Edito
10H42 - lundi 13 février 2023

Défaillances d’entreprises : il faut sauver les TPE françaises ! L’édito de Michel Taube avec Daniel Aaron

 

Il faut stopper l’hécatombe. En 2022, les défaillances d’entreprises ont battu des records : 42500 ouvertures de procédures collectives. Or c’est surtout au second semestre que la courbe des dépôts de bilan et des liquidations judiciaires a commencé à grimper. Et 2023 sera terrible, probablement pire qu’avant 2020, la crise Covid et les 50000 défaillances annuelles moyennes. Les soldes d’hiver ont été mitigés [lire l’interview de Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, qui appelle à réinventer les soldes], signe d’une morosité de consommation qui donne le ton de cette année.

L’impossibilité d’honorer des commandes par ruptures des chaînes d’approvisionnement, crises de l’employabilité dans des secteurs où les patrons ne trouvent plus de candidats à des postes clés, les raisons sont multiples. Mais la plus oppressante est ce mur d’inflation des matières premières que les entreprises ne pourront répercuter sur les consommateurs est en train de prendre en tenaille les commerçants et les patrons les plus fragiles, surtout ceux qui faisaient de faibles marges sur leurs produits.

Si les particuliers subissent une inflation de 6% (avec un ressenti de 20% !), les TPE, elles, subissent des augmentations de 60%, elles….Avec un ressenti de 200% ! Lisez les journaux de la presse quotidienne régionale pour y trouver des exemples tragiques chez vos commerçants du coin ! 

Comme nous le confie à la une de notre rubrique « Opinion Entrepreneurs » Thierry VEIL, patron de BAGELSTEIN, la célèbre chaîne de bagels, « le client n’est plus roi et les fournisseurs ont pris le pouvoir ». Mais lorsque ces fournisseurs, par spéculation largement, font exploser la facture, leurs clients cette fois-ci ne peuvent plus suivre.

Or les TPE, les artisans, les commerçants, les PME en ont assez d’être les variables d’ajustement des excès du capitalisme ou de quelques vautours qui spéculent sur le moins mauvais des systèmes économiques.

Elles doivent s’adapter au nouveau monde dans lequel nous sommes entrés : combien de petites entreprises exploitent-elles le trésor que constitue les données numériques dont elles disposent dans leurs fichiers clients et autres ? L’interview que nous a accordée Jean-Marc Lazard, PDG d’Opendatasoft, est instructive. De même les commerçants doivent dédoubler leur enseigne en créant leur e-commerce pour repousser les murs de leur clientèle.

Mais concrètement, face à la crise, il est profondément scandaleux que la profession nouvellement créée des fournisseurs d’énergie (ils sont à peine une centaine), sorte de brokers, de simples intermédiaires entre les vrais producteurs et les consommateurs, se permette, comme dans une bulle d’insensibilité, de multiplier par 10 ou 20 les tarifs d’électricité alors que les coûts initiaux de production ont à peine augmenté de 12 à 20% avec les répercussions de la guerre en Ukraine. Loïk Le Floch Prigent, célèbre capitaine d’industrie qui devrait être nommé Commissaire général à l’énergie, milite pour revenir à une organisation plus saine du marché de l’énergie au nom de son caractère stratégique vital pour l’économie.

S’il est hors de question de replonger dans un « quoi qu’il en coûte » dont les générations à venir auraient à payer la facture, le gouvernement doit, peut agir au plus vite par des mesures techniques audacieuses :

  Un décret pourrait autoriser les TPE et les PME à geler le paiement de leurs factures 2023 à hauteur des montants payés l’an passé (rehaussés de 10% par exemple) et, pour la partie supérieure, soumise à une négociation nationale que l’Etat doit mener lui-même avec ces fameux fournisseurs d’électricité.

– un “PEGE”, le PEG énergie, permettrait de financer le sucroût (au-delà de l’inflation) des prix de revient. Il aurait l’avantage d’être appliqué facilement par les banques sur la base simplissime des factures qui leur sont présentées. Les banques devraient être plus réactives que les administrations publiques. 

A Pierre Pelouzet, l’excellent médiateur des entreprises, qui doit être débordé de sollicitations, et Olivia Grégoire, ministre déléguée aux PME, Commerce, Artisanat et Tourisme, de jouer !

Les entreprises sont le poumon de l’économie, les chefs d’entreprise les chefs d’orchestre de milliers de bassins de vie. Les aider à traverser cette période folle est un impératif national.

Il faut sauver le soldat TPE !

 

Michel Taube

Avec Daniel Aaron, chef de rubrique « Opinion Entrepreneurs »

 

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