Tunisie
03H53 - vendredi 8 février 2013

48 heures après l’assassinat de Chokri Belaïd, les Tunisiens sous « état » de choc

 

 

DR Rachef Cherif

 

Un deuil et une mobilisation crescendo

 

Ce jeudi 7 février, la Tunisie s’est réveillée dans une ambiance triste et morose après l’assassinat de Chokri Belaïd. Quelques commerces et administrations comme les écoles étaient fermées en guise de deuil. Les tensions sont restées vives sur l’avenue Bourguiba, artère centrale de Tunis tout au long de la journée où des manifestants se sont réunis dans un premier temps devant le théâtre municipal de la ville pour manifester leur colère. Certains manifestants ont provoqué les forces de l’ordre en jetant des pierres. Des bombes de gaz lacrymogène ont été jetées par la police pour disperser la foule. L’ambiance sur l’avenue était tendue et une jeune fille blessée au niveau du coup a été aperçue entourée de policiers. Tous les commerces et les cafés sur l’avenue étaient fermés, la circulation automobile suspendue et  une forme de chaos pouvait caractériser l’atmosphère de cette avenue, sur fond de sirènes de nombreuses voitures de police présents. Ces affrontements sont devenus « fréquents » et le centre-ville était presque vide à la fin de la journée. En revanche, contraste étrange, la vie et la circulation automobile continuait autour de l’artère principale de la capitale.

Des manifestations pour protester contre l’assassinat de Chorkri Belaid et le parti Ennahda se sont déroulées dans tout le pays et des violents affrontements ont eu lieu dans les villes de Sfax et de Gafsa mais pas seulement.

 

Une crise politique sans précédent


La crise politique s’accélère après l’annonce mercredi soir par le Premier Ministre Hamadi Jebali, de la formation d’un gouvernement de compétences, désavoué par le parti Ennahda et son leader Rached Ghannouchi, le jeudi matin même, qui, eux, souhaitent continuer à gouverner au sein de la coalition actuelle.

conférence de presse de Adnen Mansar, porte-parole du président de la République - DR Rachred Cherif

L’imbroglio juridique s’installe et ce soir le porte-parole de la Présidence de la République a déclaré, lors d’une conférence de presse à Carthage, que le Président Moncef Marzouki n’avait reçu aucune démission du gouvernement et qu’il recevait le Premier Ministre pour envisager une solution. Par ailleurs, le porte-parole a invité les Tunisiens à organiser, lors de la journée du vendredi 8 février, des marches pacifiques en la mémoire du « martyr » Chorkri Belaid à l’occasion des funérailles nationales.

 

Vendredi 8 février, deuil national et grève générale


Le deuil national sera marqué par une grève générale et nationale appelée par l’opposition et décidée par l’Union Générale des Tunisienne du Travail (UGTT).

Les autorités françaises en Tunisie, dont la protection policière a été renforcée, ont annoncé la fermeture des écoles françaises pour la journée du vendredi et du samedi 9 février.

Chokri Belaïd sera inhumé vendredi après-midi au grand cimetière du Jellaz à Tunis et de nombreux Tunisiens suivront son cortège. Cet homme de l’opposition a été tué mais c’est tout un pays qui est meurtri, touché et révolté contre la violence et cette crise politique qui apparaît sans issue. Même si  la confusion et l’incompréhension règnent, toute la société civile tunisienne est mobilisée pour s’opposer et espérer un sursaut républicain pour la démocratie en Tunisie.
Sarah Anouar

correspondante à Tunis