Edito
18H41 - jeudi 30 mai 2024

Les « 5 Incontournables » célèbreront leur 30e participation ! – Tour du monde des délégations olympiques #10

 

Le stade Panathénaïque d’Athènes en 1896

Ils en étaient !

1896, les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne se déroulent à Athènes. Pour sa première, le Comité International Olympique organise neuf jours de compétition, du 6 au 15 avril. 241 sportifs amateurs et masculins s’affrontent dans neuf sports différents. 

14 nations relèvent le défi. Elles resteront à jamais parmi les pionnières. Malheureusement, toutes ne connaîtront pas le plaisir de s’aligner sur les 29 éditions estivales de l’histoire. Seuls cinq pays y sont parvenus. Ils célèbreront d’ailleurs leur 30ème participation à Paris, cet été : l’Australie, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Suisse.

Pourquoi si peu de pays ? Il fallait bien sûr pouvoir concourir dès 1896. La palme revient de ce fait à l’Australie, qui voyagea plusieurs jours pour rejoindre la Grèce, depuis l’autre côté de la planète. Deux autres « non européens » parvinrent à y présenter une délégation : Les États-Unis et le Chili. Ce dernier dut renoncer les années suivantes par manque de moyens : se rendre à Paris ou Londres, au début du XXème siècle, était une mission presque impossible ! 

Les États-Unis incarnent, quant à eux, la complexité géopolitique de l’épreuve, prise en otage par les boycotts de toutes les époques. En pleine Guerre froide, les Américains renoncèrent à défendre leurs chances à Moscou en 1980. Un crime de lèse-majesté !

Lors du « match retour », quatre ans plus tard à Los Angeles, les délégations bulgares et hongroises, les seules membres du Bloc communiste déjà présentes en 1896, renoncèrent elles aussi au challenge d’une participation à toutes les éditions estivales.

L’Allemagne, décimée après les deux guerres mondiales, l’Italie, le Danemark et la Suède trop pauvres pour se rendre aux États-Unis en 1904, l’Autriche exclue pour son rôle lors de la guerre de 1914-1918, complètent la liste des pionniers privés de record de participation. Intéressons-nous donc à ces cinq membres « gold ».

L’Australie demeure un exemple pour l’Olympisme. 10ème nation la plus médaillées de l’histoire (été et hiver confondus), cette « nation continent » du bout du monde atteint l’apogée de son œuvre avec l’organisation des Jeux de l’an 2000 à Sydney. Dès qu’il y a une course, les kangourous virevoltent. A la nage, à pied, à vélo, en embarcation sur l’eau, à cheval, les Australiens imposent leurs savoirs-faire singuliers. Seul bémol, leurs performances en sports collectifs restent modestes car leurs équipes ne bénéficient pas de compétitions continentales relevées pour entretenir un niveau d’excellence*.

La Suisse, elle aussi, n’a manqué aucune édition. Y compris en hiver, où elle obtient la majeure partie de ses médailles. Elle récolte ainsi les fruits de sa neutralité historique, qui jamais ne la contraint au boycott. Le plus petit de la bande des 5 s’appuie sur une économie solide, qui l’a placé successivement au sommet des sports onéreux comme l’équitation, la gymnastique et le tennis. 

La Grande-Bretagne avec son empire du Commonwealth, incarne l’universalisme olympique. Tous les quatre ans, nos voisins anglais se présentent en Royaume-Uni.  L’Irlande du Nord, l’Écosse, le Pays de Galles, pourtant présents en tant que nations à la Coupe du monde de football, n’ont jamais connu la fierté de voir leur drapeau flotter lors d’une cérémonie d’ouverture ou de remise de médailles aux Jeux Olympiques.

Exception faite de quelques sports peu pratiqués au Royaume, comme le handball ou le tennis de table, la Grande-Bretagne brille sur tous les terrains et talonne les géants américains, russes et chinois au tableau d’honneur.

Pourtant alliés historiques des États-Unis, les Britanniques, comme les Français d’ailleurs, participèrent aux Jeux de Moscou en 1980 malgré le boycott du monde occidental. Afin de ne pas renier leur attachements aux Jeux, les deux délégations se rendirent à Moscou en prenant soin toutefois de troquer leurs couleurs pour le drapeau olympique, en signe de protestation.

L’honneur fut sauvé pour les descendants de Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux Olympiques de l’ère moderne.
La France n’a jamais manqué une olympiade et tient à ce titre un rôle central dans l’histoire de la compétition. La langue française accompagne l’anglaise pour toutes les annonces officielles. La Grande-Bretagne et la France occupent respectivement les 4ème et 5ème place au classement des pays les plus médaillés de l’histoire. En organisant pour la troisième fois l’édition estivale (3 éditions également organisées en hiver), notre pays confirme son statut international.
Estanguet, Pérec, Flessel, Douillet et leurs homologues illustrent la réussite tricolore.

Nos amis Grecs, fondateurs des Jeux Olympiques, honorent quant à eux leur statut avec fidélité et conviction, contre vents et marées. Malgré les boycotts et les guerres, malgré les crises économiques, dont l’une aura découlé de l’endettement lié à l’organisation de l’édition de 2004 à Athènes, le pays s’applique à défiler dignement, lors de chaque cérémonie d’ouverture. Le protocole olympique sacralise la Grèce. La Flamme part systématiquement du stade athénien, le mythique Panathénaïque, lors de chaque Olympiade. Dénommée « Hellas » officiellement, la Grèce défile en tête du cortège de toutes les délégations participantes à la cérémonie d’ouverture.

Louis Spyridon, le premier vainqueur de l’histoire du marathon Olympique

Loin d’être la plus performante des nations, elle compte dans ses rangs le premier vainqueur de l’histoire du marathon olympique, Spyridon Louis et l’haltérophile triple médaillé d’or, Pyrros Dimas. Nous attendons toujours un premier Champion olympique en hiver… le rôle historique reste vacant, à suivre !

Les piliers grecs et français, la neutre Suisse, l’universelle Grande-Bretagne et l’exemplaire Australie défileront pour la trentième fois aux Jeux d’été de Paris 2024. Ces cinq nations détiennent un record qui marque l’histoire de l’humanité. Soyons fiers d’être français, n’est-il pas ?

* De cette liste des 5, l’Australie déplore des absences compréhensibles aux premiers Jeux d’hiver. Les quatre autres nations n’ont, quant à elles, manqué aucune édition !

 

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »