International
12H46 - jeudi 11 avril 2013

La Chine poursuit son ouverture vers les pays émergents

 

La première visite à l’étranger du nouveau dirigeant d’un pays revêt toujours une signification particulière. Xi Jinping, le nouveau Président de la Chine depuis le 14 mars dernier, a réservé ses premières visites à la Russie, puis à la Tanzanie, l’Afrique du Sud et à la République du Congo. Il s’est également rendu notamment à Durban au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud). Xi Jinping a entamé le 22 mars sa visite en Russie, dont les résultats ont été « au-delà de toutes les attentes » selon ses propres mots.

Le Président chinois Xi Jinping en visite en Tanzanie, avec son homologue Jakaya Kilwete @Keystone

Le choix des destinations du Président chinois est hautement significatif, révélant dans le même temps ses préoccupations politiques, économiques et géostratégiques.

Depuis la guerre froide, les relations sino-russes connaissent une stabilité certaine, du fait d’une interdépendance économique, d’intérêts politiques convergents et d’une histoire commune dont il ne faudrait pas négliger l’importance. Mais nous sommes ici loin du temps de la guerre froide, où les rapports sino-russes étaient teintés de l’idéologie commune et placés sous l’ombre du « grand frère », l’URSS. Le contexte international actuel et le développement économique que connaissent ces deux pays ont permis l’instauration d’un nouveau modèle de coopération, placé sous la bannière de l’intérêt commun.

Le Président chinois Xi Jinping avec son homologue russe, Vladimir Poutine

Acteurs politiques internationaux de premier plan, voisins à la table du Conseil de Sécurité de l’ONU, la Chine et la Russie font prévaloir ensemble leur droit de veto contre toutes les manifestations de « l’hégémonie américaine et occidentale ». Le cas syrien n’en est qu’un des exemples les plus récents. Le « front diplomatique » sino-russe joue également un rôle important dans la géopolitique en Extrême-Orient, intervenant sur les problèmes liés aux contestations territoriales ou sur les enjeux de sécurité internationale, tel la question nucléaire en Corée du Nord actuellement.

Au-delà de cette connivence diplomatique, la Russie est un partenaire économique majeur de la Chine. Fournisseur d’énergie, de matières primaires et d’armes, le pays constitue également un marché de premier ordre, pour l’exportation des produits chinois mais également de ses travailleurs, qui partent se faire embaucher en Sibérie principalement.

De gauche à droite, les représentants des puissances émergentes composant les Brics : Manmohan Singh (Inde), Xi Jinping (Chine), Jacob Zuma (Afrique du sud), Dilma Roussef (Brésil), et Vladimir Poutine (Russie)

La Chine accroît par ailleurs sa présence, notamment économique, dans d’autres pays en développement, dont les BRICS, mais également dans de nombreux pays d’Afrique. Si les BRICS ont fondé leurs relations sur le plan économique dans la perspective d’une coopération « sud-sud», dont les conclusions du Sommet de Durban en sont une manifestation éclatante, le rapport économique sino-africain semble s’instaurer progressivement sous forme de « patronage ». A une aide financière chinoise, prenant la forme d’un accroissement des investissements et la construction d’infrastructures importantes, répond l’exportation à bas prix par les pays africains de leurs matières premières.

Chinafrique ? Pas si simple

Alors que la présence en Afrique des anciennes puissances coloniales semble aujourd’hui de plus en plus contestée, la présence chinoise ne fait que s’y accroître. En dix ans, la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial, le premier investisseur dans le domaine des infrastructures et le troisième fournisseur d’armes de l’Afrique. Le nombre de chantiers chinois se démultiplie depuis les années 1990.

Mais ce développement ne se fait pas sans heurts. Derrière les profits important se cachent l’exploitation, la corruption, la grève et les émeutes. Ces scandales font aujourd’hui de « l’investissement en Afrique » un sujet sensible au sein de l’opinion chinoise.

Malgré des salaires élevés, parfois trois fois plus importants que ceux qui prévalent en Chine, de nombreux ouvriers chinois refusent de tenter « l’aventure africaine », du fait d’un imaginaire marqué par un environnement naturel hostile, des maladies, l’insécurité… Le traitement des ouvriers dans certaines entreprises chinoises installées en Afrique vient également entacher l’image d’un « nouvel eldorado », comme l’ont mis en lumière les émeutes des ouvriers chinois en Algérie en 2005 ou la grève des mineurs africains en Zambie en 2008.

Enfin, la peur suscitée par l’instabilité politique, réelle ou projetée, que connaissent certains pays d’Afrique, demeure un frein pour l’engagement sur le continent de nouveaux investisseurs chinois potentiels.

Lou Xinfang 

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