Edito
06H31 - vendredi 22 octobre 2021

Christine Taubira complice de fait des antivax… et des Antilles au bord du précipice. L’édito de Michel Taube

 

En Guyane, le blocage des dépôts pétroliers met ce territoire français d’Amérique latine en pénurie totale d’essence. Au même moment, en Martinique, le directeur du CHU a cédé hier à la pression locale et décidé, contre l’avis de son administration de tutelle, de réintégrer les soignants non vaccinés qui avaient été suspendus. C’est que, à sa décharge, si peu d’entre eux étaient vaccinés que la continuité du service public était menacée.

Ces faits gravissimes sont l’occasion de revenir sur la responsabilité politique des dirigeants politiques locaux qui, par électoralisme et manque de courage politique, ont prêté le flanc aux antivax et aux adversaires de la présence française.

« Je n’ai pas vocation à appeler à la vaccination », s’était fendue Christine Taubira sur RTL le 23 septembre dernier. Pourtant, la situation sanitaire de sa Guyane natale était déjà dramatique (moins de 20 % des Guyanais sont entièrement vaccinés), principalement parce que les résistances irrationnelles et obscurantistes à la vaccination sont tenaces, comme dans les Antilles, et ce, malgré les appels presque désespérés du corps médical.

Nous avions déploré le silence des leaders d’opinion antillais, en particulier les sportifs fraîchement médaillés des J.O. de Tokyo, à commencer par notre super star du judo, Teddy Riner. Les sportifs, passe encore, mais une femme politique qui prétendit un temps à la magistrature suprême, cela non !

D’autant que c’est l’argumentation de Christiane Taubira qui fut choquante pour refuser d’encourager les Guyanais à se vacciner. Ses arguments furent dignes des complotistes et autres obscurantistes qui manifestent encore en petit nombre tous les samedis à Paris : « Je suis un responsable politique qui n’est pas en exercice et qui, par conséquent, ne dispose pas des éléments d’information qui lui permettraient formellement soit de donner consigne, soit de considérer qu’au vu de ces éléments d’information je considère que je tiens un propos responsable ». Mauvaise foi abyssale ou ignorance coupable ? Plus de six milliards de doses de vaccin anti-covid ont été injectées dans le monde. Selon le gouvernement, 80 % des patients hospitalisés pour cause de Covid n’ont pas été vaccinés. Les antivax oublient que leur liberté s’arrête ou commence celle des autres, en l’occurrence celle de ne pas tomber malade et de vivre à peu près normalement. Devant le torrent d’indignation suscité par ses propos, Christine Taubira s’était certes fendue d’un tweet embarrassé, soulignant qu’elle était vaccinée et que les arguments des antivax sont « un tissu d’imbécilités ». Manifestement, elle n’a pas réécouté ses déclarations !

Mais la grande dame nous a servi un autre argument, tout aussi troublant : elle ne veut pas « culpabiliser les Guyanais », avant d’ajouter qu’ils « prennent au sérieux la question de leur santé ». Malgré les campagnes d’information, les responsables, ce sont toujours les autres.

Cette manière de procéder nous rappelle furieusement un épisode honteux de la carrière de Christine Taubira : il y a vingt ans fut votée la loi Taubira tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. En 2005, Jacques Chirac fit du 10 mai, jour de l’adoption de ladite loi, la « journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition ». En 2006, Christine Taubira fut interrogée par l’Express sur le fait que seule la traite négrière occidentale fut visée, le texte passant totalement sous silence l’esclavage perpétré à grande échelle par les Arabes (et que certains perpétuent encore, notamment dans les pays du Golfe et en Libye). Sa réponse fut aussi sidérante que scandaleuse : il ne faut pas que les « jeunes Arabes…/… ne portent sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ». Ce négationnisme sélectif a pour effet que seuls les jeunes blancs doivent supporter la responsabilité de faits que certains de leurs ancêtres ont commis. Cette logique est celle des indigénistes les plus virulents, profondément racialistes.

Aujourd’hui, ce sont les Guyanais qu’il ne faut pas culpabiliser, s’ils refusent obstinément de se faire vacciner, malgré la situation ostensiblement dramatique. La faute aux blancs, encore ?!

 

Michel Taube

Directeur de la publication