Edito
10H46 - lundi 14 septembre 2020

50° en Californie, 38° en Sibérie, canicule en France… Le début de la fin du monde ? L’édito de Michel Taube

 

Notre maison brûle (encore) et nous regardons (encore) ailleurs. Et ce n’est pas la visite insolente de Donald Trump aujourd’hui dans l’ouest américain, lui le champion des climatosceptiques, qui y changera quelque chose.

50° à Los Angeles au mois de septembre, dans une Californie ravagée par les incendies dus à la sécheresse (8000 km2 ont déjà brûlé). En juin, il faisait 38° en Sibérie, et en février, plus de 20° en Antarctique. Yves Cochet, ancien ministre de l’environnement réfugié dans une tanière verdoyante au nom de sa vision collapsologique de notre avenir, doit se dire qu’il a bien anticipé.

Disons le d’emblée, nous ne sommes pas de cette veine eschatologique. Mais, reconnaissons-le, par définition, l’urgence est instantanée. Au vu de ces chiffres astronomiques qui relèguent aux oubliettes de l’histoire diplomatique les objectifs de 2°C de la Cop 21, l’urgence, ce devrait être pour maintenant et tout de suite. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait dit Jacques Chirac en 2002, au Sommet de la Terre de Johannesburg, en Afrique du Sud. Presque vingt ans plus tard, les émissions de gaz à effets de serre continuent de progresser, et même la mise au ralenti de l’économie mondiale durant plusieurs mois, pour cause de pandémie, semble n’avoir eu qu’un impact marginal sur cette évolution.

Selon les experts du GIEC, rester sur ce rythme pourrait avoir pour effet une augmentation de la température de 7° en France, d’ici la fin du siècle. On est loin des 2° degrés initialement « espérés ».

Fin du siècle ou fin du monde ?

Au rythme où vont les choses, même les Verts les plus extrémistes n’auront bientôt plus besoin de faire campagne et ils finiront par récolter autant de voix électorales que la température augmentera.

Ayons la lucidité et l’honnêteté, notamment vis-à-vis de nos enfants, de dire que l’urgence climatique, c’était il y a cinquante ou trente ans. L’inertie du réchauffement est si importante qu’il vaut mieux à la fois se préparer à l’inéluctable et préparer des scénarios audacieux de sauvetage planétaire ou européen. Sur quoi faut-il jouer ? Nos comportements quotidiens ? Certes mais c’est pour la bonne cause. Les pollutions de l’air, des sols, des mers, et tant d’autres périls, rendent effectivement plausible l’extinction de l’humanité à court ou moyen terme, à l’issue d’une guerre de survie, fuite en avant désespérée vers le précipice.

Seule issue envisageable : il faut désormais une révolution énergétique (et pas seulement une transition) au moins à l’échelle européenne voire planétaire, la seule qui importe au final.

Faire croire qu’on règlera le problème en roulant à vélo et en imposant des mesures contraignantes, punitives et largement inefficaces, avec pour corollaire de faire détester l’écologie à ceux qui ont pourtant compris à quel point elle est fondamentale, alors là c’est faire de l’électoralisme à courte vue.

Plus que la voiture, c’est le moteur thermique qui doit disparaître (et tant pis pour le V12 Ferrari !). Mais alors que le gouvernement veut rattraper le (considérable) retard de la France en matière d’hydrogène, il faudrait qu’il investisse des dizaines de milliards d’euros dans les sources alternatives au pétrole pour nourrir nos moteurs.

Puisque la France va à nouveau s’adonner aux joies de la planification, sous l’égide de François Bayrou, nouveau Madame Soleil ?, le gouvernement serait bien inspiré de planifier et d’organiser la transition vers une industrie moins polluante, en complément du salutaire plan en faveur de l’isolement des logements.


Et une lueur fut…

Y a-t-il de l’espoir ? Une petite lueur ? Il y a quinze ans le monde économique des ampoules électriques a procédé à une révolution, tous les acteurs du secteur décidant de stopper en quelques années la fabrication de nos bonnes vieilles ampoules et de ne plus produire que des leds. Une révolution dans un secteur économique.

Et si le monde entier appliquait cette méthode radicale à tous les secteurs les plus polluants ? Si l’Union Européenne et une dizaine de grands pays décidaient de ne plus recourir à des énergies thermiques à horizon de dix ou vingt ans, que se passerait-il ? Les puissances pétrolières, notamment dans le Golfe arabo-persique, en trembleraient, certes. Mais surtout les énergies alternatives plus propres deviendraient la norme, verraient leurs prix baisser et la facture écologique de la planète durablement diminuer.

Avec la Covid-19, avec l’insécurité et la crise économique subséquentes, les questions écologiques étaient passées au second rang, malgré l’embellie verte des municipales (verts pastèques surtout…).

Les températures insupportables et les incendies dans l’ouest américain, la canicule de fin d’été en France nous rappellent à l’urgence climatique. Mais ces questions écologiques ne sont ni d’actualité ni urgentes. Elles sont permanentes et existentielles.

 

Michel Taube

 

Et une illustration musicale caniculaire : « 100.000° à l’ombre », par Marginal Ray

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