Edito
06H05 - samedi 5 février 2022

​​De la peur et de la lâcheté. L’édito de Michel Taube

 

Michel Taube répondait mardi 1er février  à Jean-Marc Morandini sur le manque de solidarité des journalistes face au lynchage de notre consoeur Ophélie Meunier :

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Je suis Ophélie

Il aura donc fallu deux semaines pour que la mobilisation commence à s’organiser. Depuis le 23 janvier et la diffusion du reportage de M6 sur le salafisme à Roubaix, la journaliste, Ophélie Meunier, et le militant associatif, Amine Elbahi, connaissent l’enfer du lynchage et des menaces de mort sur les réseaux sociaux. Les voici placés sous protection policière. Deux vies de sérénité, de joie de plus compromises par le poison du wahabisme, du salafisme et de l’islam radical qui gangrènent nos cités, nos quartiers, nos librairies – comme le montre le reportage incriminé à Roubaix -, les réseaux sociaux et la jeunesse.

Il aura fallu dix jours pour que 160 personnalités en appellent dans Le Figaro à réveiller les consciences en souvenir de « l’esprit Charlie ».

https://twitter.com/MontbrialAvocat/status/1489298109788303369

La Société des journalistes de M6 avait ouvert le « bal » quelques jours plus tôt : « Nous, SDJ des JT de M6 et SDJ de RTL apportons notre plein soutien à toute l’équipe de Zone Interdite et en particulier à Ophélie Meunier, ainsi qu’à tous les intervenants qui ont accepté de témoigner ».

En visionnant le documentaire de M6, il faut avoir l’esprit particulièrement tordu pour en déduire tout amalgame avec l’islam dans son ensemble, les musulmans ou les Roubaisiens. Les accusations d’amalgame à l’encontre du reportage de M6 sont d’une absolue mauvaise foi. Ce n’est pas parce que d’autres reportages montraient le crack à Paris qu’on voulait faire croire que tout Paris était miné par le crack. Ce sont eux, ces islamogauchistes, qui pratiquent l’amalgame et ce faisant, concourent à la stigmatisation des musulmans.

Le sort de ces deux lanceurs d’alerte que sont à leurs dépens Ophélie Meunier et Amine Elbahi doit nous réveiller une fois de plus : le « pas de vagues » et le clientélisme avec les « communautés », voilà le cocktail de la peur et de la lâcheté qui est en train de nous faire perdre cette guerre ! Malgré ses outrances, ses fausses solutions, Eric Zemmour est peut-être le produit de la réaction salutaire du peuple français contre ses propres turpitudes face à l’ennemi de l’intérieur qu’est devenu l’islam radical.

Le silence ou même le défaut de soutien à Ophélie Meunier de tant de rédactions de la presse écrite et audiovisuelle est un très mauvais présage. Celui de la capitulation. Il donne du crédit à la mise en garde de l’écrivain algérien Boualem Sansal, qui voit la France laïque à la fois comme adversaire majeur des islamistes et comme le talon d’Achille de la lutte contre l’islam radical. Il fait aussi écho au roman d’anticipation « Soumission », de Michel Houellebecq.

Ophélie Meunier n’a fait que montrer une réalité qui n’est ni aussi marginale qu’une gauche moralisatrice et soumise ou complice veut le laisser entendre, surtout parmi les jeunes musulmans de France, désormais majoritaires à préférer la charia aux lois de la République. Le manque de soutien à Ophélie Meunier fait le jeu des islamistes, mais aussi celui des partis nationalistes qui prétendent savoir les combattre, là où les gouvernants actuels et passés ont échoué à la faire, voire ont sciemment renoncé à mener le combat.

Aujourd’hui, le reportage de M6 illustre un double drame : les élites ne veulent toujours pas voir la réalité en face. Et, oui, la peur et la lâcheté, ont gagné du terrain : la meilleure manière de résister aux menaces et de vaincre la peur eut été la cohésion et l’unité, en l’espèce celle des journalistes. Tous les médias auraient dû publier les caricatures de Charlie, surtout après le massacre de sa rédaction. Tous les médias auraient dû dénoncer les diverses fatwas que des pseudo-imams autoproclamés édictent à l’encontre de ceux, a fortiori s’ils sont musulmans, qui refusent de se soumettre à leur vision de l’islam, qui n’est plus celui auquel aspirent tant de jeunes Iraniens, Égyptiens, Palestiniens, Marocains ou Turcs. Des jeunes et moins jeunes Français également, mais ils doivent désormais le crier haut et fort, et ne plus invoquer le prétexte de leur acception de la République pour rester silencieux. Silence peut valoir consentement ou être interprété comme tel.

Il est inacceptable que le fondamentalisme soit combattu en terre d’islam et toléré en France. Si tous les médias soutenaient sans réserve Ophélie Meunier et tous ceux qui sont menacés à la suite de sa diffusion, ils défendraient la liberté d’expression, leur liberté, notre liberté, nos valeurs et osons le dire sans que cela ne vaille allégeance à qui que ce soit, notre civilisation. Les islamistes ne peuvent pas menacer tout le monde. Notre unité, celle de la presse dans cette affaire, enlèverait à leurs menaces toute substance. Il est encore temps de réagir, mais il faut faire vite pour ne pas perdre son honneur et de ne récolter demain que la guerre (civile).

 

Michel Taube

Directeur de la publication