International
07H10 - lundi 24 juin 2013

L’expertise de « l’incertitude scientifique » : comment gère-t-on une menace potentielle pour la santé ?

 

Médiator®, pilules de 3ème et 4ème génération, bisphénol A, particules émises par les moteurs diesel : autant d’alertes sanitaires dont on a parlé ces derniers mois, et pour lesquelles des experts ont été, ou seront, consultés. Longtemps incontestés, ces experts font maintenant face à une méfiance grandissante de la part de nos concitoyens. Mais au juste, qu’est-ce que l’expertise scientifique ?

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A mesure que la science avance, et que les progrès techniques se multiplient, de nouvelles menaces pour notre santé sont mises à jour. Des experts scientifiques sont amenés à se prononcer sur ces risques. Réunis au sein d’agences, leurs avis pèsent sur les décisions des politiques en matière de santé. L’une de ces agences, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), organisait le 18 juin dernier un colloque consacré à la gestion de ces signaux d’alertes dits « faibles », c’est-à-dire incertains, qui surgissent régulièrement dans l’actualité.

 

L’avis des experts

Pour être crédible aux yeux des citoyens et des politiques, l’expert doit se plier à des règles de déontologie strictes : transparence et indépendance sont essentielles. Pas de conflits d’intérêts évidemment : on voit mal le salarié d’une entreprise commercialisant des pesticides rendre un avis impartial sur les risques liés aux produits phytosanitaires… Dans l’idéal, l’expertise doit être collective car réunir un pool d’experts, si possible ayant une vision internationale de la question posée est, a priori, un gage d’efficacité.

Malgré tout, il faut garder en tête qu’une expertise reste une opinion. « Une expertise n’est pas une expérience scientifique. Elle n’est pas reproductible. Si on pose la même question à deux groupes d’experts, on n’aura pas forcément la même conclusion » rappelle Jean-Claude Desenclos, médecin et directeur scientifique adjoint à la directrice générale de l’Institut national de veille sanitaire (INVS). Le cas de l’aspartame est représentatif : en l’absence de consensus sur les risques de cet édulcorant, il est difficile d’agir bien qu’il existe une alerte récurrente.

 

Que faire des signaux dits « faibles » ?

La gestion du risque sanitaire est basée sur un système de détection des alertes, qui sont ensuite hiérarchisées. On se méfie plus volontiers d’un signal dit « fort » que d’un signal dit « faible ». Pourtant, pour Gérard Bapt, médecin de formation, député et rapporteur de la proposition de loi sur le Bisphénol A, tout cela reste un peu trop théorique : « dans le cas du Médiator®, des signalements sont apparus dès 1999. Les signaux étaient « faibles » jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment nombreux pour être explorés ».

Le signal faible n’est-il pas un signal que l’on ne veut pas voir ? Comment expliquer par exemple qu’on ne dispose d’aucune donnée d’exposition des populations en France aux pesticides ?  « Nous n’avons pas de politique sanitaire adaptée, et sans cela, des signaux d’alerte vont rester orphelins » déplore William Dab, médecin épidémiologiste et ancien directeur général de la santé (2003-2005).

 

Un traitement démocratique des alertes

Puisque certains sujets sont difficiles à expertiser, et que le monde politique est « paralysé par le risque », des voix plaident pour une plus grande implication de la société civile dans la gestion des alertes. C’est ce que font les lanceurs d’alerte : des associations, ou de simples citoyens, qui dénoncent un risque potentiel, parfois contre vents et marées. La plus célèbre d’entre eux est Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest et auteure du livre « Mediator 150 mg. Combien de morts? ». Ce statut est désormais reconnu par une loi, votée au Sénat en avril 2013. Le terme s’est d’ailleurs popularisé et ne s’applique plus seulement aux risques sanitaires.

Pour aller plus loin encore, William Dab plaide pour la création de lieux de débats en-dehors de la sphère politique. « Plus les signaux sont faibles et incertains, plus les conséquences éventuelles doivent être débattues » ajoute-t-il. Allier l’expertise scientifique au débat démocratique et participatif, cela semble être la clé pour restaurer la confiance des citoyens et mieux gérer ces situations complexes et incertaines.

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