C’est la goûte d’eau qui a fait déborder le vase de l’exaspération des enseignants du collège Jacques-Cartier d’Issou dans les Yvelines : vendredi 9 décembre, ils ont demandé leur droit de retrait. Deux jours plus tôt, une enseignante de français avait présenté à ses élèves de 6e le tableau Diane et Actéo (1600), de l’Italien Giuseppe Cesari qui représente la déesse Diane et ses nymphes nues, prenant leur bain*.
À la suite du cours, certains élèves se sont dit « choqués » par le tableau, et « dérangés » par la teneur des propos tenus par l’enseignante, propos qu’ils ont dénoncés comme « racistes » et « islamophobes »… ce qui est « faux » a dit le rectorat. Selon ce dernier, les élèves ont « retiré leurs propos et se sont excusés vendredi ».
Toujours est-il que dans le courrier adressé par les enseignants au rectorat, on apprend que seize « atteintes aux valeurs de la République, atteintes à la sécurité de l’école, faits de violence ou harcèlement » ont été recensés au collège depuis la rentrée de septembre contre trois pour l’ensemble de l’année scolaire précédente. Ces « mises en causes récurrentes et agressives par certaines familles des pratiques pédagogiques et des règles de l’institution » demeurées sans réponse ont conduit au point de rupture.
Mesdames, Messieurs les professeurs partout en France, vous devez réagir et manifester votre pleine solidarité avec vos collègues d’Issou.
En détournant leur regard du tableau du prof, en contestant votre droit, votre devoir d’enseigner l’histoire des arts, les humanités et l’esprit critique, en vous menaçant depuis des semaines, certains élèves et leurs parents zélés se mettent en rupture avec cet héritage de la Renaissance qui, mûri par le Siècle des Lumières, a produit ce qui nous permet de vivre libres et ensemble : les valeurs de la République.
Les wokistes et/ou musulmans dévoyés affirment de plus en plus sans scrupule, haut et fort, en défiant l’autorité et les autorités, la supériorité des lois de la charia, du wokisme et de la pudibonderie mal placée sur celles de la République, des Lumières et de la laïcité.
Nous saluons la visite hier du ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, manifestement déterminé à ne rien laisser passer. Ses propos devraient être relayés par tous les chefs d’établissements : « À l’école française, on ne conteste pas l’autorité, on la respecte. On ne conteste pas la laïcité, on la respecte. On ne détourne pas le regard devant un tableau. On ne négocie pas l’autorité des enseignants ».
Mais le ministre n’est-il pas trop seul dans l’institution scolaire, notamment face aux organisations syndicales d’enseignants et de parents d’élèves, trop souvent gauchistes, laxistes, complaisantes et/ou aveugles qui n’ont pas vu ou voulu voir venir la contestation de notre société au sein même de l’école ?
Il est temps de réagir, tous collectivement.
“La leçon de L’origine du monde”
Appelons les professeurs partout en France à exposer devant leurs élèves une des plus belles œuvres de la peinture mondiale : L’Origine du monde du Franc-Comtois Gustave Courbet.
Avec le message explicatif suivant : ceci n’est pas un nu mais une œuvre d’art, un des plus beaux tableaux de l’histoire de l’humanité.
Figurez-vous que ce grand tableau a été commandé en 1866 par le diplomate turco-égyptien Khalil-Bey à Gustave Courbet (1819-1877), d’après la danseuse et chanteuse lyrique Constance Quéniaux, dont l’éminent édile de l’empire ottoman, certainement musulman, était fou amoureux.
Élèves, parents, n’y voyez pas le nu : voyez-y le beau, voyez-y de l’art ! Gustave Courbet, peintre de la nature et des femmes, est une force de la création au XIXe siècle. Assumant à la fois l’héritage classique et sa volonté d’exprimer sa propre individualité, il brise l’élan romantique, impose son réalisme, transgresse, scandalise, déplace les frontières de la bienséance et ouvre à la création de nouvelles perspectives qui seront explorées et dépassées après lui.
Élèves et parents d’élèves, courez au musée d’Orsay à Paris avec vos enfants, pour découvrir L’Origine du Monde et des milliers d’autres chefs d’œuvres de l’art moderne de toute l’Europe.
Tous les professeurs de France devraient présenter L’Origine du monde à leurs élèves. Ce sera la meilleure réponse à la censure que l’on veut leur imposer et une façon de surmonter leurs peurs légitimes dans un pays où deux hussards de la République ont déjà été assassinés.
Michel Taube
Merci à Laurent Tranier
*Diane et Actéon (1600), de l’Italien Giuseppe Cesari, dit « le cavalier d’Arpin » (1568-1640) représente le passage des Métamorphoses d’Ovide (III, 138-253) relatant le drame d’Actéon qui, pour avoir surpris Diane et ses nymphes au bain fut dévoré par sa meute après avoir été transformé en cerf. C’est un thème classique des peintures de la Renaissance.
C’est un moment de l’histoire de l’art qui s’inscrit dans une étape de l’histoire de la pensée, celle de l’humanisme, au cours de laquelle l’Europe sortie du Moyen-Âge a redécouvert le théâtre, la littérature, les arts, la philosophie, les mathématiques, les sciences, la médecine, bref, la Connaissance, soit la Liberté des Grecs anciens… à partir de la transmission qui en a été faite dans ce qui était le phare de la pensée sur notre continent, l’Université de Cordoue située au cœur du monde arabo-musulman, celle des plus grands intellectuels de l’époque, parmi eux le musulman Ibn Rochd ou le juif Moïse Maïmonide.