Edito
11H29 - mardi 10 novembre 2020

Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2022. Et si son pari était gagnable ? L’édito de Michel Taube

 

Le parti La France Insoumise est un reflet de ce que serait l’accession au pouvoir de son fondateur, Jean-Luc Mélenchon : une autocratie sans aucune place pour la nuance, la critique, le débat. Mélenchon, dont l’admiration pour les dictateurs est bien connue (oui, mais des dictateurs « de gauche » !) refuse d’appliquer à lui-même le dégagisme dont il fit son leitmotiv durant la campagne des présidentielles de 2017. Bien qu’au sein même de son parti, l’islamogauchisme et l’indigénisme, dont il est un fervent supporter par conviction ou par clientélisme (ou les deux), ne fassent pas l’unanimité, personne n’ose piper mot. Le GRAND leader n’est pas du genre à organiser une primaire ou à accepter qu’on puisse lui faire de l’ombre.

En populiste bien trempé, il organise un semblant de GRAND référendum populaire, dont le résultat conditionnera sa candidature finale : 150.000 soutiens sur internet, et il fera don de lui-même à la France. Que ses groupies se rassurent : en 48h il a déjà atteint 118.000 « votes ». Presque un mauvais score vu le délai pour atteindre les fictifs 150.000 soutiens attendus !

Mais Jean-Luc Mélenchon y verra certainement un plébiscite en faveur du GRAND dirigeant bien aimé qu’il est, bref les prémices de son accession à la présidence de la République.

Le pari peut-il être gagné ?

C’est que Mélenchon y croit. Et s’il avait quelque raison d’y croire ?

On peut en effet avoir quelques doutes sur la fiabilité des sondages qui donnent Emmanuel Macron et Marine Le Pen au coude à coude au premier tour de l’élection de 2022. La leader d’extrême droite est sans doute assurée d’être qualifiée pour le second tour, mais en face d’elle, les suffrages seront vraisemblablement bien plus émiettés que ne l’indiquent aujourd’hui ces sondages par trop « optimisés ». À tort ou à raison, l’impopularité d’Emmanuel Macron est telle qu’il risque l’élimination dès le premier tour, le Covid n’arrangeant pas les choses. Si par ailleurs, les rats sont trop nombreux à abandonner le navire LREM à l’approche de l’échéance, le sortant pourrait même renoncer à se représenter, comme François Hollande en 2017.

Ce qu’il reste de la gauche républicaine n’a trouvé personne pour l’incarner. A droite aucune figure n’émerge pour le moment, du moins au sein de LR. Xavier Bertrand semble avoir une longueur d’avance, mais sans une candidature unique des droites républicaines, les mêmes causes produiraient les mêmes effets qu’à gauche.

La candidature de Jean-Luc Mélenchon sonne, une nouvelle fois, le glas de l’union de la gauche. De toute manière, cette union est une chimère. Le clivage idéologique est aujourd’hui ailleurs, au point qu’au lendemain des dernières élections européennes, un sondage IFOP-Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud-Radio indiquait qu’en 2022, près des deux-tiers des électeurs de Mélenchon qui ne s’abstiendraient pas au second tour, voteraient pour Marine Le Pen. Un modus vivendi entre extrêmes droite et gauche pourrait être trouvé sur l’immigration et l’islam, l’Histoire comme le présent (les « Loups Gris » de Erdogan) démontrant qu’islamisme et nationalisme d’extrême droite peuvent cohabiter.

S’il n’arrivait qu’en troisième position, Jean-Luc Mélenchon pourrait fort bien devancer (ou suivre) ses électeurs, et appeler à s’abstenir contre Macron pour faire élire Marine Le Pen au second tour.

Si la candidature de Jean-Luc Mélenchon condamne toute union de la gauche, celle de tous les mouvements épousant la cause islamo-gauchiste et indigéniste n’est pas totalement exclue. Les verts-pastèques, ceux d’EELV qui ne tardera pas à mettre au banc le trop raisonnable Yannick Jadot, sont parfaitement compatibles avec LFI, les autres groupuscules d’extrême gauche et ce qu’il reste du PCF.

Sauf qu’en annonçant sa candidature sous réserve d’un pseudo soutien populaire par pétition en ligne, Jean Luc Mélenchon ne peut s’attendre à ce que EELV renonce à présenter un candidat en 2022. Les Verts caressent le même rêve d’union que Mélenchon, mais derrière leur propre candidat évidemment, et forts de leur bon score aux municipales, score dont la portée est largement amoindrie par le très faible taux de participation.

Sans union des extrêmes gauches, les chances de Mélenchon de figurer au second tour sont faibles, mais pas nulles. On peut se retrouver avec quatre ou cinq candidats, dont Emmanuel Macron, dans un mouchoir de poche, autour de 16-18 %.

Et puis reste l’hypothèse folle, tragique : que donnerait un duel de second tour Le Pen-Mélenchon ? On a déjà tant à faire avec le Covid qu’on ne voudrait pas ajouter un choix entre la peste et le choléra ! Mais ne dit-on pas qu’une élection présidentielle se gagne au centre ? Finalement, Le Pen et Mélenchon, devant la réalité économique et financière de la France, n’auraient peut-être pas d’autre solution que de faire… du Macron dans un duel de second tour où l’abstention de tous Français démocrates biaiserait définitivement un résultat suicidaire pour la France !

 

Michel Taube

 

 

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