Edito
12H08 - lundi 9 novembre 2020

Kamala Harris, presque présidente des États-Unis. L’édito de Michel Taube

 

Jamais le « ticket » président-vice-président des États-Unis n’avait eu pareille importance, et non pas seulement parce que, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, c’est UNE vice-présidente qui s’installera à la Maison-Blanche. Le couple Biden – Harris devrait donc diriger l’Amérique pour quatre ans.

Durant la campagne, le président élu, Joe Biden, s’était engagé à ne briguer qu’un seul mandat, comme pour rassurer ses électeurs : il ne sera jamais un vieillard sénile (pardon : un senior trop mûr) qui s’accrochera au pouvoir. Dans quatre ans, alors qu’il sera âgé de 82 ans, Kamala Harris devrait très naturellement prendre le relais pour le compte du parti démocrate, si l’Amérique laissée par Joe Biden est dans un meilleur état que celle laissée par Donald Trump. Car lorsque les flonflons de la fête victorieuse se tairont, il faudra affronter le Covid (Biden a bien raison de mettre en place un groupe d’experts pour lui permettre d’être opérationnel dès le 20 janvier 2021), rétablir l’économie et apaiser l’Amérique. C’est surtout cela que l’on attend de Joe Biden, président de transition.

L’hypothèse d’un Biden qui n’achèverait pas son mandat est régulièrement évoquée. L’homme fait son âge, assurément, et même s’il n’est pas très élégant de spéculer sur sa vivacité d’esprit et sa santé qui pourraient être chancelantes, la politique n’est pas affaire d’élégance (on l’avait bien compris avec Donald Trump !), surtout lorsqu’il s’agit de diriger l’empire américain, première puissance économique et militaire de la planète.

Certes, on peut tout imaginer, y compris un second mandat de Joe Biden, l’appétit (du pouvoir) venant toujours en mangeant. L’Histoire en donne de nombreux exemples.

Plus populaire et moins exposée que Joe Biden, Kamala Harris a donc toutes les chances d’être la prochaine candidate des démocrates à la présidentielle de 2024 et peut-être la première femme à occuper le célébrissime Bureau ovale de la Maison-Blanche. Et qui sait si son adversaire ne sera pas Donald Trump !

Kamala Harris est la parfaite incarnation de l’Amérique moderne : d’origine indo-jamaïcaine, mariée à un avocat juif, elle ne confond pas antiracisme et communautarisme sectaire.

Kamala Harris est démocrate, donc de gauche au sens américain du terme, mais elle n’appartient pas à cette branche plus « socialiste » (encore un gros mot pour la majorité des Américains), jusqu’alors incarnée par Bernie Sanders, lequel transmettra ce flambeau à plus à gauche que lui. Durant la campagne, Ilhan Omar, première femme voilée élue au Congrès, qui reprocha à son adversaire d’accepter l’argent de donateurs juifs lors de la primaire démocrate (ça promet !), et Alexandria Ocasio-Cortez, nouvelle égérie de la gauche de la gauche américaine, ont fait pression sur Joe Biden pour être payées en retour de leur soutien.

Comme Joe Biden, Kamala Harris veut apaiser, rassembler, là où l’aile gauche du parti veut cliver, opposer, faire du Trump en quelques sortes !

A 56 ans, la prochaine vice-présidence aura, au maximum, quatre ans pour peaufiner son profil présidentiel. Première femme « de couleur » procureure générale de Californie (et deuxième élue au Sénat), Kamala Harris, main de fer dans un gant de velours, est avant tout une centriste pragmatique. On lui reprocha ses positions hésitantes sur la peine de mort et sa mansuétude à l’égard des violences policières en Californie, oubliant qu’elle n’était pas une idéologue partisane.

En 2024, son « Yes we can » (célèbre slogan de campagne de Barack Obama) s’adressera aussi et même surtout aux femmes américaines. Lors de son premier discours de vice-présidente élue, tout de blanc vêtue, Kamala Harris a voulu rendre hommage aux générations de femmes qui ont permis son élection, assurant qu’elle ne serait pas la dernière. « Je pense aux femmes noires, blanches, asiatiques, latinas, natives amérindiennes. Je pense à toutes ces femmes qui ont pavé la route qui mène à ce moment…, et qui ont sacrifié tant pour l’égalité, la liberté et la justice pour tous, y compris les femmes noires, qu’on regarde trop souvent de haut, mais qui si souvent prouvent qu’elles sont la colonne vertébrale de notre démocratie ». La campagne de 2024 est déjà engagée !

Le monde serait-il meilleur s’il était dirigé par des femmes ? La réponse n’est que spéculation, et il est difficile de tirer des conclusions si générales et définitives des expériences actuelles ou passées : Indira Gandhi (Inde), Golda Meir (Israël), Isabel Martínez de Perón (Argentine), Michelle Bachelet (Chilie), Julia Gillard (Australie), Dilma Rousseff (Brésil), Sahle-Work Zewde (Etiopie) ou Angela Merkel en Allemagne… Les exemples de femmes chef d’Etat ou de gouvernement ne sont pas aussi rares qu’on pourrait le penser, même si la junte masculine domine encore outrageusement au sommet des Etats.

Kamala Harris voudrait que l’égalité femmes-hommes ne sont plus un slogan. En attendant, elle veut être un exemple pour l’Amérique et pour le monde.

Michel Taube

 

 

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