Edito
15H49 - mardi 5 décembre 2023

De ces familles délinquantes. Ce que nous apprend de la France la maire Marie-Hélène Thoraval. L’édito de Michel Taube

 

Crime raciste ou non (la vérité judiciaire ne dira certainement jamais le fin mot de l’histoire), ce qui est arrivé à Crépol, l’assassinat de Thomas, 16 ans, et le déferlement de violence sur un bal populaire de village, n’est pas un fait divers. C’est un fait de société en ce sens qu’il est le révélateur d’un état de la société. Un fait politique qui est le miroir de ces deux France qui s’affrontent désormais de façon répétée et accélérée. Car le drame de Crépol n’est pour nous qu’une onde de choc de l’embrasement de ces 500 villes moyennes qui a secoué la France au début de l’été 2023.

C’est Marie-Hélène Thoraval, la maire de Romans-sur-Isère, où se situe le quartier de la Monnaie dont sont issus les agresseurs de Thomas, qui a eu le terrible privilège d’être la première à poser ce diagnostic : dans de nombreuses villes de France, villes moyennes, qui ne font qu’un avec le tissu rural qui les entoure, vivent en toute impunité des groupes de jeunes qui sèment le désordre, la peur, et désormais la mort.

Cette France-là, oubliée, délaissée, profonde a peur et est en colère.

A Romans-sur-Isère, le quartier de la Monnaie, ce sont 4500 habitants qui n’aspirent peut-être qu’à vivre paisiblement dans une agréable ville de province. Mais un noyau dur d’entre eux, une centaine d’individus selon la Maire, violent les lois non seulement du bien-vivre ensemble, mais de la République française, de façon constante, délibérée, répétitive. Jusqu’à ce que survienne l’irréparable, le 18 novembre dernier.

Il est probable que Madame le maire ait sous-estimé les chiffres de ces sauvageons en bande organisée. Mais l’essentiel est ailleurs.

Qui sont ces individus ? Ces jeunes présentent des caractéristiques diverses nous dit l’édile : « des pathologies qui relèvent de la psychiatrie, un mélange le trafic de drogue et de consommation de drogue, de la délinquance et des violences sous différentes formes, certains étant eux-mêmes issus de parents délinquants, de radicalisation islamiste aussi, tous n’ayant jamais rencontré une réponse pénale à la hauteur de la situation. »

A notre connaissance, c’est la première fois qu’un responsable politique, pourtant de centre droit, ose dire cette vérité : les parents de ces jeunes délinquants sont souvent eux-mêmes des délinquants.

Cette vérité est pourtant fondamentale pour prendre la mesure du mal qui ronge la société.

Ces jeunes ne seraient pas d’une telle violence si leurs parents ne leur avait transmis cette culture de l’illégalité, de cette société parallèle, de ce communautarisme débridé et violent, victimaire et assisté, climat dans lequel ils ont eux-mêmes grandi et se sont complus.

Nous parlions en juillet d’une génération perdue de la République. En fait ce sont peut-être deux générations qui nous sautent aux yeux !

Lors des émeutes de fin juin et début juillet 2023, des témoignages de parents, souvent des mamans, qui encourageaient leurs enfants à piller les magasins qui venaient d’être saccagés avaient été rapportés.

Pour venir à bout de ce problème, il faut le plus tôt possible écarter les jeunes les plus délinquants de leur contexte familial, car oui, les familles sont responsables. Cela relève autant de l’aide à l’enfance que de la politique pénale.

La problématique familiale, ce sont aussi toutes ces familles mono-parentales, ces mamans débordées qui élèvent des fratries nombreuses et qui ont perdu toute autorité sur leurs enfants. Ce sont ces parents d’élèves qui insultent les profs qui font preuve d’un peu d’autorité au lieu de botter le cul de leurs enfants récalcitrants et insultants.

Frapper les familles au porte-monnaie, en suspendant ou en supprimant les allocations familiales, en les expulsant des logements sociaux serait une arme de dissuasion massive beaucoup plus efficace que des peines de prison avec sursis ou des rappels à la loi.

A Crépol, ce sont bien deux France qui se sont fait face. C’est une délinquance trop répandue, souvent familiale, n’ayant pas trouvé la réponse judiciaire suffisante pour l’arrêter, qui met au défi l’ordre républicain et abime la cohésion nationale. Le devoir d’y mettre un terme appartient aux autorités de l’État. Si elles persistent à se montrer défaillantes, elles seront complices de ce qu’il est en train d’advenir.

Madame le maire Thoraval a visé juste dans le portrait qu’elle dresse de la France dans ses interventions depuis le drame de Crepol mais personne n’a saisi au bond cette dimension familiale. Il est urgent de l’entendre.

Michel Taube

 

Directeur de la publication