Mémoires vivantes
09H19 - dimanche 7 avril 2024

La dignité des Rwandais, trente ans après le génocide, dans les oeuvres de Bruce Clarke

 

 

BruceClarke-3Femmes
Veuves
Création des Homme debout Rwanda (dans le Jardin de la Mémoire 2019)
Dancing in a hurricane
Les Hommes debout dans le Jardin de la Mémoire 2021
Insoumission
Les Hommes debout dans le Jardin de la Mémoire 2021
L'art de n'être pas mort2
Michel et fils - 30 ans d'écart
Spirit
Répétitions Wreckage of my Flesh dans le cadre d'ECCE HOMO, septembre 2022
Unwanted (mémoires vives) Les Femmes debout 2024

30 ans après, le Rwanda continue de commémorer le génocide des Tutsis à travers l’art. Le plasticien anglais d’origine sud-africaine Bruce Clarke, auteur du Jardin de la Mémoire inauguré à Kigali en 2019, bien connu des lecteurs d’Opinion Internationale, est de nouveau présent dans la capitale rwandaise avec l’exposition « Les Femmes debout ».

Plus jamais ça ! Avec les survivantes, avec les enfants du Rwanda, avec la communauté internationale.

Dans ce génocide, « les femmes ont été visées en tant que femmes », explique l’artiste à L’Humanité : « 300 000 à 500 000 ont été violées, par des hommes désignés pour le faire car ils portaient le VIH. Deux tiers d’entre elles ont été contaminées. » Mais comme elles ont davantage survécu que les hommes – elles ont représenté 70% des survivants – c’est sur elles qu’a beaucoup reposé l’« après ».

Car « après », il a bien fallu que ceux qui n’étaient pas morts continuent à vivre. « Les survivants décrivent une existence suspendue au-dessus de la vie, dans laquelle ils n’entreront plus jamais vraiment ». La vie a pourtant repris son cours, les « enfants non accompagnés » ont retrouvé un foyer, une nouvelle famille, et les femmes se sont organisées, jusqu’à remettre en cause des lois anciennes, patriarcales, qui les maintenaient dans une minorité juridique.

Si la résilience du Rwanda, devenu un modèle de stabilité et de développement dans l’Afrique des Grands Lacs, – et malgré les tensions régionales auxquelles il est partie prenante -, est aujourd’hui saluée, le pays le doit donc en grande partie à ses femmes.

Et comme pour « Les Hommes debout », qu’il avait présentés en 2014, Bruce Clarke a choisi de les représenter « beaucoup plus grandes que nature, dominant le paysage. Je voulais montrer la dignité de celui qui reste debout après le pire. »

 

Michel Taube

A voir jusqu’au 9 juin 2024 : Bruce Clarke, « Vies d’après, des artistes face au génocide des Tutsis du Rwanda », exposition Site Mémorial du Camp des Milles, 40 Chemin de la Badesse, 13290 Aix-en-Provence, Tous les jours de 10h à 19h, entrée libre.

www.campdesmilles.org

www.bruce-clarke.com

Directeur de la publication