République centrafricaine
15H44 - mercredi 29 janvier 2014

Il n’est pas question de conflit religieux en Centrafrique

 

 

centrafrique

Des soldats français discutant avec des rebelles anti-balaka

Depuis le début des hostilités en Centrafrique, on a tendance à présenter ces violences  en un conflit religieux. Or, ce n’est pas si sûr.Instrumentalisés, aveuglés, remplis de haine et de souffrance, les deux communautés, chrétienne et musulmane, se combattent et se regardent en chiens de faïence en Centrafrique.
La République Centrafricaine, d’une superficie de 623 000 Km2 est peuplée de 4,5 millions d’habitants dont 90% de chrétiens et 10% de musulmans. Ces deux communautés ont toujours cohabité en toute amitié et fraternité jusqu’à l’arrivée de la rébellion Seleka qui a pris le pouvoir le 24 mars 2013 renversant ainsi le général François Bozizé.

Près de cinq milles hommes, à majorité musulmans et provenance du Tchad et du Soudan ont commis de nombreuses exactions sur la population civile. Viols, meurtres, pillages, assassinats, enlèvements, destructions d’églises, d’édifices publics, incendies de villages s’en sont suivis emmenant la Centrafrique dans un cycle de violence sans précédent. Leur nombre a été multiplié par cinq pour atteindre près de 25 000 hommes au fur et à mesure. Mas ce n’est pas sur un motif d’appartenance religieuse que leur nombre a été grossi par les anciens braqueurs appelés « zarguina », les désœuvrés, les délinquants, des commerçants et des prisonniers libérés par leur soin. Le pays est tombé dans le chaos avec un million de déplacés. L’Etat est quasi inexistant et la crise humanitaire lourde de conséquences.

Depuis le mois de septembre 2013, excédés par toute cette violence et l’impuissance de la population à se protéger et à se défendre, les villageois se regroupent et forment leur propre milice d’auto-défense appelée Anti-balaka (anti-machette). Au départ, ceux-ci se trouvent principalement dans la région de Bossangoa, ancien fief du président déchu, puis, aujourd’hui, dans la capitale Bangui. Les uns disent être instrumentalisés par François Bozizé et soutenus par des éléments des Forces Armées Centrafricaines (FACA) qui lui sont restés fidèles et là aussi c’est le même scénario, ils ont été rejoints par des désœuvrés, des délinquants.

Commencent alors des affrontements violents entre les rebelles de la Seleka et ces milices anti-balaka. L’amalgame est fait à ce moment précis car les éléments de la Seleka sont assimilés à priori à des musulmans et les Anti-balaka à fortiori assimilés à des chrétiens. Dès lors, les atrocités sont commises par les deux camps et c’est la montée de la violence le 5 décembre 2013. Les chrétiens et les musulmans prennent parti et se déchirent et laissent place à la justice populaire. Bilan, plus de mille morts pour la seule ville de Bangui.

Une crise d’identité plus qu’un conflit religieux

Cependant, il ne s’agit pas d’un conflit religieux entre musulmans et chrétiens en Centrafrique, chaque citoyen pratiquant librement sa religion. Il est plutôt question là d’une crise d’identité, une confrontation entre deux communautés aveuglées par la douleur face à tous les crimes dont elles ont été les victimes. Les causes doivent être identifiées et les réponses trouvées pour permettre une véritable réconciliation nationale.
Deux symboles de la paix en Centrafrique, deux religieux, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga archevêque de Bangui et l’imam Omar Kobine Layama, Président de la Communauté islamique centrafricaine sillonnent l’Europe depuis ce début d’année pour sensibiliser les décideurs à la situation en RCA. Ils œuvrent au rapprochement des communautés en Centrafrique et préfèrent d’ailleurs parler de « guerre aux aspects religieux » que de « guerre confessionnelle ». « Maintenant nous habitons même ensemble », a même confié Mgr Nzapalainga à l’AFP. Depuis la montée des violences du 5 décembre à Bangui, celui-ci héberge son ami l’imam en son archevêché.

Journaliste, chef de la rubrique Centrafrique

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