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12H07 - jeudi 17 avril 2014

Le long chemin vers l’égalité politique entre les femmes et les hommes

 

« Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » : Ainsi s’énonce l’article 17 d’une ordonnance ratifiée le 21 avril 1944 par le général de Gaulle. Moment historique pour la citoyenneté et date clef pour les Françaises, elles obtiennent enfin le droit de vote et celui d’être élues. Pour célébrer ce 70ème anniversaire et inscrire le combat pour le droit des femmes dans une perspective européenne, Anne Hidalgo, Maire de Paris et Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports ont lancé, mercredi 16 avril, la plateforme Pour une Europe des droits des femmes. Ce double événement s’est tenu en présence de ministres européens, des lauréates du Prix Nobel de la Paix Jody Williams, Shirin Ebadi et Leymah Gbowee ainsi que de la Vice-Présidente de la Commission européenne Viviane Reding.

Parité, égalité salariale, représentation dans la vie politique et violences faites aux femmes, l’égalité entre les hommes et les femmes que le droit de vote et d’éligibilité semblait annoncer est encore loin d’être acquise.

La France en retard

Des progrès indéniables ont été réalisés, des combats décisifs remportés, mais le lancement d’une telle plateforme dit aussi le chemin qu’il reste à parcourir. Yvette Roudy, ministre des Droits des femmes sous François Mitterrand, pensait en 1981 « pouvoir, en sept ans, faire en sorte de rattraper le retard des femmes » mais, précise-t-elle aussitôt, « il y en avait encore pour 200, 300 ou 400 ans ! »

Alors que la Finlande et la Suède avaient ouvert la marche en 1906 et en 1913, les femmes françaises ont dû attendre 1945 pour voter pour la première fois aux élections municipales de 1945 et rentrer au Sénat en 1946. Il s’était alors écoulé un siècle depuis l’instauration en 1848, par l’éphémère Deuxième République, du « suffrage universel pour les hommes ». Mais, aujourd’hui, soixante-dix ans après le droit de vote des femmes, non seulement la parité en politique garde un goût d’inachevé, mais le « plafond de verre » est toujours d’actualité tant les femmes sont encore largement minoritaires aux postes de décision.

Dans le monde politique, alors que la France est l’un des premiers pays à inscrire dans la Constitution le principe de la parité entre les femmes et les hommes, il n’est appliqué que quand il est obligatoire, lors d’élections au scrutin de liste (municipales, régionales, européennes et, partiellement, sénatoriales). Les partis politiques préfèrent payer les amendes prévues par la loi plutôt que de s’y conformer. Il en résulte qu’au parlement on ne compte encore que 27 % de députées, et qu’au Sénat elles ne sont que 22 %.

Tour du monde du droit de vote et d’éligibilité et des femmes

La situation mondiale suit la même tendance : une substantielle progression mais un long chemin reste à parcourir. Si en 1911, il n’y avait que deux pays au monde où les femmes avaient le droit de vote, cent ans plus tard ce droit est devenu quasiment universel. En Arabie Saoudite, les femmes pourront voter aux municipales de 2015.

Mais les femmes restent sous-représentées dans le monde politique : moins de 10 % des chefs d’Etat ou de gouvernement sont des femmes. Elles ne représentent que 19 % des parlementaires dans le monde. Alors qu’au Rwanda les femmes représentent 55 % au parlement et 44 % en Afrique du Sud, d’autres pays n’ont que 1 % de représentation féminine au parlement. Michelle Bachelet, encore directrice exécutive d’ONU femmes, annonçait que le XXIe siècle serait le siècle de l’égalité entre les femmes et les hommes : nous en sommes encore loin. Elle est une des trop rares femmes dans le monde qui a été réélue présidente de la République au Chili.

Retards sociaux

Dans la sphère du travail et pour ne prendre que l’exemple français, en l’espace de deux générations, il s’est certes fortement féminisé mais le taux de chômage des femmes reste supérieur à celui des hommes. Non seulement une femme sur trois occupe un emploi à temps partiel, mais l’écart moyen des salaires reste de l’ordre de 25 % au profit des hommes et les fonctions hiérarchiques restent occupées par ces derniers.

La situation française n’est que le reflet de celle qui prévaut au niveau mondial où les écarts de rémunération demeurent l’une des formes les plus répandues d’inégalité entre les hommes et les femmes, y compris dans les pays développés. Aujourd’hui, 4 travailleurs sur 10 dans le monde sont des femmes, mais une femme gagne en moyenne seulement 20% du salaire d’un homme dans des pays aussi divers que la Côte d’Ivoire, la Jordanie, la Lettonie et la République slovaque, et seulement 60% en Allemagne.

Un enjeu européen

Pourtant, si Najat Vallaud-Belkacem, soutenue par plusieurs responsables européennes et lauréates du Prix Nobel de la Paix, appelle les candidats aux postes des institutions européennes à s’engager à faire avancer les droits des femmes, l’enjeu est avant tout dans leur participation à la sphère politique. Fernanda Nissen, féministe et femme politique norvégienne, décédée en 1920, rappelait que « pour que les femmes aient leur mot à dire dans la vie qu’elles mènent, il faut qu’elles fassent de la politique. »

 

 

Stéphane Mader
Rédacteur en chef - Chief Editor

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