Edito
12H01 - mercredi 6 décembre 2023

École : quand Gabriel Attal enterre l’héritage désastreux de mai 68. L’édito de Michel Taube

 

« Travail », « mérite », « examens », « sélectivité », « redoublement » : hier en conférence de presse et mercredi 6 décembre, au micro de France Info, le Ministre de l’Éducation nationale a prononcé tous ces gros mots et il a conclu par un « j’assume ». Si ce n’est pas un – brillant – coup de communication de l’étoile montante de la macronie, ce pourrait être un ouragan qui se lève sur le système éducatif français.

Il faut dire que la catastrophe était annoncée, elle est même constatée depuis longtemps, et confirmée par le dernier classement PISA – réalisé par l’OCDE (dont le siège est à Paris), lequel compare le niveau scolaire des élèves de 15 ans dans 74 pays. Le résultat est impitoyable : les petits Français, qui n’étaient déjà pas brillants, ont encore régressé. 26es en sciences et en mathématiques, 28es en compréhension de l’écrit. En résumé, le niveau d’un élève de 4e aujourd’hui est comparable à celui d’un élève de 5e en 1995. Et c’est le Ministère qui le dit.

Cette médiocrité est le produit direct de l’idéologie égalitariste, de l’esprit de complaisance généralisée, bref de la démagogie qui a pris le pouvoir après Mai 68 au sein d’un système éducatif qui prépare nos enfants à un monde tel que ces bobos urbains et wokistes en puissance le rêvaient sur les barricades. Un monde de bisounours, idéal pour des bourgeois (éventuellement) mais ravageur pour les couches les plus modestes de la société. Et non, le monde extérieur, comme nous le savons tous, est exigeant et impitoyable, et le jeune adulte, pour l’affronter, doit être autrement armé que d’un pistolet à bouchon.

Quoi de mieux pour s’y préparer que de grandir dans un monde éducatif qui, tout en pouvant se permettre de rester bienveillant, lui apprenne à être exigeant ? Fin de la complaisance dans la notation, élévation du niveau des attentes, fin du nivellement pseudo-démocratique par le bas, valorisation du travail et du mérite, retour du bon sens : comment justifier par exemple que les 11% d’élèves qui échouent au brevet des collèges entrent tout de même au lycée comme si de rien n’était ? Oui, l’école doit s’adapter aux élèves, mais pas à leurs caprices ni à ceux de leurs parents. Elle doit s’adapter à leurs besoins d’instruction et à ce qu’exigera d’eux le monde qu’ils vont découvrir.

En puissance, ce qui se joue dans les annonces du ministre, c’est la fin du collège unique, de cette sangle qui broie dans un même moule les enfants.

Après les propos du Ministre, les idéologues de la complaisance qui sont aussi des marchands d’œillères, empêtrés dans leurs théories pédagogistes et leur rhétorique auto-complaisante, doivent être sonnés. Mais les syndicats enseignants sont déjà montés au créneau pour condamner le grand retour du redoublement parmi les annonces du ministre.

Saluons enfin le retour en grâce des mathématiques qui seront soumises à une épreuve de Bac dès la première. Comme le français.

Car une France sans matheux ni adeptes de notre belle langue n’a pas d’avenir.

Michel Taube

Directeur de la publication