International
13H55 - samedi 30 janvier 2016

Mohand Sidi Saïd, la rage de sortir de la pauvreté

 

Le 2 février, au cours du gala annuel de l’association FARR, Franco-algériens républicains rassemblés, six trophées seront remis à des personnalités, issues de cette communauté, dont le parcours méritant appelle les éloges.

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D’une voix tranquille, aux accents bienveillants, il accueille au téléphone, comme s’il recevait chez lui. L’hospitalité, c’est sacré. Rien qu’à l’entendre, on imagine son regard pétillant. Il parle lentement. Pas besoin de trop se presser quand on sait qui l’on est. Que l’on n’a plus rien à prouver. Son intelligence a déjà opéré sur moi tel un charme. Et comme j’écris, je me souviens de son avertissement, plutôt une prière, avant de raccrocher : « Surtout, s’il vous plaît, rien de grandiloquent ». D’accord, Monsieur Sidi Saïd, je vais m’y efforcer.

Quand je lui demande qui il est, il répond au présent. Il n’est pas de ces gens qui se sentent obligés de dérouler la liste de tous leurs hauts (et moyens) faits, il démarre après la retraite, racontant son engagement pour les banlieues avec la BAC : un clin d’œil à la Brigade anticriminalité, explique-t-il, un sourire dans la voix. En réalité, sa Bac à lui est un fonds d’investissement, Business Angels des Cités, né au cœur du Val fourré à Mantes-la-Jolie, consacré au développement d’entreprises dans les quartiers sensibles. Il soutient par ailleurs l’association SOS Villages d’enfants dont l’œuvre est de recueillir des enfants abandonnés pour leur offrir « une enfance stable et heureuse ». Il a aussi écrit des livres L’Esprit et la Molécule, sorte d’autobiographie parue en 2011, et un autre à paraître bientôt aux Presses du Châtelet, Les Maux de la santé, qui traite d’un sujet qui le touche : l’injustice dans le système santé. Enfin, il voyage souvent en particulier aux Etats-Unis où il agit encore en tant que consultant. Alors, à la retraite, certes, mais toujours occupé.

 

Et avant ?

Les soixante-cinq ans qui précèdent, il n’en fait qu’une bouchée ou presque. Difficile de l’arrêter, c’est un homme décidé. Il a grandi dans un village des montagnes du Djurdjura, sans eau ni électricité. Son père, immigré en France, est mort jeune, à la tâche, le laissant à dix ans orphelin et pratiquement illettré. Puis, par le hasard d’une rencontre, la chance ! il commence l’école, et il aime. Quelques années plus tard, il sera embauché dans une multinationale du médicament, Pfizer pour ne pas la citer, dont il finira vice-président. Vice-président d’un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique, quel parcours ! Et entre ? On voudrait des détails. Comment a-t-il réussi ce saut du Djurdjura aux Etats-Unis ? Par le travail, et encore le travail. Il a d’abord étudié le droit à l’université d’Alger, sans trop faire d’étincelles, puis les affaires, à l’Institut d’administration et de gestion des entreprises d’Aix-en-Provence. Et de là direction Pittsburgh aux États-Unis, à l’université Carnegie Mellon, dont il est sorti diplômé. Ensuite, il a franchi les étapes, dit-il, « sans ascenseur ».
Pour lui, il n’y a pas de miracle : «  J’avais la rage de sortir de la pauvreté. C’est une question d’endurance et de persévérance. » Sans aucun doute un message fort d’espoir pour les jeunes générations.

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