Edito
22H57 - vendredi 22 décembre 2023

La mesure politique de l’année 2023. Le RSA sous contrepartie d’activité : du pansement social à l’ascenseur social. L’édito de Michel Taube

 

« Remettre les Français au travail » : le conditionnement de la perception du RSA à un engagement d’activité de 15 à 20 heures par semaine est une véritable petite révolution dans le modèle social français. Le report de l’âge de la retraite et la réduction de la durée de perception des allocations chômage allaient déjà dans le même sens.

Répondre aux besoins de l’économie, rendre autonomie et dignité à ceux qui sont tombés dans le piège de l’assistanat, les années Macron auront au moins eu le mérite de mettre un peu de sens de l’activité, du travail, de l’effort dans un système économique et social extrêmement, trop certainement, protecteur. 

La question qui se pose est malheureusement de savoir si les professionnels de l’accompagnement social sauront mettre le pied à l’étrier des bénéficiaires du RSA et sauront mettre en oeuvre cette mesure innovante. 

2023 a déjà vu la mise en place d’une expérimentation dans 19 territoires français de cette contrepartie.

L’allocataire doit signer un contrat dans lequel il s’engage à accepter les propositions qui lui sont faites et jouer le jeu. Le risque, s’il ne le respecte pas, est qu’il perde tout ou partie de son allocation. Il faut dire que ces 15-20h d’activité pourront consister à proposer à un allocataire un autodiagnostic avec une analyse de ses appétences suivi d’une proposition personnalisée, qui pourra être la découverte de certains métiers en entreprises, du coaching pour reprendre confiance en soi, améliorer son apparence, ou des formations, au permis de conduire ou contre l’illettrisme.

Le RSA retrouvera-t-il la vocation qu’il a perdue depuis longtemps pour n’être plus aujourd’hui que l’un des nombreux pansements que notre État social pose sur les maux de la société ?

Ramener ses bénéficiaires vers l’autonomie économique et sociale, c’est-à-dire vers leur dignité, leur permettre de s’épanouir dans leur activité et dans leur vie, est bien sûr et d’abord le défi des allocataires. Mais c’est aussi celui des institutions et des personnels en charge de l’insertion, qui devront conduire ceux qui sont tombés dans le piège de l’assistanat vers un nouvel équilibre entre droits sociaux et devoir d’autonomie. 

Rien n’étant pire que l’oisiveté, l’inactivité (nos années de travailleur social nous l’ont appris au contact de sans-domicile-fixe à une époque où le RSA s’appelait RMI), saluons ici cette nouvelle approche nécessaire pour que la France commence enfin à sortir de la logique du pansement social et retrouve le chemin de l’ascenseur social.

 

Michel Taube

Directeur de la publication