Edito
07H15 - vendredi 21 janvier 2022

Jean Castex, le début de la fin (de la vague Omicron) ? L’édito de Michel Taube

 

Ceux qui fustigeaient la « dictature sanitaire » devraient se réjouir de voir Emmanuel Macron, par le truchement de son Premier ministre et du ministre de la Santé, annoncer hier soir le desserrement progressif de l’étau des restrictions. Fin février – début mars, ce sera un peu « fais ce qu’il te plaît ». Enfin !

Un juge du tribunal administratif de Paris avait donné le coup d’envoi, en déclarant que l’obligation de porter le masque à l’extérieur était une atteinte disproportionnée aux libertés, au regard du risque de contamination. Curieux, d’ailleurs qu’un seul juge statuant en référé (donc en urgence et sur des situations en principe évidentes) puisse être plus compétent en la matière que le gouvernement entouré d’une pléiade de scientifiques. Depuis, le préfet a desserré le masque, les Parisiens ne devant désormais le porter à l’extérieur que dans certains cas de figure que personne ne connaît, donc jamais en pratique.

Reste l’hypothèque du Conseil Constitutionnel : si celui-ci devait retoquer aujourd’hui le pass vaccinal, auquel Jean Castex a redit hier son attachement féroce, les résistances de la société à la politique gouvernementale redoubleraient de plus belle.

Certes, il nous faut bien revivre mais les Français auraient bien tort de considérer que le Covid est derrière eux, que le variant Omicron ne touche que les grabataires, et qu’il n’est qu’un petit rhume. Dans les hôpitaux, la marée est toujours montante et encore trop souvent fatale pour les non-vaccinés. Les soignants d’hôpital, de ville et de campagne sont aussi au bord du burn-out !

Le bon sens et l’observation de la situation à l’étranger conduisent à recommander la prudence, même à l’extérieur s’il y a foule. Rappelons que ce qui fut probablement le premier cluster européen se forma dans un stade de football, en Italie, et que le variant Omicron est incroyablement plus contagieux que la souche d’origine.

Phénomène étrange : certains médecins jurent que dans quelques semaines, le Covid appartiendra au passé, qu’il est déjà presque bénin, et qu’il faut arrêter de nous « emmerder » (sémantique macronienne d’Evangile) avec le pass sanitaire devenant vaccinal, et les gestes barrières. Cette posture un tant soit peu populiste pour un médecin est-elle très pédagogique et raisonnable ? Car d’autres scientifiques sont bien plus prudents, d’autant plus que personne ne peut promettre qu’un futur variant ne sera pas aussi contagieux qu’Omicron et aussi létal, voire plus, que la souche initiale. Un médecin ne devrait pas faire des pronostics en espérant en tirer une gloire. Son Serment d’Hippocrate le lui interdit d’ailleurs, et il n’a été que trop bafoué sur les plateaux de TV et dans la presse.

 

Un calendrier de sortie de la vague Omicron très politique

On constate par ailleurs que l’allègement des restrictions coïncide parfois avec les difficultés intérieures des dirigeants politiques. Au Royaume-Uni, Boris Johnson est sur la sellette. Résultat : il ouvre les vannes et il lâche tout, ou presque. Le pari est risqué mais gagnable, si les Britanniques restent conscients du danger, et prennent eux-mêmes quelques précautions pour ne pas tenter le diable. Car il est maintenant acquis que le fameux Omicron épargne à la plupart des malades vaccinés les affres de l’hospitalisation, et plus encore celles de la réanimation.

En France, Emmanuel Macron avait commencé à s’essouffler dans les sondages avant même que le boomerang de son grand numéro européen lui revienne en pleine figure, dans l’enceinte du Parlement de Strasbourg mardi dernier. Manifestement, la stratégie du tout-Covid comme seul enjeu électoral fait moins recette. Au contraire, le raz-le-bol gagne du terrain, même si les antivax restent considérés comme des marginaux voire des Ayatollah de l’anti-système.

Bref, autour des vacances d’hiver (entre le 12 février et le 7 mars), les contraintes de la vague Omicron seront presque derrière nous. Prenons les paris… Enthousiasme de cette libération sanitaire. Joie du printemps avancé de quelques semaines à la faveur du réchauffement climatique. Aux oubliettes d’une mémoire de plus en plus courte le bilan et les violences subies pendant le quinquennat Macron… Fin février, début mars serait le moment idéal pour qu’Emmanuel Macron annonce sa candidature à l’élection présidentielle.

Seule une baisse conséquente de sa cote de popularité dans des sondages qui prêtent à douter pourraient accélérer sa déclaration de candidature.

Pour Emmanuel Macron, c’est peut-être le début de la fin… de la parenthèse Omicron !

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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