Edito
11H59 - mardi 3 octobre 2023

Le duel Lisnard – Wauquiez aura-t-il lieu ? L’édito de Michel Taube

 

La droite républicaine n’existe pas ! Vive les droites républicaines !

 Les Républicains ont-ils encore un avenir ? Entre le duel Le Pen – Zemmour au sein des droites nationalistes, et la macronie qui tient malgré une majorité minoritaire au Parlement (merci à notre système constitutionnel hyper présidentaliste !), la question de la survie de la droite républicaine se pose depuis la bérézina présidentielle de 2022. 

Cette défaite ne fut pas celle que de Valérie Pécresse mais de tout un camp ! Pourquoi ? Parce que LR, comme l’UMP et le RPR dont le parti de la rue de Vaugirard est l’héritier, ne peut vivre qu’autour d’un chef incontesté. Sans leader charismatique, pas d’avenir pour une droite profondément bonapartiste dans ses ressorts politiciens.

Or les Républicains peuvent-ils encore se doter d’un chef comme réussirent à s’imposer en leur temps Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy (lequel adoube un jour Gérald Darmanin et le lendemain Laurent Wauquiez)…

Déjà, les candidats à la primaire de la droite en 2021 pourraient-ils revenir dans la partie ? Xavier Bertrand, Michel Barnier, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse (Denis Payre avait été écarté) peuvent-ils rebondir ? Il se dit que Valérie Pécresse voudrait repartir au combat.

Selon Guilhem Carayon, président des Jeunes Républicains et porte-parole de LR, « Laurent Wauquiez a une popularité très forte chez les Jeunes LR. Sa candidature suscite beaucoup d’espérance. Avec Éric Ciotti et David Lisnard, ils sont tous très complémentaires ».

Qu’en pense Xavier Bertrand, champion de la droite sociale ? Et Aurélien Pradié, proche du président des Hauts-de-France, qui veut jouer les dynamiteurs au sein du groupe LR à l’Assemblée Nationale ? Laurent Wauquiez l’a un peu renvoyé dans ses cordes en disant dimanche dernier devant l’université d’été des Jeunes Républicains à Valence : “Dans notre famille, on ne dépose pas des motions de censure à tout-va pour le simple plaisir de faire tomber un gouvernement, prenant ainsi le risque d’ajouter du chaos au désordre ».

Et David Lisnard ?

Est-ce que parce que le maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France inaugure ce soir ses nouveaux locaux parisiens (Rue des Entrepreneurs !) que le président de la région Auvergne Rhône-Alpes a lancé à Valence : “Je suis prêt” ?

 

Le duel Lisnard – Wauquiez est-il plus médiatique que déterminant ? 

David Lisnard ne compte pas se contenter d’insuffler une nouvelle énergie à LR avec son parti “Nouvelle énergie”. Il se dit qu’il veut aller jusqu’au bout.

Le maire de Cannes a l’avantage d’une clarté intellectuelle. Depuis toujours, il est un libéral conservateur européen.  Sa devise pourrait être : “tout ce que Macron n’a pas voulu ou pu faire, je le réaliserai.” 

La faiblesse de David Lisnard ? A trop soigner ses collectivités locales et pas assez les parlementaires, à trop cultiver l’image du gendre idéal, il manque encore de coffre. Le grand public ne le connaît pas comme son concurrent Laurent Wauquiez !

Sur le fond, ce dernier a davantage louvoyé au fil des années et son programme, dont une grande interview dans Le Point a commencé à dessiner quelques pistes en mai dernier, aurait-il encore besoin de temps ? La nomination hier par Eric Ciotti d’Emmanuelle Mignon, ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, comme vice-présidente de LR en charge des idées et du projet, avec la lourde mission d’élaborer le programme présidentiel du parti pour les Européennes et la présidentielle, accélèrera-t-elle les choses ?

Au final, il est grand temps que les deux hommes sortent d’une forme d’étau territorial dans lequel leurs fonctions à la tête de collectivités locales vont finir par les enserrer, montent sur l’arène nationale, assènent leurs coups contre le gouvernement, contre Marine Le Pen et Eric Zemmour, qu’ils mouillent la chemise et aillent tâter le cul des vaches et serrer les mains des Français.

Une chose est sûre : si la macronie explose en de multiples candidatures rivales pour la succession d’Emmanuel Macron au centre, un espace politique se libérera pour les droites républicaines. 

A condition qu’au plus vite les Wauquiez, Lisnard, Bertrand et Pécresse s’entendent sur un seul et unique chef derrière une seule et unique droite républicaine ! Les uns et les autres prendront-ils le risque de la division ?

Michel Taube

Directeur de la publication