Opinion Sport
10H15 - lundi 22 février 2016

Marie-Amélie Le Fur : « Je pense que le handicap est compris, mais mal connu »

 

Marie-Amélie LEFUR - Crédit photo : ©Florent Pervillé Marie-Amélie LEFUR – Crédit photo : ©Florent Pervillé[/caption]

Vous n’aviez que seize ans quand, en 2004, vous avez été amputée en dessous du genou : comment avez-vous pu courir à nouveau seulement quatre mois après ?

Par la force de l’âge, la capacité à bien récupérer et la chance d’être bien entourée, par des gens qui croyaient en moi. Ça m’a donné envie d’avancer.

Quelques mois après, votre première lame vous est offerte, que ressent-on la première fois ?

C’est très particulier, la prothèse de sport diffère de celle de la ville : elle est beaucoup plus souple car elle s’écrase pour restituer de l’énergie. Il a fallu la comprendre, apprendre à la gérer. Mais encore une fois, j’étais bien entourée.

Première course handisport en 2005 et première victoire avec, en prime, un record de France : est-ce dû à votre mental ou à votre passé d’athlète « valide » ?

De mon passé d’athlète qui m’a donné les bases physiques. Mais aussi parce qu’on ne m’a pas mis de barrière : on ne m’a jamais dit : « Tu ne pourras pas ». Mes proches m’accompagnaient, m’encourageaient. J’ai dû tester mes limites et m’y confronter.

 

Marie-Amélie LEFUR - Crédit photo : ©Florent Pervillé

Marie-Amélie LEFUR – Crédit photo : ©Florent Pervillé

Comment adaptez-vous votre carrière sportive à votre carrière professionnelle ? Y-a-t-il eu des aménagements de poste ou d’horaires ?

J’ai la chance d’avoir un contrat aidé avec des missions dans une unité nucléaire. Je suis détachée de 50 à 60 % sur ce poste. En général, je m’entraîne sur place, à Blois, et de temps en temps je pars en stage national à Lyon.
Cela engendre de la fatigue, mais j’ai un poste dans le relationnel, dans l’humain, et c’est moi qui ai demandé à ne pas être plus détachée. Là encore, je me suis sentie écoutée, accompagnée, y compris par mon entraîneur.

 

Quelle est votre fonction au sein d’EDF ?

J’accompagne des managers dans leur projet de changement.

 

 

 

Vos collègues connaissent-ils votre handicap ?

Tous mes collègues connaissent mon handicap, on n’en parle très peu car il ne me gêne pas. Mais je n’ai pas pour habitude de le cacher, cela fluidifie les relations.

Que représente le fonds Telmah dont vous êtes la marraine ?

C’est un fonds de dotation créé par l’entreprise Sidamo. Il vise à monter des projets sportifs mais aussi de loisirs dans le Loir-et-Cher. Ce dernier point est nouveau car on n’est plus sur du sponsoring de haute compétition ; par exemple, si quelqu’un souhaite monter à cheval, Telmah prend en charge une partie du financement de l’élévateur.

Pensez-vous que le handicap est compris/accepté en France ?

Je pense qu’il est compris, mais mal connu. Cela entraîne une peur de l’individu confronté au handicap. On est démunis face à une situation qu’on ne connaît pas. Il existe des handicaps invisibles, d’autres qui entraînent des souffrances. Il serait également bon de réfléchir à des projets d’accessibilité plus logiques, moins chers et plus sensés.

 

Propos recueillis par Pierre Moyon

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