Edito
06H15 - mardi 22 septembre 2020

En marche… vers le précipice et Macron vers une cohabitation dès 2022 ? L’édito de Michel Taube

 

Dimanche dernier se tenait le premier tour de six législatives partielles. Six occasions pour le parti présidentiel de ressortir la tête de l’eau après le zéro pointé aux récentes municipales. Mais il n’en fut rien.

La majorité présidentielle a enregistré une double claque.

D’abord celle du taux de participation électorale, historiquement à des fonds jamais atteints. Les législatives partielles n’ont jamais rencontré de grand succès mais le désaveu est tel désormais (est-ce le seul effet coronavirus ou aussi le désaveu de la classe politique ?) que la ministre des citoyennetés (et l’ensemble du pouvoir exécutif avec elle) mesure désormais le défi immense qu’il va falloir relever pour réconcilier les Français avec la démocratie représentative. Les prochaines élections départementales et régionales en 2021 pâtiront-elles à leur tour de cette désaffection électorale ?  

Deuxième défaite pour la majorité… dans l’urne cette fois-ci. Et là, c’est le grand chelem ! Un 0 sur 6 ! Pas même le siège de Nadia Hai, désormais ministre (dont la visibilité, certes, est inversement proportionnelle à l’importance des enjeux de l’ascenseur social) déléguée à la Ville, n’a pu être conservé par LREM dans la 11e circonscription des Yvelines, le candidat LREM Pierre Luce n’ayant recueilli qu’un peu plus de 15 % des suffrages, ce qui lui vaut d’être éliminé. Le candidat LR Philippe Benassaya, maire de Bois d’Arcy, est favori même s’il devra mobiliser jusqu’à la dernière minute pour battre sa challenger de Trappes et de Génération.s de Benoît Hamon.

La dégringolade de LREM se poursuit, inexorablement, comme si ce parti bâti artificiellement pour la seule conquête du pouvoir par son fondateur ne parvenait à s’ancrer dans le paysage politique français. Emmanuel Macron lui-même se comporte comme s’il faisait peu de cas de LREM, le gouvernement Castex étant plus sarkozyste que marcheur, avec les postes clés du gouvernement occupés par des transfuges de LR. Nous l’avions déjà écrit : l’entourage du chef de l’Etat a presque tiré un trait et n’a souvent que mépris pour « l’outil » militant qu’il avait pourtant su mettre en place en 2016 et 2017.

 

Vers une cohabitation en 2022

Au lendemain de cette nouvelle déconvenue électorale de dimanche, Pierre Person, député de Paris et numéro 2 de parti macronien, a présenté sa démission à ses troupes désarçonnées. Il espère que son terrible sacrifice provoquera un électrochoc salutaire. Sauf que personne ou presque ne sait qui est Pierre Person, un bébé Macron parmi tant d’autres.

Ce qui est en train de se préparer, c’est un décrochage entre la scène nationale et le vote des Français dans les territoires. On ne cesse de nous rappeler que la seule élection qui vaille est la présidentielle. C’est politiquement exact, car elle focalise toutes les attentions, toutes les énergies, autour du quasi mystique avènement d’un seul Homme (avec un “h” majuscule, cela englobe les hommes et les femmes) au firmament du pouvoir.

Mais si la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 reste une hypothèse plausible (mais loin d’être acquise car elle relèverait peut-être d’une victoire par défaut), il n’est même pas certain que les législatives qui suivront lui donneraient une majorité, en tout cas pas avec un parti LREM déconfit. Certes, il ne s’est jamais produit qu’un président fraîchement élu n’obtienne pas de majorité pour appliquer son programme. Mais l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 fut bien la démonstration que rien n’est immuable et que les Français peuvent faire voler en éclats les codes anciens.

Avec un parti LREM au plus mal à dix-huit mois du scrutin, une cohabitation ne peut être exclue en 2022, soit avec un LR revigoré, soit avec une union de la gauche à la sauce rouge-verte pastèque, si les Français ne sortent pas vaccinés des premières années de gestion des nouveaux maires EELV.

Il faudra plus qu’un électrochoc pour que LREM échappe au naufrage, surtout si Emmanuel Macron, flanqué de ses super ministres de droite et d’un Christian Estrosi qui rameute les troupes, se comporte comme si son parti était LR, ou du moins sa branche transfuge. Peut-être sera-ce Édouard Philippe qui fera pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

La droite républicaine, surtout si elle arrive à se renouveler fortement et à tenir une ligne régalienne, laïque, populaire et sociale comme Xavier Bertrand et Rachida Dati vont tenter de l’incarner, peut aussi prendre la place que tente d’occuper Emmanuel Macron avec sa surenchère subite depuis juillet sur les questions de sécurité et de « séparatismes ». Si Macron ne se représentait pas en 2022 ou s’il était battu au premier tour, LREM disparaîtrait du paysage politique national ou serait réduit à un groupuscule de survivants…

Une chose est sûre : en plus de l’hémorragie interne (dont le nombre de démissions et de non renouvellements d’adhésion est un secret d’Etat), LREM donne le sentiment de ne pas faire pencher le cours des choses, sinon sa propre dégringolade. En mal d’influence, le parti présidentiel ne fait que subir et voit, impuissant, le tapis se défiler sous ses pieds, en espérant que ce n’est pas Emmanuel Macron lui-même et ses proches qui tirent dessus.

 

Michel Taube

 

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