International
08H03 - vendredi 20 avril 2012

Présidentielle 2012 : et les droits de l’homme en France dans tout ça ?

 

Violences sur les femmes, droit d’asile, dignité dans les prisons, libre circulation des Roms, garde à vue, contrôle d’identité… Des sujets pourtant cruciaux qui n’ont fait l’objet d’aucune discussions pendant la campagne présidentielle. Trois ONG, Amnesty International, ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), Human Rights Watch, ont soumis à chacun des dix candidats à l’élection des questionnaires sur les mesures envisagées pour plus de respect des droits de l’homme, en France et à l’étranger.

A la veille de l’élection, OI – Opinion International dresse un état des lieux de ce que pourraient devenir les droits humains après la campagne. Où se trouvent les bons et les mauvais élèves ? Quelles sont les pommes de discorde des candidats ? Où sont leurs points d’entente ?

Réaction des candidats à l’appel des ONG

Tous les candidats ont-ils répondu aux associations de défense des droits de l’homme que sont Amnesty International, l’ACAT et Human Rights Watch ? Le silence gardé par Marine Le Pen pour chacun de ces questionnaires en dit long sur ses ambitions concernant l’avancée des droits humains en France et dans le monde. Le candidat et président sortant quant à lui, n’a répondu à l’appel que d’une seule association, Human Rights Watch. « L’absence de réponse de Madame Le Pen et de Monsieur Sarkozy est alarmante sur l’intérêt qu’ils portent à la défense de la dignité humaine en France », déclare Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France. « Les candidats à une élection présidentielle doivent défendre les droits humains et traduire leur volonté par un engagement écrit ».

Droit d’asile

Sur le droit d’asile, Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Front de Gauche, le Modem ainsi que le Parti Socialiste (PS) s’entendent sur l’amélioration des conditions d’accueil des demandeurs d’asile et de la procédure d’asile.  Les candidats se prononcent – avec plus ou moins de ferveur – en faveur d’un traitement accéléré des demandes. François Hollande propose notamment de limiter à 6 mois la procédure.

Tous se prononcent également pour éviter le  renvoi de demandeurs d’asile vers leur pays d’origine, où ils risqueraient des persécutions, en proposant un  recours suspensif devant le juge de l’asile.

Eva Joly propose la création d’un « droit au travail » pour les demandeurs d’asile, et s’oppose aux objectifs chiffrés de reconduites à la frontière.  Jean-Luc Mélenchon souhaite « réformer radicalement » l’agence européenne Frontex et propose, comme  François Hollande, de supprimer la liste des pays d’origine sûrs fixée par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Les contrôles d’identité et la dignité en prison

Alors que Nicolas Sarkozy n’a pas souhaité répondre à la question relative à la justification par attestation de chaque contrôle d’identité, François Hollande affirme qu’il « veillera à ce que la France soit exemplaire dans le domaine du respect des libertés individuelles dans les termes voulus par la Constitution et la Charte Européenne des Droits de l’Homme », sans toutefois se prononcer sur ce type d’attestation.
Philippe Poutou estime quant à lui que ces contrôles sont « un véritable harcèlement pour les jeunes, notamment les enfants d’immigrés » et souhaite mettre fin au « harcèlement policier, aux contrôles au faciès et politiques ultra-sécuritaires ».
Pour François Bayrou, la solution réside dans la restauration « d’une confiance réciproque »  grâce à la « réimplantation d’une police enracinée dans les quartiers » et à la mise en place d’un « représentant de l’Etat » coordonnant « toutes les actions de l’Etat dans les quartiers ».

Sur la situation dans les prisons, les candidats du Front de gauche, d’EELV, du PS s’accordent pour la suppression des fouilles corporelles intégrales en détention et l’usage du Taser. Le Modem quant à lui est favorable à un usage proportionné de cette arme. Eva Joly s’est engagée pour un numerus clausus en prison associé à un moratoire sur la construction de nouvelles places. Jean-Luc Mélenchon entend stopper la construction de nouvelles prisons et démanteler les centres de rétention. François Hollande souhaite revenir à un délai de rétention des étrangers de 32 jours et  s’oppose, comme les candidats Joly et Bayrou, à l’enfermement des enfants étrangers.

La violence sur les femmes

Tous les candidats, excepté Marine Le Pen qui n’a pas répondu aux interrogations des organisations, se sont engagés pour renforcer la prise en charge des femmes victimes de violences. Jaques Cheminade souhaite « instaurer une loi-cadre contre les violences sexistes… Violences dans la famille, le couple, au travail et dans les lieux publics ». François Bayrou veut mettre en place « des appartements refuges afin d’accueillir les femmes victimes de violences ». François Hollande va plus loin et voudrait dédier une instance pour l’accompagnement des victimes et garantir son financement stable.

La situation des Roms en France

Nicolas Sarkozy estime que la liberté des Roms est la même que celle des « personnes nomades » de France et qu’ils ont donc « les mêmes obligations à remplir ».  Pour François Hollande en revanche, « nous devons concilier des principes et éviter de mettre sur les routes des populations ultra-précaires et proposer des solutions alternatives ».
Eva Joly défend, elle, une série de mesures comprenant « une stratégie nationale pour l’intégration des Roms d’ici 2020 suivie de près par la Commission et le Parlement européens », la « levée des mesures transitoires dans l’accès à l’emploi pour les citoyens roumains et bulgares », la régularisation de ceux « installés depuis longtemps » et « un accès réel au droit commun » (logement, santé,  formation, lutte contre les discriminations).

La situation des droits de l’homme à l’international

À propos de la Syrie, et la volonté ou non de maintenir une forte pression sur la Russie et la Chine afin que ces pays soutiennent une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies dénonçant les violations des droits humains commises par les autorités syriennes, Nathalie Arthaud ne soutiendra « aucune intervention militaire » et ne fait « absolument pas confiance aux déclarations du gouvernement français, et des gouvernements occidentaux en général ». Elle rappelle « qu’il n’y a pas si longtemps Bachar el Assad, comme Kadhafi, Moubarak ou Ben Ali étaient tout à fait fréquentables pour les dirigeants français ».

Sur le respect des droits humains dans les Républiques du Caucase du Nord, dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques de Sotchi, François  Hollande n’a pas souhaité répondre directement. Il a néanmoins affirmé que la France  «demandera la libération ou la fin des poursuites contre des personnes inquiétées en raison de leur opinion » où qu’elles soient dans le monde. Il affirme aussi qu’il « soutiendra les organisations de la société civile qui militent en faveur du respect des droits fondamentaux ».

Nicolas Sarkozy a pour sa part affirmé que le dialogue engagé jusqu’ici avec la Russie n’a « jamais empêché de réaffirmer avec force l’importance que nous accordons au respect des droits de l’homme, en particulier dans les régions du Caucase ». Et de préciser : « Dès lors que des violations des droits de l’homme sont précisément identifiées, le Président de la République n’a jamais hésité à intervenir ou à mobiliser ».
Nicolas Dupont-Aignan refuse lui « l’ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays » tout en affirmant sa volonté de véhiculer « un message de respect et de défense des droits de l’homme ».

Comme le souligne Geneviève Garrigos, « une volonté politique forte est indispensable pour faire progresser des questions aussi importantes que  le droit d’asile, la protection des femmes contre les violences, le contrôle du commerce des armes, y compris en France ». Après le grand rendez-vous électoral, les Français auront choisi celui ou celle qui représentera cette volonté politique au service des droits de l’homme. Trop peu mises en lumière, les grandes thématiques que recouvre le sujet laissent pourtant apparaître de nombreuses divergences entre les candidats.  Quel respect des Droits Humains voulons-nous ? Réponse le 6 mai.

Agathe Clerc

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