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10H12 - vendredi 15 janvier 2016

Gilad Vaknin, la musique pour passion

 
Gilad Vaknin en concert, à droite avec son maître Nino Bitton. Crédit photos : Ailon Glitz

Gilad Vaknin en concert, à droite avec son maître Nino Bitton. Crédit photos : Ailon Glitz

 

Son entrée dans le monde de la musique arabe n’est pas l’œuvre du seul hasard. Sa grand-mère le met sur la voie en lui proposant quelques disques pour sa collection de vinyles. Parmi eux s’en cachent deux ou trois de musique marocaine, dont Gilad ignore encore tout. Il ne s’y est jamais, ni de près ni de loin, intéressé jusqu’alors. Plus tard la même semaine, un autre coup de pouce du destin. Il se promène dans la rue, quand un air qui s’envole d’un petit café d’angle l’interpelle puis l’arrête. Il jette un œil à l’intérieur. Nino Bitton, une star de la musique andalouse, s’y produit ce vendredi-là, comme tous les vendredis. À l’heure où alentour Jérusalem ralentit, s’apprête au repos du shabbat, il met le feu à la salle. Mais Gilad, bien que diplômé de l’académie de musique, ne comprend rien à ce qu’il entend. Est-ce justement pourquoi il revient la semaine suivante ? Et la suivante encore ? Bientôt, il n’envisage plus de manquer un seul de ces rendez-vous. Comme aspiré, dit-il, par cette musique qui se révèle à mesure que l’on s’ouvre à elle. Enfin, un jour, il se lance et demande à Nino de lui donner des cours. Quelques années plus tard, maître et élève, complices, joueront ensemble sur cette même scène.

Son engagement pour la paix a certainement contribué à la naissance de sa passion, analyse Gilad aujourd’hui et note au passage que depuis qu’il s’y adonne il a réduit son activité politique. C’est maintenant sa manière à lui de militer. Même s’il avoue ne pas croire en son efficacité. Pas plus, remarque-t-il, qu’en celle des manifestations.

En revanche, cette musique a réussi à le changer, jusque dans sa manière de regarder les photos de famille. Elle lui a ouvert, raconte-t-il, une fenêtre sur le passé. « C’est comme si elle avait le pouvoir de me transporter au Maroc et à cette époque. »

 

Une source merveilleuse

Mais finalement l’essentiel, précise-t-il, est ailleurs. Car si son attachement à la musique orientale, il parle même d’addiction, avait sans doute à l’origine une dimension sentimentale, et politique aussi, désormais ce sont seules sa richesse extraordinaire et sa beauté qui le retiennent. « Ce n’est pas juste un genre, c’est tout un univers. Il y a tellement de chanteurs, tellement de styles différents, sans parler de ses maîtres, de son histoire, ses traditions. »

C’est pourquoi il regrette que le cercle de ses amateurs soit encore si restreint. Même s’il salue les progrès réalisés dans ce sens, il les juge bien timides. « Pour développer un domaine, il faut lui donner des moyens, et surtout investir dans son enseignement. C’est loin d’être le cas. » Par exemple, explique-t-il, le ministère de la Culture, au budget déjà minimal, consacre largement moins de subventions et d’attention à cette musique qu’à la « classique ». Trop se refusent encore à elle. Refusent de s’y intéresser, par manque de curiosité, ou par excès de préjugés. « Avant, j’avais tendance à avoir pitié d’eux. J’avais envie de leur dire : “Tu ne sais pas ce que tu manques !” Mais j’ai appris d’un prof à penser autrement. Elle m’a dit : “Envie-les plutôt d’avoir encore devant eux un chemin magnifique, le bonheur de la découverte”. »

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