Edito
13H40 - samedi 26 février 2022

L’invasion de l’Ukraine : un mauvais coup pour Zemmour et Le Pen. L’édito de Michel Taube

 

Biden sort ses molosses face à Poutine

Avec le drame que vit le peuple ukrainien et le risque de l’extension du conflit qui rappelle les heures les plus noires de la Guerre froide, il peut paraître dérisoire d’évoquer la campagne électorale hexagonale, d’autant plus que l’histoire tragique conduit généralement le peuple à se ranger derrière son chef.

Emmanuel Macron sera réélu. Poutine a voté pour lui. Et pourtant, dans cette crise majeure, notre président n’a pas fait grand-chose d’autre que de la com’, même si par principe, on se doit de saluer tous les efforts visant à éviter le pire. Comment Emmanuel Macron aurait-il pu rester de marbre devant la menace nucléaire brandie sans vergogne par le paranoïaque pathologique qu’est devenu Vladimir Poutine ? Certes, il n’y a pas que lui : comment Joe Biden, président de la première puissance économique et militaire du monde (dix fois le budget militaire de la Russie), a-t-il pu d’emblée exclure toute réponse militaire à l’invasion de l’Ukraine, donnant ainsi au maître du Kremlin un blanc-seing à ses desseins belliqueux ?

En France, Éric Zemmour et Marine Le Pen auront de mal à convaincre qu’ils ne sont pas dans le mauvais camp, celui de Vladimir Poutine. Certes, sur le fond, leur analyse n’est pas absurde : depuis la chute de l’empire soviétique, les Russes sont allés d’affronts en humiliations, et l’intégration des pays d’Europe de l’Est à l’OTAN, alors que la guerre froide semblait derrière nous, n’a pas été ressentie par les Russes comme un geste de fraternité et d’amitié. Lorsque l’Ukraine a sollicité son adhésion à l’OTAN, la moutarde a monté au nez de Vladimir Poutine, qui n’attendait que ce prétexte pour démarrer le processus de la Grande revanche. Celle de la Russie comme la sienne, nabot devenu géant, frustré devenu tyran, comme d’autres.

Vladimir Poutine (et non le peuple russe qui se sent plus pro-Européen que son maître actuel) est aujourd’hui l’incarnation du mal.

Éric Zemmour et Marine Le Pen ont condamné l’invasion russe de l’Ukraine. Mais cela ne suffira pas à gommer l’impression qu’ils ont choisi le mauvais camp, le camp du mal. Ils ne s’en remettront pas. Éric Zemmour, en particulier, avait osé affirmer qu’il fallait un Poutine à la France, lui-même, bien évidemment. Aujourd’hui il tente de recoller les morceaux, évoquant le patriotisme de l’individu. La candidate d’un RN débiteur d’une banque russe refuse de dire que Poutine est un dictateur. Elle est, comme Éric Zemmour et un troisième larron, Jean-Luc Mélenchon, sur une ligne de neutralité et de non-alignement : ni Moscou, ni Washington, et ni l’Europe. Le leader de France Insoumise ne devrait pas trop pâtir de son poutinisme qu’il nie désormais avec véhémence, comme d’habitude. Mélenchon est si décalé du monde réel et si agressif avec tous ceux qui le lui font remarquer que ce ne sont plus ses paroles qui importent, mais son rôle de bouée de sauvetage d’une gauche à la dérive.

Que de futilités, face au drame vécu par le peuple ukrainien, peut-être en prélude à d’autres drames qui planent sur toute l’Europe. « Je vous protégerai » a dit Emmanuel Macron. Cela nous fait donc deux certitudes : Poutine est un monstre et Macron notre prochain président.

 

Michel Taube

Directeur de la publication