Edito
08H27 - dimanche 28 juin 2020

Municipales : voter… malgré tout ! L’édito de Michel Taube

 

Pour bon nombre d’entre eux, les maires 2020 seront mal élus ! Il faut le craindre : comme au premier tour des municipales le 15 mars, la faiblesse du taux de participation électorale risque d’entacher la sincérité des élections municipales au second tour. Les Français n’y sont pas et ont la tête ailleurs.

Parmi les 5 millions de Français concernés par le scrutin du 28 juin, les personnes âgées n’iront guère voter. Crainte du coronavirus oblige. Les jeunes, eux, ont l’habitude de bouder les urnes, en particulier aux municipales. Ceux qui ont mêlé leur sueur lors de la fête de la musique ne pourront en tout cas pas prétexter du risque d’une mauvaise rencontre avec le coronavirus pour rester chez eux ou vaquer à d’autres occupation. D’ailleurs, ce n’est pas leur insouciance qui est regrettable, mais leur égoïsme à l’égard des autres, leurs anciens, bien plus vulnérables…

Les jeunes et les aînés n’iront donc pas voter, ce dimanche, ou si peu. Et l’ensemble de la population ? Le taux d’abstention devrait battre un nouveau record pour un second tour de municipales. C’est bien dommage, car le maire est l’élu qui, avec le président de la République, a le plus d’influence sur notre quotidien, sur notre environnement. Regardez ce qu’Anne Hidalgo a fait de Paris, ville dans laquelle voter au second tour semble effectivement sans grand intérêt, tant sa réélection est assurée par l’entêtement égocentrique d’Agnès Buzyn.

Mais ailleurs, là les jeux ne sont pas faits, comme à Lyon, Marseille ou Lille, et dans tant d’autres communes, il serait regrettable que les Français renoncent à accomplir leur devoir citoyen, maintenant que le risque sanitaire est maîtrisé : port du masque, désinfection, distanciation physique… Ce n’est pas dans un bureau de vote que l’on devrait contracter le Covid-19. Et cette fois-ci, contrairement au premier tour du 15 mars, on peut espérer que les heures du dépouillement seront maîtrisées.

Le maire, comme tout élu, a besoin d’une légitimité, sans quoi il s’exposerait à une forte contestation à chacune de ses décisions. Qu’adviendrait-il si la gouvernance locale devenait aussi problématique que la gouvernance nationale faute d’une élection sincère ou suffisamment assise sur un taux de participation décent ?

Nous devons aller voter, parce qu’y renoncer, comme le prônent des Michel Onfray, c’est participer à la déliquescence de la démocratie, au renoncement à la souveraineté du peuple, à la toute-puissance d’autres pouvoirs, celui du marché ou celui d’une certaine élite déconnectée des réalités, donnant une légitimité à des mouvements contestataires comme les Gilets jaunes.

Sans légitimité électorale des dirigeants, même au niveau local, ce n’est pas la majorité, mais celui qui crie le plus fort, qui éructe, voire qui casse, qui s’impose et impose ses desideratas à la majorité silencieuse et pourtant coupable de ce silence. Car en démocratie, c’est avec son bulletin de vote, plus qu’avec un porte-voix, des pancartes et bien entendu des pavés, que l’on rompt ce silence, que l’on exprime ses choix.

Voter, c’est entretenir la flamme de la démocratie, c’est condamner à l’échec l’insurrection d’une minorité. Dans la situation plus que difficile dans laquelle se trouve notre pays, et même si le cœur n’y est pas, sauver la démocratie commence ce dimanche, par ce geste citoyen de se rendre dans son bureau de vote pour le second tour des municipales.

Malgré les raisons de s’abstenir ou de ne pas aller voter, disons-le avec force : allons voter quand même !

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication

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