affaire Sharapova va d’ailleurs dans le bon sens. On travaille aussi avec la société civile (associations, ONG…) : elle a un rôle de fourmi qui mériterait d’être mieux coordonné. Il n’y a jamais eu de politique nationale d’éducation par le sport informel (cf. la société civile) en France. Je l’ai dit dans plusieurs tribunes (Le Monde, Libération).

Vous êtes aussi force de propositions auprès des pouvoirs publics nationaux, et européens, du secteur économique et des acteurs associatifs : quelles grandes décisions ont été prises depuis 2007 à la suite de vos propositions ?

Ça dépend des secteurs et du niveau d’intervention. Notre plus grande fierté ? Aujourd’hui, il y a dans le traité européen une véritable compétence juridique du sport avec un budget : on l’a mis à l’agenda politique européen !

Vous êtes aussi vecteur de promotion de l’éthique du sport : ne craignez-vous pas que le nom de Michel Platini, l’un de vos parrains, vous soit désormais associé pour de mauvaises raisons ?

En tant que juriste de formation, je peux parler d’un dossier seulement quand je le connais.

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