International
10H32 - vendredi 12 juin 2015

« Les affaires politiques et économiques vont pouvoir reprendre entre Américains et Cubains »

 

Entretien avec Luis Alejandro Avila Gomez, responsable du programme Amérique latine à l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. 

 

Luis Alejandro Avila Gomez,    responsable du programme Amérique Latine de l’IPSE.

Luis Alejandro Avila Gomez, responsable du programme Amérique Latine de l’IPSE.

 

Cuba et les Etats-Unis viennent de rétablir leurs relations diplomatiques après des semaines de discussions serrées. Qu’est-ce qui a débloqué la situation ?  

Les Etats-Unis et Cuba viennent de rétablir leurs relations diplomatiques parce que les Américains ont enfin décidé de retirer La Havane de la liste des Etats terroristes. Le retrait de Cuba de la liste étasunienne des pays qui soutiennent le terrorisme international provient d’une initiative introduite au Congrès par le président Barack Obama le 15 avril. A partir de ce moment, les élus avaient 45 jours pour s’opposer à cette entreprise. Dans le scénario très peu envisageable d’une opposition à ce retrait, le président Obama aurait pu invoquer son droit de veto. 

Les discussions entre les deux Chancelleries vont donc pouvoir s’accélérer sur de nombreux points sensibles, notamment la fraude migratoire, les questions relatives à l’aviation civile, ainsi que des échanges en matière de santé (particulièrement des protocoles pour combattre de manière conjointe l’éclosion de nouvelles maladies infectieuses). 

 

Jusqu’ici les deux pays entretenaient des sections d’intérêts, ceci depuis 1977. Que sont ces organes ?

Les sections d’intérêt sont des bureaux qui ont pour mission de représenter et de promouvoir les intérêts de chaque pays et constituent de fait un pont de communication entre les États-Unis et Cuba. Les fonctions des sections d’intérêt sont similaires à celles des autres représentations diplomatiques : des bureaux politiques et économiques et des services consulaires, principalement. 

Quelle place tient la question des droits de l’Homme dans le dénouement du différend diplomatique entre Washington et la Havane ?

Conscients des buts et des principes de la Charte des Nations Unies concernant l’égalité souveraine des États, et selon l’exprimé dans la convention de Vienne relative aux relations diplomatiques, l’effectif rétablissement de relations diplomatiques ne peut avoir lieu que dans un cadre de respect desdites lois. Le droit à l’autodétermination est l’une des conditions fondamentales de ce processus. Les réserves que Cuba puisse avoir concernant le degré du respect des droits de l’Homme de la part des États-Unis et inversement, ne peuvent, dans le cadre des actuelles négociations, être interposées comme un conditionnement pour l’achèvement réussi du processus de rétablissement des relations diplomatiques. 

 

Que peut-on attendre concrètement du rapprochement des Etats-Unis avec Cuba ? Que va changer ce rapprochement ?

La reprise de relations diplomatiques entre ces deux pays constitue un premier pas significatif qui ouvre la porte vers une nouvelle étape, beaucoup plus complexe et longue de normalisation des relations entre les deux pays. Un dialogue plus régulier, fluide et direct est l’un des principaux éléments nécessaires à ce processus, qui sera viable notamment à travers l’établissement des ambassades. 

Deuxièmement, la reprise de relations diplomatiques entre deux pays positionnés aux antipodes l’un de l’autre pendant si longtemps marque, dans le continent américain, un point d’inflexion et ouvre la possibilité d’une relation de respect entre les 35 pays américains.

A partir d’une volonté de rapprochement et dans une conjoncture de reprise de relations diplomatiques, autant Cuba que les États-Unis sont volontiers convenus d’avancer également sur le plan économique. L’autorisation de routes maritimes et d’arrivées de ferrys en provenance des États-Unis constitue un des exemples des initiatives prises. En outre, après plus d’un an sans pouvoir effectuer des opérations bancaires, la section d’intérêts cubains à Washington a pu rétablir ses transactions financières à travers la banque Stonegate. 

Nonobstant, l’embargo et le différend sur le territoire de Guantanamo restent parmi les principales revendications cubaines qui, pour l’instant, ne se négocient pas. 

Ce rapprochement a pour effet d’améliorer l’image des États-Unis dans le continent latino-américain. Cette évidence peut être comprise comme un levier qui leur permettra regagner leur influence sur les affaires américaines. 

 

Propos recueillis par Claire Plisson

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