International
13H24 - mercredi 4 septembre 2013

Le dilemme syrien (édito)

 

L’intervention militaire en Syrie n’a jamais été aussi proche. Depuis le 21 août et l’utilisation de gaz chimiques émanant probablement du régime de Bachar Al-Assad, les Etats-Unis et la France cherchent non sans difficulté des alliés pour former une coalition et bombarder Damas. En France, le débat se concentre sur l’idée qu’il faudrait un vote du Parlement pour autoriser une opération militaire. Mais au-delà, si frappes il-y-a, il faudrait clairement en définir l’objectif. 

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Doit-on y aller ou pas ? Doit-on attendre que les experts de l’ONU rendent leurs conclusions définitives dans trois semaines et s’assurer par une instance indépendante que le régime de Damas est bien derrière cette attaque ou faut-il frapper le dictateur syrien rapidement pour éviter qu’il ne recommence ? Ces questions agitent les occidentaux depuis le début de la révolte syrienne en mars 2011. Le conflit qui aujourd’hui a fait 100 000 morts a atteint le 21 août dernier son pic avec l’utilisation de gaz chimiques  – probablement –  commanditée par Bachar Al-Assad.

Cependant, l’idée de s’engager dans un nouveau conflit au Moyen-Orient est loin de faire l’unanimité, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Il faut dire que le précédent irakien a crée un véritable traumatisme. Personne n’a oublié les mensonges de l’administration Bush et de son acolyte Tony Blair, sur la supposée détention d’armes de destruction massives par Saddam Hussein. C’est ce qui a poussé les britanniques à soumettre au vote de la Chambre des communes leur participation à une action militaire et incité Barack Obama à demander l’aval du Congrès qui se réunira lundi prochain.

En France, la Constitution donne le pouvoir au Président de la République d’engager le pays dans une action militaire sans qu’il n’ait à requérir l’avis du Parlement, au grand dam de l’opposition et de 74% des français qui selon un sondage diffusé ce matin, souhaiteraient un vote. Même si le sujet n’est pas « tabou » pour l’exécutif, il serait honoré d’y recourir tant la situation est exceptionnelle. Sans aval des Nations Unies, en raison du veto des Russes et des Chinois, qui avec les Iraniens forment le trio d’alliés irréductibles de Damas, cette opération n’a pas la légitimité internationale. En outre, le refus de la Chambre des Communes britanniques et l’incertitude du vote de lundi au Congrès américain devrait inciter la France à faire de même pour renforcer sa légitimité.

En même temps, des décisions aussi graves doivent-elles être subordonnées à un vote parlementaire où les enjeux de politique intérieure risquent de prendre le pas sur de seules considérations fondamentales ?

En début d’année, si le Parlement français s’était prononcé sur l’intervention au Mali, la représentation nationale aurait vraisemblablement autorisé le président de la République à engager les armées françaises. Présentement, il est certain que le doute domine dans les esprits ainsi la crainte légitime de mettre le doigt dans un engrenage infernal.

Mais au-delà, la plus grande interrogation porte sur la nature de la réponse à apporter à l’attaque chimique du 21 août. François Hollande, dans son interview au Monde le week-end dernier affirmait qu’il fallait « punir » le régime syrien, John Kerry, évoquait lui une « action ciblée » sans troupes au sol, qui ne serait pas « infinie ». Depuis cette nuit, on en sait un peu plus. Le Sénat américain a élaboré une nouvelle résolution qui prévoit que toute intervention en Syrie se limitera à 60 jours, avec la possibilité d’une extension à 90 jours, interdisant au président de déployer des soldats américains dans le « but d’opérations de combat ». Les Etats-Unis souhaitent évidemment bien faire comprendre qu’il ne s’agit pas là de s’engager dans un nouveau bourbier.

Comme l’ont affirmé à plusieurs reprises les Américains et les Français, l’opération aura pour but de dissuader Bachar Al-Assad de recourir à nouveau aux armes chimiques, sans pour autant s’assurer qu’il renonce au pouvoir. Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch s’interroge, à vouloir sanctionner Bachar Al-Assad pour l’usage d’armes chimiques, quels moyens se donne-t-on pour protéger « tous les civils syriens, quel que soit le type d’attaques qu’ils subissent ? »

Pour l’heure, les objectifs de cette opération demeurent bien flous : Il existe toutefois encore un espoir pour une solution politique et il est fort à parier que le G20 de Saint-Pétersbourg des 5 et 6 septembre donnera lieu à d’âpres discussions, même si à ce stade aucune rencontre n’est prévue entre Vladimir Poutine et Barack Obama.

Rédacteur en chef

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