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14H42 - mardi 20 octobre 2015

Transition écologique et transition numérique, mêmes enjeux

 
Datadock, centre de traitement de données  « vert » à Strasbourg. Crédit: Plusserver/flickr

Datadock, centre de traitement de données « vert » à Strasbourg. Crédit: Plusserver/flickr

Le numérique peut-il devenir l’allié de la transition énergétique ? On tend à imaginer que la révolution écologique ne peut se faire que par un « retour à la terre », par un désengagement des techniques supposées nous en éloigner. Pourtant, trouver des points de convergence entre transition écologique et transition numérique pourrait ouvrir de nouveaux horizons…

On en est de plus en plus conscient : malgré leur caractère apparemment virtuel, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) sont sources d’importantes émissions de CO2. L’utilisation aussi bien que la conception de ces appareils, mais surtout les centres de traitements de données entrainent des dépenses d’énergie colossale. Internet laisse donc une empreinte environnementale bien réelle, quoique difficile à évaluer précisément : certains l’estiment supérieure à celle du secteur aérien, en réalité, les chiffres varient quelque peu selon si l’étude a été commandée par tel ou tel acteur. Il faut aussi prendre en compte le fait que si internet consomme énormément d’énergie, il permet aussi d’en économiser : les visioconférences évitent par exemple de nombreux déplacements qui auraient été source d’une pollution encore plus importante…

Face à ce problème, de nombreux projets sont développés pour rendre internet plus écolo, pour « décarboniser le web » : au niveau du hardware sont inaugurés de plus en plus de centres de traitement de données verts, fonctionnant en « free-cooling » (utilisation de l’air ambiant ou d’autres ressources du site sur lequel est bâti le centre pour réduire les dépenses d’ énergie en climatisation), comme le « Datadock » à Strasbourg ou le « Marilyn » à Champs-sur-Marne. Au niveau du software, des informaticiens réfléchissent à l’invention de « codes durables ».

 

Changer les comportements

Mais plus fondamentalement se pose la question d’une réformation des usages, d’une éducation écologique au numérique : il s’agit d’intérioriser des gestes simples, dont la portée peut sembler minime mais dont l’impérative nécessité n’est toujours pas pleinement prise en compte. Eteindre son routeur et son ordinateur après chaque utilisation, ne pas en changer chaque année. Réduire au minimum son activité sur les moteurs de recherches, énormes consommateurs d’énergie, par exemple en entrant directement l’adresse URL d’un site quand on la connait ou en n’allant pas vérifier à chaque fois l’orthographe d’un mot sur Google.

Cette « décarbonisation » est d’autant plus essentielle que le numérique pourrait à terme devenir un puissant allié de l’écologie. Pour Benoit Thieulin, qui a récemment remis le rapport « Ambition numérique » à Manuell Valls, le numérique comporte ainsi de nombreuses caractéristiques essentiellement en accord avec la mise en place de stratégies permettant de faire face aux enjeux écologiques : mise en réseau qui permet la participation d’un nombre inimaginable d’acteurs, possibilité d’agir rapidement sans passer par trop d’intermédiaires. La « grande marche mondiale pour le climat » organisée par Avaaz le 29 novembre  en est un bon exemple, enfin et peut-être surtout: traçabilité inédite des données qui rend de plus en plus difficile aux acteurs économiques, politiques comme aux citoyens de ne pas assumer leurs responsabilités. Bien que le secret d’entreprise demeure extrêmement puissant, des tricheries comme celles de Volkswagen auront de plus en plus de mal à rester secrètes alors que chaque fait et geste est enregistré sur internet.  

Dans un monde où l’on est en permanence bombardé d’informations, d’affirmations contradictoires dont l’intérêt est de plus en plus difficile à hiérarchiser, le risque du numérique est celui d’une désensibilisation des masses. D’une réduction de l’engagement écologique comme de toute forme de militantisme à la signature de pétitions en ligne, à la participation ponctuelle à quelques manifestations de grande ampleur. D’une impossibilité de distinguer ce qui relève de la stratégie commerciale faisant passer un produit ou une démarche pour écologique (le « greenwashing »),  de véritables initiatives significatives. L’éducation au numérique doit donc, plus que jamais, ne pas se limiter à son aspect technique, mais être également forte d’un  véritable apprentissage critique. Pour qu’internet devienne un véritable outil de la transition énergétique,  pour que la prise de parole publique de chacun que permet le web se transforme en engagement réellement porteur de sens pour tous.

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