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09H34 - jeudi 17 mars 2016

Pour que tout le tourisme soit durable

 

 

À l’occasion de l’inauguration du Salon du tourisme de Paris, nous avons rencontré Guillaume Cromer, directeur gérant du cabinet ID-Tourism et président de l’association Acteurs du tourisme durable. Organisateur depuis 2007 de la Journée mondiale pour un tourisme responsable, il nous offre son point de vue sur l’art de voyager aujourd’hui.

Guillaume Cromer, un acteur du tourisme durable

Guillaume Cromer, un acteur du tourisme durable

 

Pourriez-vous définir le tourisme durable, ses enjeux ?

On croit souvent que le tourisme durable, c’est juste dormir dans un arbre ou partir à l’autre bout du monde pour faire un trek et rencontrer des populations locales, mais le tourisme durable, c’est beaucoup plus large et plus complexe que cela. Il s’agit d’intégrer tous les enjeux du développement durable (qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux) dans toutes les entreprises et destinations touristiques. C’est ainsi par exemple le Club Med s’engageant dans sa politique d’entreprise à prendre plus en considération les populations locales que ce soit dans la constitution de nouvelles implantations ou dans la création de circuits courts. Mais aussi les tour-opérateurs s’efforçant à augmenter l’impact économique local lors des séjours et améliorer les conditions de travail de leur staff sur place (les porteurs sur des treks au Népal par exemple). Enfin, c’est par le choix de destinations touristiques afin de favoriser la création d’emplois, ou réduire l’impact des visiteurs sur l’environnement. Les enjeux sont donc importants et totalement transversaux. Il s’agit d’une part de préserver les ressources et les patrimoines à long terme, pour que les générations futures puissent elles aussi jouir des merveilles de notre planète et, de l’autre, de contribuer à la subsistance de certaines populations.

 

Quelles sont les causes de cette mutation ? Est-ce une demande des touristes, ou plutôt une initiative d’acteurs du marché ?

L’évolution a été telle que les premiers acteurs à emprunter cette voie étaient plutôt les tour-opérateurs d’aventures, de trekking, particulièrement sensibles à l’environnement local et au bien-être des habitants. C’était dans les années 2000. Puis, petit à petit, les grandes entreprises ont commencé à intégrer des engagements en matière de responsabilité sociétale que l’on appelle RSE dans le jargon professionnel. Des entreprises françaises comme AccorHotels ou encore le Club Med ont ainsi démarré leur politique de développement durable dans les années 2006. Dans la foulée, ce sont certains territoires exemplaires qui ont commencé à déployer sur place des stratégies de tourisme durable comme la région Bretagne.

Aujourd’hui, de nombreux acteurs ont pris conscience que le tourisme durable n’était pas un marché de niche mais bien une vision plus stratégique, plus business, qui doit être intégrée au plus haut dans les organisations. Côté voyageurs, on retrouve encore pas mal de stéréotypes malheureusement. Il serait nécessaire de lancer une campagne de communication de grande envergure pour les casser et présenter les outils simples afin d’aider les « consommateurs » à mieux choisir une destination ou un label. Des initiatives intéressantes sont en train de se déployer ici et là comme l’affichage environnemental des hôtels.

 

Quelles vont être les orientations primordiales de cette nouvelle industrie dans les années qui viennent?

À l’avenir, nous verrons probablement apparaître de nouvelles régulations de l’Europe pour inciter les organisations, entreprises et destinations, à s’engager toujours plus fortement sur les enjeux du développement durable et ainsi respecter les engagements de l’Union européenne, en particulier sur la problématique du changement climatique. Ensuite, il y aura à mon avis une meilleure assimilation et donc un meilleur suivi des engagements en matière de développement durable. Nous entrerons dans l’ère de la « destination intelligente » où l’on récoltera régulièrement des données sur les volets économiques, sociaux et environnementaux. Ainsi plus réactifs, nous ferons évoluer nos actions sur les destinations et pourrons à chaque instant trouver le meilleur équilibre entre les besoins du client, des populations locales, des professionnels et bien entendu la préservation de l’environnement.

 

Quel est l’état du tourisme durable en France ? Sommes-nous plutôt en avance sur ce sujet ?

Oui, on peut dire que la France est assez avancée sur la question du tourisme durable. Mais c’est surtout par l’engagement de certaines régions, opérateurs privés et associations comme Acteurs du tourisme durable. Ils tentent de fédérer les acteurs et de partager les bonnes pratiques afin que dans quinze ans tout le tourisme soit durable. Ce qu’il manque encore, c’est une vision ferme et inspirante de l’État sur les questions de développement durable de son industrie du tourisme. Il faut déterminer des objectifs précis à atteindre, un suivi d’indicateurs et des leviers d’actions pour soutenir les régions et les acteurs privés dans les destinations françaises.

 

Propos recueillis par Clément Charpentreau

 

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