Edito
19H45 - lundi 28 août 2023

Anne Hidalgo, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand à la frontière du Haut-Karabagh le 30 août : la France doit agir pour permettre à un convoi humanitaire de passer en Artsakh. L’édito de Michel Taube

 

A la demande du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), la maire de Paris a pris l’initiative de lancer un appel aux collectivités territoriales françaises pour organiser un convoi humanitaire à destination du Haut-Karabakh.

Anne Hidalgo, le président (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, ainsi que le vice-président du conseil régional d’Ile-de-France, Patrick Karam, et la première adjointe de Marseille, Michèle Rubirola, unanimes dans leur soutien aux populations de l’Artsakh et coalisés pour apporter une aide humanitaire d’urgence, se rendront à la frontière du couloir de Latchine ce mardi 29 août qu’ils doivent atteindre le lendemain.

Les régions Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire et plusieurs villes de France subventionnent ce projet humanitaire.

C’est que l’été a été chaud dans cette province arménienne nichée entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : le 24 juillet 2023, Arayik Harutyunyan, président de l’Artsakh / Haut-Karabagh [notre photo] avait alerté l’opinion publique mondiale sur la crise humanitaire organisée sciemment par les autorités d’Azerbaïdjan contre tout un peuple.

Le 15 juin dernier, l’unique route, le corridor de Latchine, qui reliait la République de l’Artsakh / Haut-Karabagh à l’Arménie et au monde extérieur, avait été coupée par l’Azerbaïdjan, imposant un blocus illégal à toute une population :  les produits alimentaires, les médicaments, le carburant et les biens humanitaires de première nécessité sont épuisés, laissant une population locale de 120 000 personnes isolée et affamée. La famille s’est installée dans la province : 30 000 enfants font déjà face à un risque critique de malnutrition et d’urgences médicales mortelles.

Face notamment à l’étouffement de la République d’Artsakh depuis 255 jours, Luis Moreno Ocampo, ancien procureur général de la Cour Pénale Internationale, a rendu public le 7 août un rapport sans appel qui estime que le blocus du couloir de Latchine est considéré comme un génocide contre les Arméniens issus depuis toujours du Haut-Karabakh en vertu de l’article II, (c) de la Convention internationale sur le génocide.

Le représentant permanent de l’Arménie auprès de l’ONU a réclamé samedi 12 août une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU face à la « détérioration de la situation humanitaire » au Haut-Karabakh,

Dans son entretien fleuve accordé au Point le 23 août dernier, le président de la République française Emmanuel Macron a des mots très forts sur ce conflit : 

« Notre diplomatie est claire mais le temps n’est pas à la diplomatie. Je le déplore et je le condamne. Nous avons toujours dit être là pour la souveraineté des peuples. La question du Haut-Karabakh est compliquée, y compris pour la légalité des peuples. Je ne peux pas suivre les propos les plus jusqu’au-boutistes sur ce sujet. La France a condamné la guerre de 2020 avec clarté et organisé plusieurs opérations humanitaires. Aujourd’hui, nous faisons tout pour qu’un accord permettant une paix durable et la sauvegarde des peuples et des cultures soit trouvé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ce traité de paix est une nécessité, mais il doit être conforme au droit international. »

Le déplacement de ces personnalités françaises courageuses n’est pas dénué de risques : les autorités françaises et européennes doivent mettent en œuvre les moyens diplomatiques ad hoc afin de permettre aux 10 camions chargés de produits de première nécessité de passer le check point installé par l’Azerbaïdjan et d’arriver à destination.

 

Michel Taube

Directeur de la publication