Edito
06H27 - mardi 19 octobre 2021

Covid-19 : coucou, me revoilà ! L’édito de Michel Taube

 

On l’avait presque oublié, ce fichu coronavirus qui a bouleversé les modes de vie aux quatre coins de la planète (certes ronde, mais qui ne tournait plus vraiment dans le bon sens).

Avec la vaccination massive grâce à l’instauration du pass sanitaire (mais si chers antivax, antipass, anti tout…), et malgré les variants plus résistants au vaccin, nous avons retrouvé une vie presque normale. Restaurants, cinémas (mais les Français rechignent encore à regagner les salles obscures), spectacles, vacances… On y est presque. Trop même ? Il reste trop de réfractaires à la vaccination, alors qu’il n’est aujourd’hui plus possible de contester son efficacité ni de mettre en exergue le manque de recul, sauf à tomber dans une forme d’obscurantisme ou de complotisme. Ailleurs, et pas forcément très loin de nous (en Europe de l’Est notamment), l’épidémie a reprend de la vigueur à la faveur d’une vaccination insuffisante.

Ici, on oublie les gestes barrières : se laver les mains (« c’est bon contre la gastro ! », nous disaient certains médecins). Et bien justement, la gastro frappe en force, signe supplémentaire que se nettoyer les mains est utile, au-delà de la Covid, et qu’on en a perdu l’habitude. On néglige aussi le masque, alors qu’il est le premier outil prophylactique, en complément de la vaccination. Dans les transports en commun, même bondés, de plus en plus de voyageurs le portent sous le menton, au mieux sous le nez (la Covid du menton, vous connaissez ?). Donc ne le portent pas. On croise de plus en plus de personnes malades, pas nécessairement de la Covid. Faut-il y voir un lien de causalité ? En Asie, porter le masque dans la rue n’est pas considéré comme une privation de liberté imposée par la dictature sanitaire. Est-ce utile contre la Covid ? La position du président américain Joe Biden semble frappée au coin du bon sens : A l’extérieur, il recommande de porter le masque s’il y a foule.

Si l’on ajoute la perte d’efficacité du vaccin après six mois (durée encore controversée), le manque de clarté des pouvoirs publics quant à la nécessité d’une dose de rappel, et l’effet de la baisse des températures sur la vigueur du virus (là aussi, ceci reste à démontrer formellement), on peut craindre que la sortie du tunnel ne soit pas acquise.

Il faudra peut-être encore vivre longtemps avec la Covid, comme on vit avec la grippe. Mais compte tenu de sa dangerosité largement supérieure, en particulier (mais pas seulement) sur les personnes âgées et/ou fragiles, nous devrons encore nous vacciner, porter le masque, nous nettoyer les mains, conserver autant que possible quelques distances en cas de promiscuité… « Une entrave à notre liberté », clament les anti tout ! Mais non, c’est le contraire : un compromis qui permet de vivre et à l’économie de ne pas sombrer, avec les conséquences dramatiques que cela aurait en termes de pouvoir d’achat, de chômage, de pauvreté… Il n’y a pas de vaccin contre l’égoïsme, la peur irrationnelle, l’obscurantisme, la bêtise… Le débat n’est donc pas clos, tant s’en faut.

Enfin, on ne peut écarter qu’un variant ne rebatte totalement les cartes, et qu’en attendant l’adaptation des vaccins, heureusement plus simple et rapide grâce à la technologie ARN messager, on en revienne à des mesures de type couvre-feu ou confinement, qui ne seraient vraisemblablement acceptées par la population qu’en cas de saturation des hôpitaux et de flambée de la mortalité. L’ombre de la Covid pourrait alors planer sur les élections présidentielles et législatives, et nous faire regretter, une fois encore, que rien n’ait été entrepris pour permettre le vote en ligne.

Michel Taube

Directeur de la publication