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17H21 - jeudi 3 juillet 2014

Brésil : le gouvernement a choisi face au dilemme du mégabarrage de Belo Monte

 

Interrompue à de nombreuses reprises par la justice brésilienne, la construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte a repris, poussée par la présidente Dilma Rousseff en personne. Une décision contestée, entre enjeux économiques vitaux, impact environnemental et droit à la terre des tribus indiennes.

 

Images de synthèse du barrage finalisé (source : rampedre.net)

Image de synthèse du barrage de Belo Monte finalisé – source : rampedre.net

Le barrage géant de Belo Monte, c’est le plus grand projet à visée énergétique du gouvernement Rousseff. Un coût de 10 milliards d’euros pour une superstructure qui devrait alimenter 18 millions de foyers en électricité et combler un cinquième des nouveaux besoins énergétiques du pays. Il devrait commencer la production d’électricité dès l’an prochain, c’est un pas de plus vers l’indépendance. La septième économie mondiale a en effet cruellement besoin d’augmenter son autonomie dans la production d’énergie pour s’émanciper de la zone d’influence américaine et s’affirmer non comme une puissance émergente, mais une puissance totalement émergée.
 

Forêt amazonienne, le poumon de la planète

Néanmoins, cette indépendance a un prix. En effet, une fois le barrage finalisé, il engloutira près de 400 000 hectares de forêt amazonienne – le poumon de la planète déjà dévasté par la déforestation à grande échelle – devrait anéantir plusieurs dizaines d’espèces, mais surtout forcerait des milliers d’Indiens à fuir leurs terres ancestrales. Pour aller où ? En l’état actuel des choses, la seule alternative serait une intégration à marche forcée dans la modernisation effrénée du Brésil, avec ses avantages mais aussi tous ses défauts.

ONG écologistes et porte-paroles des tribus avaient pourtant réussi en 2013 à stopper pour un temps la construction du barrage, mais les intérêts économiques ont vite repris le dessus. Plus d’indépendance énergétique permettrait également au pays d’être moins assujetti aux grandes compagnies multinationales dont les prix sont fixés à la corbeille, et ainsi de préserver un tribut conséquent pouvant être mis au service de la population brésilienne.

Mais cet argent profitera-t-il vraiment à la classe moyenne émergente et populaire ? Il y a manifestement un problème de redistribution au Brésil. Car modernisation et boom économique ne riment pas toujours avec développement et équité. Si le Brésil est un des Etats les plus dynamiques du monde et doté d’une croissance à deux chiffres à faire pâlir les Etats européens, si la politique progressiste de Lula, grâce notamment à la bolsa familia, a permis de significativement réduire les inégalités (l’indice de Gini, indicateur synthétique d’inégalités dans un pays, est passé au Brésil de 0,627 en 1990 à 0,559 en 2011), la classe moyenne émergente reste précaire et la répartition des richesses est encore une des plus inéquitable au monde.

Ruth source : wedemain.fr

Ruth Buendia – source : wedemain.fr

Cet enjeu devra être rapidement pris en main par les pouvoirs publics, qui se contentent pour l’instant de réprimer les rassemblements, au risque d’accentuer une crise sociale et politique. Il s’agit là d’un enjeu supplémentaire auquel le gouvernement de Dilma Rousseff doit faire face dans un contexte de grogne populaire généralisée dans lequel syndicats, mais aussi et surtout la société civile, se réveillent et comptent bien se faire entendre.

Au Pérou, Ruth Buendía, une jeune indienne de 27 ans a réussi l’exploit de défaire les actions conjointes des sociétés multinationales et du gouvernement dans l’édification d’un projet similaire sur la rivière Ene. Après maintes sollicitations transmises au ministère de l’Énergie, elle s’adresse finalement à la Commission Interaméricaine pour plaider la cause de sa communauté Asháninkas, et notamment son droit à la terre. Dès lors, le gouvernement péruvien s’est opposé au projet qui n’aboutira pas.

Le chef indien Raoni et sa pétition contre le barrage du Belo Monte

Le chef indien brésilien Raoni et sa pétition contre le barrage du Belo Monte

Au Brésil, il s’agit donc bien d’un choix que la présidente doit maintenant assumer. Si elle persiste dans sa volonté de faire construire le barrage, elle doit rapidement convaincre les Brésiliens que les avantages dépassent ses inconvénients et, surtout, que sa construction sert le plus grand nombre.

Journaliste

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