Opinion Amériques Latines
09H07 - mardi 26 mars 2024

France – Brésil : beau temps pour les affaires. La chronique Opinion Amériques latines de Laurent Tranier

 

L’économie est l’un des grands enjeux de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Brésil. L’Élysée rappelle que « le Brésil est le premier partenaire commercial de la France en Amérique latine, devant le Mexique. En 2023, les échanges commerciaux ont atteint 8 milliards d’Euros, soit un niveau équivalent à celui de l’avant-Covid. » Le pays offre un vaste marché et représente, en termes de géographie, de population ou de PIB, environ la moitié de l’Amérique du Sud

Le changement politique, à la suite du retour de Lula à la présidence début 2023, malgré les soubresauts qui l’ont accompagné à Brasilia, n’a pas amené d’incertitude parmi les opérateurs. Contrairement aux attentes, Lula est par ailleurs parvenu à obtenir d’un Congrès qui était sensé lui être hostile, un certain nombre de résultats concrets. Il a ainsi pu renouer avec des dispositifs de cohésion sociale qui avaient porté des résultats lors de ses premiers mandats, qu’il s’agisse de Bolsa famila (bourse familiale) une allocation destinée aux familles défavorisées qui scolarisent leurs enfants ou de Minha casa, minha vida (Ma maison, ma vie), qui permet de loger les plus modestes pour un coût réduit. D’autre part, Lula est parvenu à lever en partie la limite imposée par la Constitution du pays aux dépenses sociales. Et il a avancé dans la direction d’une simplification de l’inextricable maquis fiscal qui fait du Brésil un modèle de bureaucratie tropicale.

Cet environnement globalement propice aux affaires est important pour la France, dont tous les fleurons sont installés dans le pays. Charles-Henry Chenut, avocat français installé au Brésil et Conseiller du Commerce Extérieur de la France, rappelle ainsi que « 39 des 40 entreprises du CAC 40 sont présentes au Brésil, avec des positions fortes dans des secteurs porteurs : les énergies, la transition écologique, la santé, la silver économie, l’agroalimentaire, les infrastructures, la défense… La présence française est structurée et les entreprises travaillent bien. Le retour d’un dialogue politique au plus haut niveau est une bonne nouvelle pour tout le monde. »

Au total, ce sont plus de 1150 entreprises françaises, employant 500 000 personnes, qui sont basées au Brésil, pour un stock d’investissements de 40 milliards d’Euros, supérieur à celui de la Chine. Emmanuel Macron, accompagné de deux délégations de chefs d’entreprises – une quarantaine réunis par Business France et quatre-vingt par le MEDEF – rencontrera la communauté française des affaires à Sao Paulo et il y clôturera le Forum franco-brésilien sur le verdissement de l’économie.

Un long échange est également prévu avec des entrepreneurs brésiliens : l’objectif est d’attirer des investissements sur le territoire national et de lancer des invitations à venir constater l’attractivité du pays lors du prochain sommet Choose France qui se déroulera en métropole.

Durant toute la visite, le Président français devra cohabiter avec un « éléphant dans la pièce » comme disent les anglo-saxons : le projet pourtant essentiel de traité de libre-échange « UE-MERCOSUR », bloqué côté européen par la France, sera-t-il évoqué ? Selon l’Élysée, et comme son nom l’indique, ce n’est pas un sujet français : il sera, le moment venu, « discuté entre l’Union européenne et le Brésil »…

Charles-Henry Chenut dresse un portrait favorable du Brésil sur le plan macroéconomique : « on peut dire que le Brésil se porte bien. Le pays a connu en 2023 une croissance appréciable de son PIB de 3%, l’inflation est à moins de 5%, le taux de chômage est au plus bas depuis 2014. Le pays est un grand exportateur, d’abord vers la Chine, qui est son premier partenaire commercial, mais l’ouverture internationale est importante et en croissance, notamment avec l’Afrique. »

Le choix du Brésil par le président de la République française est donc une véritable opportunité de conquête de marchés pour la France.

 

Laurent Tranier

Rédacteur en chef, chef de rubrique Opinion Amériques latines, directeur des Editions Toute Latitude

 

 

A lire : Terrible voyage, de Roberto ARLT, traduit de l’espagnol (Argentine), collection « Roman latino », Editions Toute Latitude 2021, 104 pp, 12 €.