Edito
10H50 - lundi 27 février 2023

La réforme qui pourrait envoyer LR en retraite. L’édito de Michel Taube et Radouan Kourak

 


Le bureau politique des Républicains a officiellement pris position en faveur de la réforme des retraites le 14 février dernier par 72 votes, huit votants se sont abstenus. C’est au nom de la cohérence et de la responsabilité que le président du parti Eric Ciotti a justifié cette délibération. Celui qui était à l’origine de la fronde interne, Aurélien Pradié, pourtant suivi par la jeune garde parlementaire du parti, a été déchu de son titre de numéro 2 du parti en raison de ses nombreuses réserves exprimées à l’encontre de la réforme des retraites.

Les Républicains proposaient déjà dans leur dernier programme présidentiel, un départ à la retraite à 65 ans. Mais aujourd’hui la question est sujette à division au sein du parti. Une part importante des militants est aujourd’hui hostile à cette réforme alors que les cadres du parti y sont plutôt favorables. Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR est à plusieurs reprises monté au créneau contre Aurélien Pradié, l’accusant ainsi de jouer le jeu de la surenchère dans le désintérêt de leur parti.

Le sénateur a d’ailleurs été le premier à brandir l’arme de la menace, expliquant ainsi que le député ne pouvait rester Vice-président avec de telles positions.

Cette semaine, avec l’ouverture des débats au Sénat, Bruno Retailleau sera sous les feux de la rampe (espérons plus que son homologue de l’Assemblée, Olivier Marleix) et il risque fort de faire office pendant ces quelques jours d’exposition de Vice-Président bis de LR.

Quant à lui, Aurélien Pradié ne s’en est pas laissé compter et a continué tout au long de la semaine dernière à s’opposer à la réforme.

LR sortira-t-il de la bataille des retraites comme l’appendice inaudible de la macronie, pendant que Marine Le Pen en sort une fois de plus comme l’opposante vedette au pouvoir ?

Les turbulences et les crises sont désormais monnaie courante au sein des Républicains depuis 2012 (et bien plus longtemps) : affaires politico-judiciaires, départs, échecs électoraux… Les Républicains conservent toutefois un ancrage local fort, c’est le premier mouvement dans les collectivités françaises mais il peine à arracher de nouvelles victoires nationales.

Qui sera le sauveur de la droite ? Laurent Wauquiez et Davis Lisnard, tous deux discrets sur la réforme des retraites, se préparent pour 2027… Mais le défi est de taille : en 2022, avec 4,78%, Valérie Pécresse avait déjà divisé par quatre le score de François Fillon, dernier candidat du parti à la présidentielle. En cinq année, le groupe parlementaire aura perdu plus du tiers de ses membres.

L’objectif de LR dans les quatre prochaines années sera de se renouveler et de se réinventer tout en conservant sa colonne vertébrale idéologique. Le risque qui court sur le parti est aujourd’hui bien plus grand qu’hier… Il pourrait connaître la même histoire que le grand Parti Radical qui a dominé la Troisième République en devenant d’abord un parti d’élus avant son implosion et sa quasi-disparition.

C’est que les nouveaux ennemis du parti ne sont pas de gauche mais bien de droite : ils s’appellent Eric Zemmour, Edouard Philippe, Gérald Darmanin ou encore Emmanuel Macron et leur objectif commun est d’absorber aux seins de leurs partis respectifs le butin LR.

 

Michel Taube et Radouan Kourak, Rédacteur en chef