International
16H17 - mercredi 3 décembre 2014

#FightImpunity : en finir avec l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes

 

 

1080. Ce nombre inquiétant, c’est celui des journalistes et professionnels des médias tués dans le monde dans l’exercice de leurs fonctions depuis 1992. Parmi ces milliers de morts, 713 assassinats, dont seulement 10% ont abouti à une condamnation. C’est pour lutter contre cette impunité que l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Une résolution qui a mobilisé de nombreuses organisations, associations et entreprises de presse pour faire en sorte que la mesure soit suivie d’effets réels sur le terrain.

« Ensemble, défendons les journalistes. Défendons la justice »

C’est par cette invitation que le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a conclu son message à la presse le 2 novembre dernier, en ajoutant : « aucun journaliste, où qu’il soit, ne devrait avoir à risquer sa vie pour informer le public ». C’est il y a un an, lors de sa 68e session que l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/68/163 proclamant le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Une date choisie en hommage aux deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés au Mali le 2 novembre 2013. Par cette résolution historique, l’ONU exhorte les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité et condamne ainsi toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias.

Des outils viraux pour sensibiliser gouvernants et société civile

trucLe même jour que la déclaration de Ban Ki-moon, Reporters sans frontières a lancé une campagne internationale intitulée #FightImpunity, afin de contraindre les autorités locales ou nationales à traduire en justice les responsables de crimes contre les journalistes. Autour de dix cas emblématiques d’impunité, RSF invite ainsi l’internaute à faire pression sur les autorités concernées pour traduire en justice les responsables de crimes contre les journalistes. L’ONG nous suggère même de nous adresser directement par email ou par tweet aux chefs d’Etat pour demander que justice soit faite (voir ci-contre).

 

Le département des Libertés publiques et des Droits Humains d’Al Jazeera, qui s’est associé à plusieurs organisations internationales, a lui profité de l’occasion pour réaliser une vidéo qui rappelle le nombre de victimes collatérales dans la mission chère à Albert Londres, celle de « porter la plume dans la plaie » :

 

C’est sur cette vague qu’a surfé le président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) en tournant une courte vidéo face caméra pour marquer l’événement. Pancarte à la main indiquant #EndImpunity, Jim Boumelha appelle les internautes à s’investir dans cette campagne internationale en relayant le contenu diffusé par la FIJ par exemple, ou en aidant à organiser des conférences et des débats dans un souci de sensibilisation des consciences.

Au-delà du symbole : des mesures matérielles pour assister les professionnels des médias

Outre la condamnation des crimes perpétrés contre les professionnels des médias, la résolution A/RES/68/163 exige des États qu’ils promeuvent un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent « effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue ». Des conditions qu’il est difficile de réunir, à l’heure où pullulent des logiciels espions développés hors de tout cadre légal par des entreprises… et utilisés par de nombreux gouvernements pour surveiller et menacer les professionnels des médias. Le 20 novembre, face à la surveillance numérique ciblée, Amnesty International a donc lancé Detekt, en collaboration avec trois organisations de défense des droits humains. Cet outil simple permettra de détecter des logiciels espions installés par des gouvernements à l’insu des entreprises de presse pour surveiller les activités de ces dernières, recueillir des informations et «soumettre défenseurs des droits humains et journalistes à des arrestations arbitraires, des détentions illégales, voire à la torture». C’est ce qu’a expliqué à l’AFP Mark Marczynski, responsable à Amnesty du programme sur les transferts d’équipements ou de compétences, lors du lancement de Detekt. Un logiciel qui est dès aujourd’hui disponible en téléchargement libre sur ordinateurs et téléphones mobiles, et mis au service de tout utilisateur de Windows.

Enfin, à l’occasion d’une conférence parlementaire sur la liberté des médias qui se tiendra ce jeudi 4 décembre à Paris, une nouvelle plateforme dite de ‘‘réaction rapide’’ en ligne pour les journalistes menacés devrait être lancée. L’idée est de permettre aux partenaires de confiance dans le domaine de la liberté des médias de publier des alertes sur cette plateforme en ligne centralisée et publique lorsque des journalistes sont en danger ou que leur travail est menacé. « Les organisations internationales qui veillent au respect des normes en matière de liberté des médias comme le Conseil de l’Europe, le Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias, l’UE et l’ONU pourraient ainsi réagir promptement », indique le communiqué de l’Assemblée parlementaire.

La fin d’année 2014 aura donc représenté une avancée considérable pour la sensibilisation à la protection des journalistes dans le monde. Reste à savoir si, dans les années à venir et dans les faits, les mécanismes enclenchés à l’occasion du 2 novembre porteront leurs fruits.

Quelques chiffres

Depuis 1992, 1080 journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde en faisant leur travail. Parmi eux, 713 ont été assassinés, 221 ont perdu la vie en couvrant des combats et 143 ont été tués dans des situations de crise ou lors de manifestations dangereuses.

Sur les 713 assassinats de journalistes, 631 sont restés impunis soit 90%.

En 2013, au moins 108 journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde, le conflit Syrien ayant joué un grand rôle dans l’accroissement du nombre de tués depuis 2011.

Source : Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ)

 

Les records de la honte : ces pays où il ne fait pas bon être journaliste 

Le 31 décembre 2013, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a publié son rapport annuel des pays les plus dangereux pour les professionnels des médias. Loin en tête et sans grande surprise figurait la Syrie, avec quinze journalistes tués, devant l’Irak (13), le Pakistan (10), les Philippines (10), l’Inde (10), la Somalie (7) et l’Égypte (6). 29% des journalistes tués l’ont été en Asie-Pacifique et 27% au Moyen-Orient et dans le monde arabe, selon l’organisation, qui représenterait plus de 600 000 journalistes dans 134 pays. Le classement 2014, qui sera vraisemblablement publié en décembre 2014, ne laisse pas entrevoir une quelconque baisse des victimes « collatérales » de l’information.

Plus récemment, en septembre 2014, Reporters sans frontières (RSF) a publié un rapport classant le Mexique à la tête des pays les plus dangereux pour les journalistes en Amérique Latine et réaffirmait que ce dernier figurait en « bonne position » dans cette même catégorie à l’échelle internationale. Plus de 80 d’entre eux ont été assassinés et 17 ont disparu au cours des dix dernières années. Certains médias sont régulièrement la cible d’attaques armées et de menaces, principalement dans le nord du pays. « A l’origine de ces intimidations ? Les cartels de la drogue, soucieux de faire taire les journalistes et blogueurs informant des activités du crime organisé et des violences qui y sont liées » souligne le baromètre de la liberté de la presse 2014. On se souviendra particulièrement de Maria del Rosario Fuentes Rubio, cette journaliste mexicaine dont l’assassinat par des membres d’un cartel qu’elle dénonçait avait été twitté sur son propre compte. C’était en octobre dernier.

Journaliste

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