Edito
12H24 - mercredi 5 juin 2024

Les forains vont-ils entrer en guerre contre la municipalité bobo-écologiste de Strasbourg ? L’édito de Michel Taube et Sofiane Dahmani

 


C’est pour eux une question de survie.
La célèbre Foire Saint-Jean de Strasbourg, qui depuis le XVᵉ siècle débute toujours le samedi de la Saint-Jean, aura-t-elle lieu sans les forains ?

Alors que les fêtes foraines ont une longue tradition en France, remontant aux saltimbanques du Moyen Âge, la municipalité écologiste de Strasbourg tente une fois de plus de restreindre le périmètre commercial d’exercice de l’activité de forain, pourtant apprécié par les enfants et leurs familles.

Depuis 2020, la mairie de Strasbourg n’arrête pas de mettre des batons dans les roues des forains. Sont-ce les désagréments de voisinage que les pratiques foraines peuvent parfois susciter ? La mairie veut-elle prendre le concept de tranquillité publique à la lettre comme l’alfa et l’omega de sa gestion de la cité ?

Ces fêtes semblent plutôt insupportables pour certains bobos qui, peut-être, ne supportent pas de voir les classes moyennes s’amuser dans un cadre populaire. Ils cherchent à gâcher un événement qui rassemble les familles pour partager un moment convivial, alors que les tensions politiques pèsent déjà lourdement sur le climat du pays. Au lieu de permettre aux citoyens de se détendre, la municipalité écologiste restreint les horaires de musique jusqu’à 22 heures et ferme la foire à 23 heures. Une décision inacceptable pour les 180 forains présents.

Les tensions entre les forains et la municipalité ont atteint leur paroxysme le lundi 3 juin, vers 14 heures, devant le centre administratif de Strasbourg. Les forains se sont réunis pour manifester leur colère après une énième discussion houleuse avec la municipalité. Depuis des mois, voire des années, l’emplacement de la foire Saint-Jean à Strasbourg est source de conflits. Historiquement située dans le quartier du Wacken, la foire a dû être déplacée en raison des transformations profondes du quartier. 

Mais le réaménagement du quartier qui avait été pensé par le maire précédent, le socialiste Roland Ries, avait tenu compte de la foire Saint-Jean et su ménager les forains.

Pour l’édition 2024, un compromis avait été trouvé avec le Jardin des Deux Rives. Cependant, il ne leur était pas proposé suffisamment de places pour accueillir tous les forains, ce qui a suscité la colère de ces derniers. Alors que sous le mandat de Roland Ries, maire de Strasbourg de 2008 à 2020, accompagné d’Alain Fontanel, conseiller municipal et premier adjoint au maire, les forains n’avaient jamais rencontré de problèmes, ils sont maintenant méprisés par la mairie écologiste actuelle. Bien qu’il existait d’autres options, comme la possibilité d’installer la Foire sur le terrain de la SNCF situé derrière l’entrepôt CTS dans le quartier de Cronenbourg, une immense réserve foncière inutilisée. Pourtant,la SNCF, c’est nous tous : une institution publique financée par nos impôts. Bref la situation reste bloquée. 

Il est évident que la municipalité ne tient pas compte de cette tradition populaire. Les forains, en tant que défenseurs du patrimoine festif et culturel, ne comptent pas se laisser faire face à une municipalité qui semble plus préoccupée par des idéaux écologistes mal adaptés que par le bien-être de ses citoyens.

Ce qui se passe à Strasbourg se vit tout autant dans les autres métropoles conquises par les Verts en 2020. Au fond, qu’est-ce qui anime les écologistes à la tête de cette douzaine de municipalités conquises à la faveur du confinement et d’une abstention record en mars 2020 ? Dans d’autres villes, nous avons déjà constaté leur incapacité à gérer efficacement une ville. À Lyon, les nombreuses pistes cyclables ont provoqué l’exaspération des automobilistes, et à Grenoble, le maire écologiste a autorisé le burkini dans les piscines, enfreignant ainsi les lois de la République. Maintenant, ils s’attaquent également aux fêtes populaires.

 A Strasbourg, les tensions continuent de monter et les forains sont déterminés à défendre leurs droits. Le bras de fer est-il lancé avec des forains résolus à ne pas céder devant une municipalité déconnectée des réalités populaires ?

 

 Michel Taube et Sofiane Dahmani, journaliste

 

 

 

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