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11H25 - mardi 21 janvier 2014

Chine : Vers une plus grande ouverture sur le plan des droits de l’homme ?

 

Trois jours après la clôture du 3e plénum du parti communiste chinois qui s’est tenu en novembre dernier, un document officiel intitulé « Décision sur l’approfondissement global des réformes » a été rendu public. Ce ne sont pas l’annonce de réformes économiques qui ont attiré l’attention, mais plutôt des annonces sur le plan des droits de l’homme : réduction du nombre de crimes passibles de la peine de mort, assouplissement de la politique de l’enfant unique, abolition du camp de rééducation, mise en ligne d’une plateforme pour les pétitions, levée des restrictions à l’installation des populations migrantes… Ces avancées – qui restent à confirmer – ont été soulignées tant par les Chinois que par la presse occidentale.

Xi Jinping

Xi Jinping, le président chinois.

Les droits de l’homme vus par les Chinois

Les droits de l’homme demeurent un sujet sensible en Chine car ils relèvent d’un enjeu diplomatique. La Chine est régulièrement critiquée par les pays occidentaux pour l’ignorance ou pour l’insuffisance de la protection des droits de l’homme, surtout par les Etats-Unis, dont la publication annuelle du livre blanc sur la situation des droits de l’homme en Chine entraîne tous les ans une « guerre » diplomatique. Le gouvernement chinois considère les droits de l’homme comme relevant des affaires intérieures et reste donc toujours vigilant vis-à-vis des commentaires occidentaux sur cette question, car ceux-ci transgressent la pratique diplomatique de « non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures ». En outre, les relations entre la souveraineté et les droits de l’homme s’avèrent être un autre grand sujet de débat entre la Chine et les pays occidents. Pour la Chine, la souveraineté est toujours d’une importance primordiale alors que les droits de l’homme ne sont qu’une valeur imposée par l’occident. En effet, la théorie selon laquelle « les droits de l’homme sont supérieurs à tous les attributs de la souveraineté de l’État » est vue de Chine comme un prétexte à l’hégémonie américaine.

Les droits de l’homme sont en effet un concept occidental qui n’apparaît pas dans l’histoire chinoise. Avec un régime féodal de plus de 2 000 ans, les Chinois accordent l’importance la plus haute à la souveraineté qui constitue une valeur fondamentale dans le féodalisme. Ce mode de pensée conserve une grande influence en Chine même de nos jours. Dans la philosophie traditionnelle chinoise, la conscience de l’individu est peu développée par rapport au respect de la nature ou de la collectivité. Cette philosophie est interprétée dans un sens où la stabilité sociale est plus importante que la liberté individuelle, et que les deux sont a priori incompatibles.

Au début du 20e siècle, avec la grande révolution qui a mis fin à la dynastie des Qing, les Chinois ont connu une émancipation inédite sur les droits de l’homme. Un demi-siècle plus tard, l’arrivée au pouvoir du Parti communiste a fait triompher les valeurs du collectivisme, selon lesquelles l’individualisme est une pensée méprisable. Les droits de l’homme ne sont plus évoqués et tout a été consacré à la construction d’un « pays socialiste moderne ».

Pourquoi ces réformes ?

Ces dernières années, de plus en plus de Chinois sont sensibilisés aux droits de l’homme et le gouvernement y montre également une attitude plus flexible qu’auparavant.

Depuis les années 1980, les Chinois ont vu leur niveau de vie s’élever de plus en plus et ils ne se contentent désormais plus seulement de « manger à leur faim ». Ils cherchent à s’engager dans la sphère politique afin de promouvoir la justice sociale qui est absente depuis longtemps dans certains domaines, et la lutte pour les droits de l’homme en est une partie intégrante. Les Chinois commencent à se rendre compte des effets pervers de beaucoup de pratiques administratives qui ne respectent pas les droits de l’homme telles que les camps de rééducation, le manque de la protection sociale pour les travailleurs migrants, la censure de la presse, etc. En réponse à la forte revendication des droits de l’homme par le peuple, le gouvernement a fait des concessions et les annonces faites lors du dernier Congrès en sont un exemple.

Après la mise en application de la politique « réformes et ouverture », on constate une diminution progressive du rôle de l’État interventionniste au profit du secteur privé. Dans la « décision », la libéralisation financière et la valorisation du marché sont encore une fois évoquées. Avec une telle tendance dans le domaine économique, la libéralisation dans la sphère socio-politique s’impose pour un fonctionnement sain de la société.

La Chine n’est pas réputée pour être exemplaire sur le plan des droits de l’homme. La révolution culturelle, les événements de Tiananmen, l’emprisonnement du lauréat du prix Nobel Liu Xiaobo sont des « tâches » qui gênent beaucoup le gouvernement. Afin de se construire une image cohérente avec son classement économique, la Chine ne tarde pas pas à mettre à l’ordre du jour des politiques favorables aux droits de l’homme qui serviront la communication institutionnelle.

Où vont les droits de l’homme en Chine ?

Force est de constater que les réformes sur les droits de l’homme ne sont pas forcément celles d’un « approfondissement global », car la levée des restrictions à l’installation dans les villes se limite aux petites villes et aux villes de tailles moyennes, c’est-à-dire que le droit à l’installation dans les grandes villes telles que Pékin ou Shanghai est toujours réservé aux habitants locaux. Par ailleurs, l’assouplissement du planning familial n’est applicable qu’aux familles où les parents sont tous les deux enfants uniques. Beaucoup d’autres aspects sociaux qui nécessitent également des réformes, telles que la liberté d’expression ne sont pas évoqués dans cette « décision ».

« Les problèmes sont tellement sérieux que nous sommes obligés de lancer les réformes. » dit le Président Xi Jinping. Néanmoins, il n’est pas facile pour la Chine de bien appliquer toutes ces réformes libérales car l’ordre social est, selon le gouvernement central, toujours une priorité. Ainsi, la promotion des droits de l’homme devrait être prudente et cela ne garantit pas une mise en application complète de toutes les promesses de la « décision ».

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