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11H11 - mercredi 3 avril 2013

Weibo : le « twitter » chinois

 

La diffusion de l’information a rendu la censure impuissante. C’est le constat que nous pouvons faire actuellement en Chine. Malgré le blocage de « twitter», il existe « weibo », une plateforme d’expression efficace pour les internautes chinois, leur permettant d’avoir accès à des nouvelles jusqu’ici passées sous silence. À côté de la télévision et la presse écrite, weibo est donc devenu un moyen de diffusion de l’information incontournable. Parcourir weibo le matin est presque devenu un « sport national » en Chine.


Avant que weibo ne devienne populaire, les Chinois s’informaient principalement à travers la presse écrite et la télévision. À cette époque, presque toutes les informations diffusées par ces médias étaient identiques. Mise à part la rubrique du « chien écrasé », ces derniers consacraient une importance considérable à la promotion des politiques du Parti communiste. N’ayant pas d’autres sources d’informations, les Chinois faisaient davantage confiance aux médias de l’époque qu’aujourd’hui.

Le gouvernement chinois face à la montée des réseaux sociaux

Un tournant s’est alors opéré avec l’apparition des réseaux sociaux, bouleversant la sérénité de l’opinion publique chinoise. Avant que le gouvernement ne prenne conscience du « danger » de Facebook et de twitter, les internautes chinois ont réussi à avoir accès, grâce à ces outils internet, à des informations antérieurement cachées, telles que l’événement de Tiananmen ou d’autres scandales politiques. L’intrusion de ce flux d’informations au sein d’une opinion publique relativement fermée, a entraîné la méfiance, voire même de la déception des médias et du gouvernement. Ces événements ont donc provoqué un véritable tumulte au sein de la société chinoise. Le gouvernement n’a pas tardé à réagir en bloquant les réseaux sociaux basés à l’étranger. Toutefois, la censure n’a pas pu empêcher la vague révolutionnaire du 2.0 et la revendication du peuple d’utiliser ces nouveaux moyens de communication. Le gouvernement a donc dû s’adapter : Malgré un contrôle accru des publications, les chinois ont eu accès à une plateforme inédite, une sorte de «twitter chinois » : weibo.

Weibo : un contre-pouvoir efficace ?

Une nouvelle ère s’ouvre donc pour la société chinoise : Une ère marquée par le besoin d’informations, notamment grâce à l’éveil de l’opinion publique et par la participation de masse, malgré la désorientation des internautes et la vigilance du gouvernement. Aujourd’hui, weibo semble donc être la seule plateforme participative et interactive permettant au chinois de s’informer et de s’exprimer. Il apparaît alors comme le seul moyen pour trouver des actualités inédites autrefois non relayées par les médias traditionnels. Dès lors, la liberté d’information et la censure se font face. Le contrôle du gouvernement semble impuissant face à ce courant de diffusion qui se propage très rapidement. Sur weibo, malgré la vigilance des élites dirigeantes, il arrive qu’un « tweet » soit repris des milliers de fois avant d’être censuré.

Crise de l’information : quel média doit-on croire ?

Le manque de transparence de la presse et de la télévision a fait de weibo le seul moyen d’accéder aux informations volontairement occultées. Paradoxalement, weibo apparaît être un foyer de rumeurs car la population ne sait plus qui croire. Parmi les scandales les plus choquants révélés sur weibo, combien d’entre eux sont le reflet de la réalité ? Les internautes restent dans le doute. Ils observent, commentent et transmettent, mais sont aussi à l’écoute des « leaders de rumeur » qui peuvent être rapidement assimilés à des « leaders d’opinion », faute de pouvoir faire la distinction entre les deux. Résultat : les chinois se méfient du gouvernement, même si celui-ci peut parfois être porteur de vérité.

Aujourd’hui, force est de constater que les Chinois font face à une crise de l’information. Malgré les changements apportés par weibo, les médias traditionnels restent indifférents et inchangés, ce qui a, de plus en plus pour conséquence, l’éloignement de la population. Quant à certains médias étrangers, même si ceux-ci apportent une mise en perspective différente de l’actualité chinoise et sont le symbole de la liberté d’expression, il est difficile d’attirer les lecteurs chinois dans un pays monolingue, où la pluparts des habitants ne parlent ni l’anglais ni l’espagnol. C’est sans doute la raison pour laquelle le gouvernement n’est pas aussi méfiant à l’égard de ces journaux.

Malgré le blocage des réseaux sociaux tels que twitter, les internautes trouveront toujours des alternatives pour franchir le mur du silence. Pourtant, aujourd’hui, de plus en plus d’utilisateurs trouvent cela insuffisant, car malgré la diffusion effectuée par weibo, ils apparaissent impuissants. L’indignation semble être leur unique arme. Par le biais de weibo, la population chinoise s’est donc habituée à la diffusion de nouveaux scandales et peuvent même imaginer les pires. Pourtant, les marches du pouvoir ne sont pas à leur portée et ils ne disposent que de peu de moyens pour changer la réalité. La pire des situations n’est peut-être pas être le manque d’accès à l’information mais plutôt l’indifférence face aux scandales révélés, provoquant un sentiment de déception plus que de rébellion.

Lyne Yuanxing



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