Edito
11H24 - mardi 25 mai 2021

Macron le président des jeunes ? En tout cas, c’était une bien mauvaise anecdote avec McFly et Carlito !

 

L’édito de Michel Taube

Non, Messieurs, contrairement au match nul affiché, le concours d’anecdotes s’est soldé par la victoire des jeunes McFly et Carlito contre Macron !  Ces deux youtubeurs (vidéastes humoristes) à succès sont adorés des jeunes. Dimanche 23 mai, Emmanuel Macron les a invités à l’Élysée après qu’ils ont dépassé les 10 millions de vues dans une vidéo appelant au respect des gestes barrière. Le chef de l’Etat s’est livré avec ses invités à quelques devinettes ras des pâquerettes avec un peu de « j’me la pète », notamment en appelant Kylian M’bappé (du 100 % improvisé, bien entendu !). Au passage, de la nonchalance sur l’usage de drogues par les uns et les autres… Gerald Darmanin a dû se dire : « c’est de la merde ! » (la drogue ou la légèreté de leurs propos cannabissaux). Et pour finir, quoi de mieux qu’un petit concert de métal dans les jardins de l’Élysée dont le genre musical vient de gagner l’Eurovision. Résultat : plus de 10 millions de vues sur Youtube, dans les vingt-quatre heures suivant le show.

Une élection, a fortiori présidentielle, est EN MEME TEMPS un projet global, la flatterie d’innombrables corporatismes et, plus que jamais, l’art de la communication. Le produit Macron a été fort bien marqueté en 2017, même si l’ancien ministre de François Hollande (que c’est loin !) a eu encore plus de chance que les Bleus en finale de la Coupe du monde 2018 (ultra dominés 90 % du temps, les Bleus ont mis quatre buts aux pauvres Croates… Faut quand même un peu de bol).

Le chef de l’État – pardon, le candidat Macron, est dans sa phase racolage de clientèle. Ce n’est pas un reproche. Ils en sont presque tous là. Certains n’auront que des miettes à se partager (de grosses miettes parfois). La gauche a perdu les classes populaires parties à l’extrême droite, puis les classes moyennes. Elle se partage les Français issus de l’immigration (dix millions venant d’Afrique, selon Macron) et les bobos de la bien-pensance. Ils mangent bio (ils ont sans doute raison), aiment les migrants, les Roms, les Palestiniens (même ceux du Hamas ?), aiment les impôts (sauf pour eux) et se disent de gauche, parce qu’être de gauche, c’est bien, c’est généreux, c’est humaniste.

Et puis il y a ceux qui ont une chance de décrocher le pompon élyséen, et qui doivent ratisser large : ils ont et auront un mot doux pour chacun : les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, les épiciers et les coiffeurs, les boulangers et les garagistes, les joggeurs et les cinéphiles, les chiens, les chats et leurs maîtres…

Macron a fait son show : « je suis (encore) jeune et donc, je vous ai compris ! ». Il avait déjà compris (ou cru comprendre) que les jeunes, ça n’aime pas les flics (sauf quand ça se fait voler son scooter), et que c’est très antiraciste. Là, on ne peut dire que « Bravo ! » à condition de ne pas se retrouver idiots utiles des indigénistes et islamistes, qui dans le genre raciste battent tous les records.

Le président-candidat avait déjà entonné son couplet « flics racistes et violences policières » au micro de la WebTV Brut en décembre dernier, et le voilà qu’il en remet une grosse couche, pas sur le fond cette fois, en invitant à l’Elysée McFly et Carlito, stars des jeunes. De la pure com’. Ça fait même un peu drague lourdasse, genre outrage sexiste quand d’autres lourdauds sifflent les femmes dans la rue. C’est gros, c’est énorme… Mais ça marche !  Le mouvement Les Jeunes avec Macron (En marche en culottes courtes) annonce la couleur sur Twitter : « 🙌 Les Jeunes avec Macron • Premier mouvement politique de jeunesse de France ! 🇫🇷 »

Modeste, avec ça !

Heureusement pour le candidat Macron et pour les jeunes, la com’ sert parfois à vendre de la vraie cam’ (comme disent aussi les vendeurs de prêt-à-porter) : d’abord, le « Président des Jeunes » (rien que ça !) sort 9 milliards de cacahuètes :

Pour s’éclater après le purgatoire covidien, en espérant qu’il soit le dernier, il offre un PassCulture, plus sexy que le Pass sanitaire. Là aussi, sur Twitter, ça racole grave :

« Permettre aux jeunes, aux fans de rap, de métal, d’électro.
Aux amateurs de cinéma, de théâtre.
Aux lecteurs de romans, de BD.
Aux accros de GoT, de Validé.
Au Bataillon d’exploration…
#PassCulture ! »

Il se dit que les jeunes voteraient majoritairement pour Le Pen et pour les écolos (plus rouges que verts en réalité), et que Mélenchon séduirait pas mal de jeunes naïfs qui prennent cet admirateur des dictateurs de gauche pour un humaniste. Mais la majorité des électeurs de Mélenchon prévoyant de voter Le Pen au second tour de la présidentielle, les jeux ne sont pas faits. Il y a des parts de marché à prendre. Et Emmanuel Macron a des atouts : pour sa seconde campagne présidentielle, il sera toujours le candidat « sérieux » le plus jeune et celui qui est depuis le moins longtemps dans le paysage. Les autres sont pour la plupart les candidats de papa et maman.

Ceci dit, pour revenir aux trente minutes entre Macron et McFly et Carlito, il est profondément scandaleux que le chef de l’Etat n’ait pas parlé un instant des valeurs de la République, des gestes-barrières, du sens de l’engagement civique, ne serait-ce que sous forme de boutades. Heureusement que le groupe nantais Ultra Vomit a sauvé notre honneur en entonnant 5 secondes de la Marseillaise, un peu comme les premières notes de « All you need is love » des Beatles !

Macron, le président des jeunes ? Selon un sondage Ifop pour le JDD, la cote de popularité d’Emmanuel Macron progresse chez les plus jeunes, avec 51 % d’opinions favorables chez les 18-24 ans, soit 8 points de plus qu’en avril.

Attendons de voir en 2022 si ces dix millions d’aficionados ne s’abstiendront pas massivement ou voteront aux extrêmes.

Pour l’heure, cette vidéo de concours d’anecdotes n’était qu’une mauvaise anecdote ! Et il semblerait qu’après la tweetomania de Trump, Macron pourrait ne plus gouverner qu’avec des anecdotes.

 

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

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