Edito
14H50 - mercredi 20 décembre 2023

Loi immigration : la grande supercherie. L’édito de Michel Taube

 

La 30ème loi sur l’immigration depuis 1980 !

Que le projet de loi Darmanin soit voté ou non par le Parlement, et quelle qu’en soit sa version finale, il est fort dommageable de faire croire aux Français que cette pseudo grande loi de la décennie Macron réglera un tant soit peu le problème de l’immigration en France.

Cette loi, comme les 29 précédentes (on dénombre plus de cent lois, ordonnances et circulaires depuis 1945), n’ont pas permis à la France de se doter d’une immigration choisie.

Assimilation, adhésion aux valeurs de la France, satisfaction de nos besoins économiques, contrôle des flux migratoires et immigration 100% à la carte : la loi Darmanin passe à côté de l’essentiel et ne permettra pas (ou si peu) d’expulser les étrangers qui violent les lois de la République ni d’offrir un avenir serein à ceux qui se sont installés durablement en France, en travaillant, en se mariant, en scolarisant leurs enfants, en contribuant à bâtir la France de demain.

Mais l’essentiel est ailleurs : le grand débat que l’on nous promettait sur l’immigration (un référendum y aurait-il changé quelque chose ?) passe à côté de l’essentiel : démographiquement, la France a déjà et aura besoins d’immigrés pour rester un grand pays. Et donc le défi sera celui des valeurs partagées et de l’assimilation des étrangers au modèle français.

D’ici la fin du siècle, toutes les études montrent (la plus minutieuse est celle de la célèbre revue scientifique britannique the Lancet parue en 2020 : https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2820%2930677-2 ) que certains pays comme l’Italie, l’Espagne ou la Chine perdront la moitié de leur population, alors que l’Afrique subsaharienne et le Maghreb compteront 3 à 4 milliards d’habitants.

Il en va de même pour la France : il est toujours possible d’ergoter sur la fiabilité des analyses prospectives, car l’avenir n’est jamais tel qu’on le prédit. Mais il ne s’agit pas là de prédictions de mages hallucinés. Le mouvement est déjà amorcé et sauf cataclysme nucléaire, climatique ou viral, qui ne ferait vraisemblablement qu’amplifier les migrations, tout porte à croire que l’implacable loi de la démographie condamne la France à recourir à une immigration substantielle si elle ne veut finir le siècle en pays rabougri et vieillissant ayant perdu la moitié de sa population.

Cette analyse est par ailleurs corroborée par l’INED (Institut national des études démographiques) dont les chiffres confirment une fécondité bien plus dynamique chez les femmes issues de l’immigration africaine et surtout nord-africaine.

L’Afrique est la principale source des migrations vers la France et ni la loi Darmanin ni les 29 précédentes n’ont su car elles n’ont pu casser ce lien.

À ce jour, aucun pays n’a trouvé de méthode propice à relancer la natalité des autochtones, hypothèse qui en France serait du reste juridiquement problématique dans le cadre constitutionnel et européen actuel, puisqu’elle reviendrait à créer une discrimination ethnique (par exemple en ne versant des allocations familiales qu’aux Français, éventuellement depuis plusieurs générations). Faute de politique familiale miraculeuse ou de remplacement des humains par des robots (la Chine et le Japon l’envisagent), on peut éventuellement se demander si une France de 35 ou 40 millions d’habitants à l’horizon 2100 est une perspective viable. Après tout, le Canada ou l’Australie s’en sortent bien avec une petite population sur un immense territoire.

Si la réponse est négative, seule l’immigration peut sauver la France démograhpiquement, qui ne sera donc plus européenne, mais afro-européenne, et un jour majoritairement africaine, si les dynamiques démographiques actuelles perdurent.

Si cette transition se déroule harmonieusement, la « créolisation », dans l’acception de Jean-Luc Mélenchon, deviendra une réalité, sur le chemin du « grand remplacement » dont Éric Zemmour avait fait son leitmotiv de campagne en 2022. Voilà la vérité des courbes démographiques par laquelle les extrêmes se rejoignent en quelque sorte sur le constat.

 Sauf qu’il ne s’agit pas de slogan ou d’idéologie, mais d’une simple évolution démographique qui semble inéluctable et qui en soi n’a rien d’exceptionnel. Telle est la marche de l’histoire.

 

Le défi de l’assimilation aux valeurs françaises

Si l’africanisation de la France est inéluctable, autant travailler sur l’assimilation des étrangers et des Français d’origine étrangère (et surtout africaine donc) aux valeurs et aux lois françaises.

Le défi est majeur !

Une récente enquête, à laquelle nous avons consacré un édito, doit être mise en parallèle avec les perspectives d’évolution démographique : celle de l’IFOP sur l’état d’esprit des musulmans de France. Car si la France de 2100 devenait un pays euro-africain, ce serait aussi un pays dont la moitié de la population serait musulmane, en face d’une autre moitié largement laïque, voire athée, en partie seulement chrétienne.

Or l’enquête de l’IFOP montre que la fameuse formule « l’immense majorité de nos compatriotes musulmans sont laïcs et républicains » n’est peut-être plus d’actualité. Elle ne l’est plus depuis longtemps chez les jeunes, dont près des trois quarts placeraient les lois islamiques au-dessus des lois laïques.

Selon cette étude de l’Ifop, le refus de condamner totalement l’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras, partagé par seulement 5 % des Français, l’est par 16 % des Français musulmans et 31 % des musulmans scolarisés. Une honte et la source d’une grande inquiétude.

Certaines questions plus délicates n’ont pas été posées par les enquêteurs, mais on ne saurait ignorer que la soumission à la chariah implique d’autres contradictions absolues avec nos valeurs et lois fondamentales. Égalité entre femmes et hommes, droits de l’enfant, non-discrimination ethnique… La polygamie, l’interdiction de l’adoption pleine et entière et la dhimmitude, entre autres spécificités coraniques non contextualisées, sont-elles l’avenir de la France ?

Aujourd’hui, les revendications au nom de l’islam sont si nombreuses, comme l’illustre encore la réaction virulente d’élèves et de leurs parents à la vue d’un célèbre tableau montrant des personnages dénudés (mettrons-ils le feu au Louvre ?!) qu’on ne peut échapper à la question de la compatibilité de l’islam avec la République et même à celle de la cohabitation harmonieuse et paisible des musulmans avec les non-musulmans. Car si les djihadistes et les délinquants qui pourrissent la vie des habitants de certains quartiers ou de certaines citées sont minoritaires, le sondage de l’IFOP indique que le rejet de nos valeurs est bien devenu majoritaire chez les musulmans de France.

S’il semble très probable sinon acquis que la France de demain sera euro-africaine, il est peut-être encore possible d’éviter qu’elle soit non pas musulmane, mais à tendance islamiste. Si les pouvoirs publics ne veulent nous laisser le choix entre soumission et guerre civile, ou au moins archipellisation absolue dont le Liban donne une illustration, ils devront clairement mettre dans le débat les vrais éléments clé, et cesser de mentir sur une immigration que l’on pourrait empêcher ou maîtriser.

 

Une immigration 100% choisie

Arrêter, emprisonner ou expulser tous les étrangers ou Français qui violent les valeurs fondamentales de la République est une obligation si l’on veut protéger les Français et les étrangers qui respectent leur pays d’accueil. Plus dure nous saurons être avec les délinquants et les criminels, plus réussie sera cette conversion démographique inéluctable de notre pays.

Ensuite, il nous faut contrôler les frontières de façon drastique, déployer la marine militaire dans la Méditerranée pour repousser les vagues de migration. Il faut aussi déployer une stratégie mondiale de recrutement d’immigrés dont l’économie, la recherche et la société française ont besoin : Internet, la blockchain, des entretiens de recrutement à distance conclus par des titres de séjour délivrés dans les consulats français à l’étranger, les moyens technologiques permettraient de développer une immigration 100% à la carte. La France a besoin de milliers de mathématiciens et d’ingénieurs ? Allons les recruter en Inde et ailleurs…

Valoriser, reconnaître, intégrer les étrangers qui veulent s’assimiler à la France, telle doit être aussi notre priorité : une intransigeance laïque des autorités pourra attirer vers la France les musulmans qui ne veulent pas de la charia. Il doit bien en avoir quelques dizaines ou centaines de millions sur les 4 milliards prévus pour 2100. Les femmes iraniennes et afghanes engagées contre les mollahs et les talibans, désireuses d’une vie hors de toute emprise sociale religieuse, seraient les bienvenues.

A moins d’inventer une alternative, l’immigration semble être notre avenir démographique et donc politique et notre planche de salut démographique et économique, mais elle sera notre crépuscule civilisationnel si nous sommes incapables d’imposer nos valeurs et nos règles, d’exiger que tout immigrant et même tout résident actuel, Français ou non, s’y soumette sans réserve.

Nous sommes dans un monde et à une période de l’histoire où les faibles sont des proies. Nous sommes faibles. Emmanuel Macron est faible. Les dirigeants turcs ou iraniens mangent dans la main des Chinois qui maltraitent leurs frères musulmans, les Ouïghours. Le propos n’est évidemment pas de se comporter comme le gouvernement chinois, bien au contraire. C’est notre démocratie, notre Etat de droit, nos principes et valeurs à vocation universelle, puisque transcrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous venons de fêter les 75 ans, que nous devons défendre. Contre l’obscurantisme.

 

Michel Taube

paru le 18 décembre 2023

Directeur de la publication