Human Rights
13H37 - jeudi 19 janvier 2012

Chronique des droits de l’Homme
du 19 janvier 2012

 

édito

 

 

Les libertés menacées en Europe ?

Depuis le 1er janvier, la Hongrie assure la présidence de l'UE, alors qu'au même moment, une loi inquiétante sur les médias est entrée en vigueur dans ce pays. Image d'Eric Drooker.

La liberté de la presse est en berne. Les craintes d’une propagation des revendications démocratiques se matérialise dans différents Etats, qui n’hésitent pas à bafouer les droits fondamentaux pour tenter d’étouffer le vent contestataire. Ils pourraient, bien au contraire, contribuer ainsi à le raviver.

Depuis le 6 janvier, la Biélorussie inflige aux internautes qui consultent des sites étrangers, des amendes pouvant s’élever à 100 euros. Le gouvernement d’Alexandre Loukachenko a également interdit la chaîne Euronews, seule source indépendante d’information internationale. Le président l’avait comparée à « une arme aux mains de bandits » lors de la couverture qu’avait fait la chaîne des évènements du Printemps-arabe.

Les atteintes à l’information ne se limitent pas aux dictatures. Les réformes de la Hongrie portent un coup aux valeurs fondamentales de l’Union européenne. La seule radio d’opposition a été fermée et l’indépendance de la presse est sérieusement remise en cause par les lois du gouvernement d’Orban.

La Commission européenne a exprimé son inquiétude à la Hongrie, mais la situation dans le reste de l’UE n’est pas forcément exemplaire. A commencer par la France, où les groupes médiatiques appartiennent à des personnalités proches du pouvoir et le patron de France Télévisions est nommé par le président de la République. RSF avait d’ailleurs ajouté la France à sa liste de pays sous surveillance en matière de liberté d’expression dès mars 2011.

Michel Taube et Carine Dréau

 

 

L'actualité des droits de l'Homme

 

 

 

 

Monde

Levée de l’état d’urgence : la fin de la mise au ban pour Fidji ?

Les mesures d'urgence, en cours depuis près de 2 ans, prendront fin le 7 janvier 2011. DR

Le premier ministre Franck Bainimarama a annoncé mardi 3 janvier 2012 que les mesures d’urgence, prises au printemps 2009, prendraient fin le 7 janvier 2011. La dictature militaire a pris le pouvoir aux Fidji lors du putsch du 5 décembre 2006. Elle mène depuis une politique de « lutte contre les facteurs clivants », pour combattre les divisions politiques et communautaires. L’archipel est marqué par une division entre la population indigène et celle, d’origine indienne, dont les premiers immigrants sont arrivés au cours du XIXe siècle, sous la domination britannique. Le régime anciennement en place menait une politique favorisant les indigènes.

Une réforme du scrutin et du découpage électoral est prévue afin de donner une égale participation a chacun. La constitution de 1997, abrogée en 2009, se basait sur des critères ethniques. Mais les prochaines élections ne sont prévues qu’à partir de septembre 2014.

La communauté internationale a néanmoins salué ces développements et espère un retour à la démocratie. Après le putsch, les relations extérieures des Fidji s’étaient dégradées. L’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient interdit la délivrance de visa à toute personne travaillant pour le gouvernement, sanction également adoptée par le Forum des îles du Pacifique (FIP). L’archipel avait également perdu son statut de membre à part entière au sein du FIP et du Commonwealth en 2009.

La France a également salué l’annonce du premier ministre. Depuis 2006, elle avait suspendu la coopération militaire et son programme de formation des hauts fonctionnaires fidjiens. Quant aux Etats-Unis, ils ont adopté depuis plus d’un an une politique de « réengagement », en réponse aux bonnes relations entre Fidji et la Chine.

 

 

Répression des manifestants en Arabie Saoudite

Riyad a rendu la manifestation illégale en mars 2011. DR

Au cours de la 2nde moitié du mois de décembre, des manifestations appelant à des réformes de la part du régime et à la libération des prisonniers politiques, se sont tenues dans plusieurs villes du pays. A Riyad, 30 femmes et autant d’hommes, qui défilaient silencieusement pour demander la libération du doyen de la faculté de droit et sciences religieuses de la ville, Dr Yusuf al-Ahmad, ont été arrêtés le 23 décembre 2011. D’autres ont été incarcérés après avoir soutenu sur Twitter les familles des détenus politiques.

Depuis mars 2011, manifester est officiellement interdit par le régime saoudien. Le gouvernement avait ainsi entendu contenir la propagation des mouvements qui touche le reste du monde arabe, face aux centaines d’individus s’étaient rassemblé dans les rues pour protester contre le régime.

 

 

 

 

 

 

Somaliland renvoie réfugiés et demandeurs d’asile vers l’Ethiopie

Le Somaliland n'enregistre plus les demandes d'asile depuis 2008, alors que plus de 20 000 migrants vivent sur son territoire. © Somalilandpress

Le 28 décembre, les autorités étatiques ont expulsé 15 réfugiés et 5 demandeurs d’asile vers l’Ethiopie. Avec plus de 1 000 autres Ethiopiens, ils campaient devant les locaux de l’ONG Save the children. Les rapatriés de force et les migrants de retour encourent de gros risques en Ethiopie où ils sont souvent emprisonnés et parfois torturés.

Le 1er janvier, le ministre de l’Intérieur a confirmé les expulsions. Il a également menacé d’expulser les migrants qui n’auront pas quitté les lieux, sans donner de délai. Le pays n’enregistre plus les demandes d’asile depuis 2008, alors qu’au moins 20 000 migrants (selon les chiffres du HCR) vivent sur son territoire.

Somaliland viole ainsi le principe fondamental de non-refoulement, consacré par la Convention du du réfugié.

 

 

Nigeria : violences lors de manifestations liées à la hausse des prix du carburant

Des milliers de Nigérians ont manifesté suite au retrait des subventions sur le carburant. DR

Des milliers de Nigérians ont participé aux manifestations contre le retrait des subventions sur le carburant (suite à cette mesure, le coût de l’essence et celui transports ont doublé).  Les policiers ont violemment dispersé les manifestants. Le 3 janvier 2012, dans la ville d’Ilorin, Muyideen Mustapha, étudiant de 23 ans, est mort suite aux tirs de la police. Deux jours plus tard, les manifestations ont repris. Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et ont infligé des violences à la population.

Le droit nigérian facilite l’usage de la violence par les forces de l’ordre. Une disposition juridique autorise, en effet, les policiers à tirer sur un manifestant, pourvu qu’ils le fasse au niveau des genoux. Cette autorisation est souvent détournée par les forces de l’ordre pour tuer à leur convenance. Les organisations de défense des droits de l’Homme redoutent d’autres sévices lors de prochaines manifestations.

 

 

Mongolie : vers l’abolition de la peine de mort

Depuis janvier 2010, la Mongolie a suspendu les exécutions. DR

Le Parlement mongol a ratifié le second protocole optionnel du Pacte international sur les droits civiques et politiques. L’adoption de ce texte, qui interdit la peine de mort, constitue une étape supplémentaire vers son l’abolition. Le président Tsakhiagiin Elbegdorj avait, en janvier 2010,  suspendu officiellement les exécutions.

 

Selon le directeur régional d’Amnesty international, le pays envoie ainsi un signal fort aux 14 pays d’Asie qui pratiquent toujours les exécutions et à la Chine en premier lieu. 
Cependant la peine de mort ne sera pas officiellement abolie tant que les dispositions de droit interne n’auront pas été modifiées.

 

 

 

 

Etats-Unis : les conditions carcérales des mineurs dénoncées par Human Right Watch

Les Etats-Unis sont le seul état où les délinquants de moins de 18 ans peuvent être condamnés à des peines de prison à vie. DR

Dans son rapport publié le 3 janvier, l’ONG dénonce les atteintes au droits fondamentaux que subissent les mineurs détenus à perpétuité. Aux Etats-Unis, les délinquants de moins de 18 ans peuvent être condamnés à des peines de prison à vie. Cette pratique va être soumise au jugement de la Cour suprême en mars prochain.

 

Les adolescents, qui n’ont pas de possibilité de libération conditionnelle,  sont détenus dans les prisons pour adultes. Ils y sont vulnérables aux abus en tous genres, comme le démontre l’enquête d’HRW réalisée sur une période de six ans.

 

 

 

 

 

France

Décès de Wissam El-Yamni suite à une interpellation policière

Samedi 7 janvier, près de 500 personnes ont pris part à la marche silencieuse organisée à Clermont-Ferrand en soutien à Wissam El-Yamni. DR

L’homme de 30 ans, interpellé la nuit de la saint-Sylvestre alors qu’il jetait des projectiles contre  un véhicule de police à Clermont-Ferrand, est décédé lundi 9 janvier. Il était dans le coma depuis son arrestation musclée. Les 2 policiers impliqués ont été mis en congé, mais sont maintenus en fonction malgré leur mise en examen. Le parquet de Clermont-Ferrand a ouvert une information judiciaire pour « coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ». SOS Racisme, la Ligue des droits de l’Homme, la CGT et le NPA notamment ont demandé leur suspension. Selon eux, cette mesure éviterait d’afficher une différence de traitement entre les fonctionnaires laissés en poste et les jeunes jugés en comparution immédiate, donnant ainsi l’image d’une justice plus équitable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Contrôle aux frontières de l’Europe

Deux militants qui luttent pour la liberté de circulation présentent les résultats de leur recherches et expérience sur la politique de contrôle des frontières de l’EU de l’agence Frontex.

Produit par Les Amis d’Orwell pour Radio Libertaire

http://amaanda.free.fr/2011orwell/Orwell6-12-11.mp3

http://www.radio1812.net/fr/article/controle-aux-frontieres-de-l’europe

 

Carine Dréau