International
17H09 - lundi 18 janvier 2016

Une Semaine en Inde (du 11 au 18 janvier 2016)

 

Thomas Piketty, « Le difficile pari indien »

pikettyUne synthèse des situations et perspective indienne en ce début d’année, voilà ce que propose l’économiste Thomas Piketty. Croissance économique vertigineuse et supérieure à la Chine – 8 % contre les 6 % chinois en 2016-2017 –, explosion des naissances qui en fera la première puissance démographique au xxie siècle… À l’heure du ralentissement chinois et de la perplexité qu’il suscite, de tels chiffres communiquent un enthousiasme grandissant pour l’Inde. Piketty rappelle également ce qui le plus distingue peut-être la situation indienne de celle de la Chine : des institutions et une tradition démocratiques considérées comme « solides », un État de droit censé respecter liberté d’expression et pratiques électorales.

Pourtant, les nuances sont nombreuses et les enjeux cruciaux et exigeants. Le pouvoir d’achat des ménages indiens reste encore bien faible : 300 euros par mois contre 700 en Chine et 2 000 en Union européenne. Les inégalités économiques demeurent en revanche criantes et rendent difficiles une nette appréciation des améliorations économiques et des niveaux de vie, car une trop ténue minorité capte aujourd’hui les bénéfices de la croissance du pays. Le gouvernement indien a par ailleurs coupé l’accès aux informations sur l’impôt sur le revenu depuis 2000.

Rigidité des castes et réformes clivantes, affrontements identitaires entre majorité hindoue et minorité musulmane (représentant 14 % de la population, c’est-à-dire 182 millions de personnes) constituent un défi pour le gouvernement et le parti Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir depuis 2014.

Une dimension se détache particulièrement de cette synthèse : l’investissement public dans l’éducation et la santé, nettement insuffisant car ne représentant que 0,5 % du PIB, contre 3 % en Chine. Dans ce champ d’action, il est frappant de mesurer combien le Parti communiste chinois a su mobiliser bien plus de ressources que l’État de droit indien. Pour permettre enfin un décollage et un développement durable, une stratégie d’investissement social et de services publics doit être financée et mise en œuvre.

 

Économie : Modi s’engage pour les jeunes entreprises

Narendra Modi est le 15ème premier ministre indien - crédit : Barthateslisa/ Wikimedia Commons Narendra Modi est le 15ème premier ministre indien – Crédit photo : Barthateslisa/ Wikimedia Commons[/caption]

Allègements de taxes, simplification de la bureaucratie, financement de 25 milliards de roupies (370 M USD)… face à un rassemblement de 2 000 jeunes entrepreneurs, Narendra Modi a réaffirmé son engagement pour l’entreprise et les start-up, s’accompagnant cette fois d’annonces concrètes, ambitieuses et attendues.

Au fardeau d’une administration aussi tortueuse que lente et opaque, le Premier ministre a proposé une facilitation des procédures et une meilleure efficacité. En une journée, les jeunes entrepreneurs pourront s’inscrire au registre du commerce par téléphone, et en moins de 90 jours, pourront terminer les démarches de faillites.

Afin de permettre aux entrepreneurs de se lancer et faire décoller leur activité, les trois premières années de l’entreprise seront exemptées d’impôts. Les frais d’inscription des brevets d’inventions seront réduits de 80 %. Sur quatre ans, 25 milliards de roupies seront accordées par le gouvernement pour mettre en place ces mesures.

Enfin, pendant trois ans, ces nouvelles structures seront dispensées d’inspection concernant le respect du code du travail et des lois environnementales.

 

« Start-up India, Stand up India » : le vivier incomparable de l’e-commerce

http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/16/l-e-commerce-le-nouveau-reve-indien_4848531_3234.html#M3cgCvISIUa0Q3qk.99

Ce rassemblement du 16 janvier entend bien être le départ d’une nouvelle étape. La conjoncture économique favorable porte les investissements qui coulent à flots, l’innovation technologique continue de se développer grâce au développement des sociétés de services informatiques. Les ingénieurs se sont faits entrepreneurs, et les projets les plus divers fusent – et plus particulièrement dans le domaine de l’e-commerce.

Il faut reconnaître que le nombre d’internautes a explosé : on en compte aujourd’hui 400 millions. Ayant investi massivement depuis plusieurs années, le groupe Amazon considère l’Inde comme le deuxième marché après les États-Unis.

Plusieurs obstacles doivent cependant être surmontés avant de voir la victoire. Premièrement, la question du paiement, dans un pays où le cash est roi et la carte bancaire peu répandue – et ce aussi bien pour les milieux aisés que les zones rurales. Flikpart, un des sept groupes indiens valorisés à plus d’un milliard de dollars, a proposé un règlement en espèces à la livraison. Ensuite, la question de la livraison se montre épineuse, dans un pays qui va des immenses lagunes du Kerala aux contreforts de l’Himalaya. Le potentiel provient donc aujourd’hui surtout (trop) des villes, malgré un marché relativement fermé aux enseignes étrangères et difficile pour la compétitivité des magasins. Enfin, les sites d’e-commerce généralistes ne sont pas autorisés par la loi indienne à vendre directement aux internautes, et doivent pour ce faire se présenter et constituer en plateforme de mise en relations entre marchands et clients.

 

New Delhi applique pour la première fois la circulation alternée

http://www.lemonde.fr/pollution/article/2016/01/15/new-delhi-bilan-incertain-des-mesures-antipollution_4848319_1652666.html#U8GTZfuqgpVrl4mK.99

Du 1er au 15 janvier, la capitale indienne appliquait pour la première fois la circulation alternée. Sur 3 millions de voitures en circulations, 1 million était concerné par cette restriction. Les seuls à être épargnés par les restrictions étaient les chauffeurs de motos, les trois-roues… et les femmes, non concernées pour leur sécurité.

Le bilan de la baisse de la circulation semble hasardeux. Le centre d’études Council on Energy, Environment and Water (Ceew) considère notamment que l’augmentation simultanée des bus ainsi que des deux et trois-roues a empêché une véritable baisse. Un trafic de plaques d’immatriculation serait également en cause, malgré les campagnes et mobilisations pour sensibiliser les habitants à la nécessité absolue d’un comportement citoyen. Cet hiver, le seuil limite de pollution établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été franchi plus d’une dizaine de fois – 30 000 personnes en meurent prématurément chaque année dans la capitale.

Pour ce premier essai, la municipalité a voulu ménager la « sensibilité » de ses habitants. Ainsi, des volontaires postés aux carrefours offraient des roses aux contrevenants. Naveen Kumar, l’un d’entre eux, a reçu comme instruction d’être « poli », et de ne « surtout pas se mettre en travers des véhicules qui ne respectent pas la mesure ». Certains contrevenants se sont montrés moins compréhensifs que leurs interlocuteurs, invoquant des relations « hauts placées ». L’argent des amendes (chacune s’élevant à 2 000 roupies soit 27 euros) devrait, selon la déclaration du ministre des Transports Gopal Rai, servir à financer l’achat de bicyclettes et l’aménagement de couloirs réservés pour leur circulation.

 

Bombay instaure des zones anti selfie

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/01/13/bombay-instaure-des-zones-de-non-selfies_4846227_3216.html#sAcoxroy5uJ3AImu.99

19 zones sont aujourd’hui interdites de tout selfie dans la mégapole – une mesure suscitée par une nouvelle noyade d’une jeune fille de 18 ans pour s’être prise en photo avec son portable. Ce n’est pas la première fois que de telles zones sont établies, même si les précédents étaient d’avantages motivés par des raisons religieuses hindoues. Ce qui pourrait faire sourire est en réalité de plus en plus considéré comme un véritable problème de santé publique… et d’attroupement médiatique. Dans les grands quotidiens nationaux, une bonne partie des pages d’accueils des sites web est consacrée aux derniers selfies des stars de Bollywood, acteurs particulièrement importants pris pour modèles par les jeunes indiens. Une psychiatre de l’hôpital Nanavati, citée par l’agence de presse Indienne Ians, va même jusqu’à affirmer que « la folie des selfies ôte toute sensibilité de l’esprit des adolescents Indiens ».

Bombay n’est pas la première municipalité à appliquer de telles mesures – pour l’instant plus injonctives que contraignantes, aucune amende n’ayant été prévue pour les réfractaires. En 2015 déjà, à la suite d’accidents causés par la prise de selfies ayant causé la mort, la Russie avait lancé une campagne pour sensibiliser les jeunes à ce sujet.

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