Edito
06H34 - mardi 30 novembre 2021

La gueule du loup ? L’édito de Michel Taube

 

Décidément, ils se seront tous ligués pour faire passer au second plan la désignation cette semaine du candidat de la droite républicaine à la présidence de la République : Éric Zemmour qui va annoncer sa candidature ce midi dans une vidéo sur les réseaux sociaux puis à 20h sur TF1, la macronie revisitée dans la Maison commune « Ensemble Citoyens ! » (nous reviendrons sur ce nom prochainement) qui a été lancée hier soir. Même le variant Omicron s’y est mis !

Mais au final, samedi 4 décembre à 14h30, les organisateurs du vote du candidat LR pourront se dire : et le vainqueur est… le parti Les Républicains !

Par quel tour de force, en effet, Christian Jacob a-t-il réussi à remettre le parti des Républicains au centre du cercle de la vie politique à droite ? Par un subtil tour de passe-passe, le nombre des adhérents a été multiplié par trois et les agneaux égarés sont revenus au bercail. Ils sont 140 000 qui auront à désigner leur champion pour la course à l’Élysée.

Combien de temps Christian Jacob pourra-t-il pavoiser au-delà du 4 décembre ? Il est à craindre qu’entre la surabondance de candidats à l’extrême-droite (Eric Zemmour, par ses outrances, a rendu fréquentable Marine Le Pen), et la nouvelle maison commune du centre qu’Emmanuel Macron, Edouard Philippe et François Bayrou ont lancé hier, la ou le candidat des Républicains aura du mal à se qualifier au second tour de la Présidentielle.

Le soir du 4 décembre, le plus difficile commencera : remiser les rancunes, les rivalités, réunir les cinq candidats et former une machine de guerre pour tenter de gravir les Alpes de la Présidentielle en un temps record. Premier rendez-vous : le 11 décembre pour un premier meeting porte de Versailles à Paris.

Mais qui sera le premier de cordée de la famille LR ?

Valérie Pécresse et Xavier Bertrand étaient et sont encore les favoris du tout-Paris et des sondages. Mais vu les conditions et surtout l’électorat restreint, selon nous très à droite, auxquels ils ont accepté de soumettre leur destin présidentiel, on peut s’attendre à de grosses surprises. Seront-ils les Juppé de 2016 ?

Xavier Bertrand, dont le programme mêle sécurité tolérance zéro et apaisement social, est perçu comme le mieux placé pour battre Emmanuel Macron : le vote utile jouera-t-il en sa faveur ?

Valérie Pécresse est une femme : cette qualité, décisive par les temps qui courent, nul ne peut la lui disputer parmi ses rivaux. Trop Versaillaise pour les uns, soupçonnée d’être le prochain Édouard Philippe de la macronie (bref de lorgner Matignon en juin si le chef de l’Etat venait à subir une cohabitation dès les législatives de mai 2022), elle souffre, comme Xavier Bertrand, de sa démission de LR en 2019. Il paraît que les militants n’ont pas apprécié.

Pour Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, ce vote, c’est un peu comme se jeter dans la gueule du loup. Les nombreux élus locaux de droite et de centre-droit qui ont adhéré en catastrophe à LR, certains à la dernière minute, feront peut-être la différence en leur faveur.

Car l’idéologie, la lepénisation, la zemmourisation des militants et sympathisants de LR pourraient créer la surprise : pour le noyau dur de LR, Eric Ciotti pourrait bien être le François Fillon de 2016 ! Et entre Zemmour et Macron au second tour, comme il l’a lui-même envisagé, il pourrait rêver de mettre son nom dans l’urne électorale le 24 avril 2022. La virulence, la clarté (selon les points de vue) de son programme contre l’insécurité et l’immigration non contrôlée, avec les outrances révisionnistes en moins, pourraient faire d’Eric Ciotti un Zemmour fréquentable et le vainqueur surprise de LR.

Epuisés par les combinazione d’appareil et la vaisselle trop souvent cassée par ces mammouths, les électeurs pourraient se tourner vers Philippe Juvin dont le parcours plus société civile force le respect !

Quant à Michel Barnier, c’est un peu « Papy fait de la résistance ! » Il est vrai qu’après une cure quinquennale de jouvance et de jeunisme avec Emmanuel Macron, les Français pourraient ressentir le besoin de s’en remettre à la sagesse d’un ancien. Et à Opinion Internationale, on aime les Anciens. La réalité est que si Michel Barnier, grâce à sa stature internationale, à sa hauteur de vue, se glisserait volontiers dans les habits d’un monarque présidentiel aux allures gaulliennes, il n’est pas acquis que le soutien de Laurent Wauquiez, son collègue du Puy-en-Velay et de la Région Auvergne – Rhône – Alpes, suffise à convaincre des électeurs LR en rupture avec Bruxelles de soutenir un champion de l’Europe.

Mais, c’est connu, les éditorialistes politiques sont souvent de piètres prévisionnistes ! Je vous le dis, on va finir à la météo !

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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