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23H12 - vendredi 28 novembre 2014

TRIBUNE Pouria Amirshahi : « Francophones de tous les pays, unissons-nous »

 

 

pouria-amirshahi_292462_536x358pAlors que la mondialisation percute des identités, bouleverse les frontières, cultive la concurrence en même temps – et c’est le paradoxe – qu’elle veut standardiser le Monde, d’autres enjeux stratégiques majeurs émergent. Parmi eux, trop souvent ignorée, la géopolitique des langues. Des aires géoculturelles s’organisent de plus en plus autour de langues centrales comme l’espagnol, l’arabe ou encore le portugais (Brésil, Mozambique, Angola, Portugal). On observe de véritables dynamiques d’échanges et de coopération. L’anglais s’appauvrit mais reste langue étalon (cela ne durera d’ailleurs pas et le reflux a commencé). Mais qu’en est-il de la langue française ? 

Le XVème Sommet de la Francophonie désignera le successeur d’Abdou Diouf, qui a beaucoup fait pour le respect de la Charte de Bamako et des principes démocratiques. Mais, pour être utile, il doit surtout poser les jalons d’une nouvelle vision et d’une nouvelle orientation stratégique. Car dans ce domaine, c’est la panne : 74 états membres dont plus de la moitié est étrangère à … la langue française, voilà à soi seul l’argument qui montre la dérive aussi absurde que dangereuse qui a gagné l’OIF. Résultats, pas de grande ambition sur le terrain en matière de coopération éducative, scientifique, culturelle et économique. Des discours, souvent langue de bois, et surtout un manque de moyens et de contribution des pays francophones qui contraint l’Organisation à bricoler trop souvent.

Surtout, le danger de l’effacement progressif guette : car une croissance démographique africaine sans école c’est la chute et non la croissance du nombre de locuteurs… Nous devons donc apporter des propositions concrètes, créer une dynamique commune et favoriser l’émergence d’une conscience francophone.

De grandes possibilités s’offrent à nous, si l’on opère déjà à partir d’un premier cercle d’Etats véritablement francophones (34 au total), sur un principe d’égalité et de réciprocité. J’insiste sur cet aspect car c’est bien le partage du français qui fonde l’union francophone, évidence oubliée des dirigeants…

Le projet francophone, redéfini dans son périmètre, peut aussi se renforcer par sa cohésion : convergence éducative par des enseignements et même des diplômes communs à l’espace francophone ; rayonnement et influence partagés à condition de créer rapidement une revue scientifique francophone de référence internationale ; mélange des génies et des talents grâce à une mobilité facilitée au sein de l’espace francophone, afin que les artistes, chefs d’entreprises, universitaires et d’autres échangent et tissent les liens irréversibles du projet francophone, notamment grâce à un visa francophone (et un Erasmus francophone pour les étudiants).

Sans doute faut-il aussi ne pas céder face à la désinvolture des élites francophones – et françaises trop souvent – qui entretiennent cette idée aussi absurde que fausse selon laquelle la mondialisation serait forcément anglophone anglaise. Elle est en réalité plurilingue et il existe une véritable demande du français. Qu’attendons-nous pour y répondre ?

Il est temps notamment que la France développe l’enseignement des littératures francophones dès le plus jeune âge et non la seule littérature française ; nous devrons aussi mettre au service de la francophonie nos outils propres de rayonnement culturel (Instituts Français, Alliances Françaises), en les mutualisant, en les ouvrant, en les partageant. Mais les québécois aussi, très actifs, doivent et peuvent apporter plus. Quant aux africains, ils ont entre leurs mains une part de notre avenir : aujourd’hui déjà, entre maghrébins et subsahariens, le français est un lien de communication. Il peut devenir demain le ferment d’une communauté de destin.

Voilà, parmi d’autres, des propositions que j’ai faites dans le rapport parlementaire Pour une Ambition Francophone, et que j’ai remis au Président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, le 12 février dernier.

Rares sont les projets aussi universels qui, par la langue et les cultures qu’elle véhicule, permettent de construire autant de ponts. Un projet qui réunit blancs et noirs, latins et maghrébins, européens et nord-américains.

Francophones de tous les pays, unissons-nous pour porter ensemble une ambition commune, cultiver un même sentiment d’appartenance et défendre une communauté d’intérêts. Alors, et uniquement dans ce cas, nous pourrons voir émerger un espace géopolitique qui sera une véritable puissance mondiale, basée sur une nouvelle conscience francophone.

Pouria Amirshahi
Député de la Neuvième circonscription des Français de l’Étranger

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