Edito
06H57 - samedi 27 juin 2020

Panique en macronie ! L’édito de Michel Taube

 

Paris, Lyon, Marseille risquent fort de tomber dans l’escarcelle d’une gauche revivifiée, fortement verdie mais toujours très socialiste demain soir. La droite, elle, sortira aussi consolidée, surtout dans les villes de taille moyenne. Tel risque d’être demain soir le bilan politique de la macronie après trois ans de loyaux mais peu efficaces services à la nation. Seules quelques villes comme Strasbourg, au prix d’alliances de dernière minute, sauveront la mise pour la macronie.

Alors que, à vingt-quatre heures du verdict, les municipales sont depuis longtemps passées par pertes et profits, un récent sondage sur les intentions de vote aux présidentielles de 2022 annonce un second duel Macron – Le Pen, avec le même résultat final qu’en 2017, mais un score bien plus étriqué.

Ce sondage a omis une hypothèse, pourtant parfaitement plausible : celle d’un renoncement du sortant à briguer un second mandat.

Il y a quelques mois, entre la grève contre la réforme des retraites et l’arrivée du coronavirus, des bruits de couloir élyséen laissaient craindre la non qualification d’Emmanuel Macron pour le second tour en 2022. En l’état actuel des forces en présence et de la situation sociale, l’hypothèse est peu vraisemblable : gauche et droite républicaines sont en mal de candidat qui sorte du lot, qui se détache et qui s’impose, au point que certains évoquent le retour de François Hollande et de Nicolas Sarkozy comme recours possible sur les ruines d’une macronie au bord de l’implosion et d’une droite et d’une gauche incapables de se donner de nouveaux leaders charismatiques.

Résultat, à gauche comme à droite, les extrêmes règnent en maître. Marine Le Pen semble assurée d’être au second tour. Elle ne rechigne sur aucun effort pour se républicaniser, allant jusqu’à adouber le général de Gaulle, alors que son parti, même rebaptisé, et ses pères fondateurs (surtout le sien !) sont des avortons du régime de Vichy. Elle va peut-être finir par adhérer à SOS Racisme, pour parachever la supercherie !

Contrairement à la patronne de l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon est sur le déclin, englué dans un islamo-gauchisme révolutionnaire. En 2022 comme en 2017, il trouvera sur sa route pléiade de concurrents parfois plus rouges que lui, et n’a donc quasiment aucune chance d’atteindre le second tour de l’élection suprême. Notre Maduro national n’en nourrira que plus de ressentiment.

D’ici à 2022, deux phénomènes majeurs peuvent se produire. D’abord, Emmanuel Macron est la preuve vivante que de nouvelles figures charismatiques peuvent surgir sur l’échiquier politique, l’air du temps étant au dégagisme, phénomène accentué par ce méga show qu’est l’élection présidentielle. On pourrait trouver cette figure nouvelle dans la mouvance écologiste, qui va donc probablement confirmer aux municipales le succès des Européennes. Mais malgré les efforts de Yannick Jadot, les Verts français considèrent que l’écologie ne peut être que de gauche, et même d’extrême gauche. Un handicap certain pour un destin national.

Ensuite, Emmanuel Macron ne voit pas le bout du tunnel. Il pouvait espérer que le plus dur était derrière lui, mais la crise économique et sociale résultant du confinement, sans même évoquer une seconde vague du Covid-19, pourrait faire vaciller le pouvoir dès l’automne prochain. La convergence des colères françaises, des ressentiments corporatistes aussi, a de grandes chances de réunir tous les perdants de la mondialisation et du coronavirus, ou ceux qui sont convaincus de l’être : gilets jaunes, CGT, fonctionnaires, racialistes révisionnistes, blacks blocs, anarchistes…

Si les syndicats de la police estiment que le pouvoir les a lâchés ou qu’ils ne disposent plus des moyens de maintenir l’ordre, tout est envisageable !

Emmanuel Macron n’a que 42 ans. Il peut se retirer, non pas comme l’a fait François Hollande, mais plutôt comme Jacques Delors, quasiment assuré d’accéder au trône républicain en 1994, mais qui renonça à se présenter avec avoir consulté les « forces vives », en particulier les syndicats, et en a déduit que ses réformes ne seraient pas acceptées. Emmanuel Macron considère lui aussi que les Français sont hostiles à la réforme, mais alors pourquoi s’est-il présenté en 2017 ? L’ivresse du pouvoir ? On peut le penser. Cette même ivresse qui pourrait l’inciter à se représenter, même avec un pronostic difficile.

S’il renonçait à briguer un second mandat, Emmanuel Macron pourrait, telle une super star, faire des tournées mondiales à coup de 100.000 dollars par conférence, écrire ses premières mémoires et attendre le moment opportun pour revenir, si l’occasion se présentait, ce qui ne peut être exclu vu son jeune âge.

La macronie, elle, ne s’en remettra pas. LREM n’est pas le RPR ou l’UMP. Certes, ces mouvements étaient aussi des « partis du président », mais ils revendiquaient l’héritage gaulliste et pouvaient s’appuyer sur de solides figures de proue. Sans Macron, que resterait-il de LREM ? Combien de députés après les législatives suivant l’élection présidentielle ? C’est la disparition pure et simple qui guetterait alors le mouvement. Comme tous les présidents, Emmanuel Macron a sa cour. Cette macronie, qui va bien au-delà du gouvernement et de l’Assemblée nationale, souffrirait terriblement de la défection du mentor. Nul doute que les désertions se multiplieraient du navire avant le naufrage.

En remaniant son gouvernement la semaine prochaine, avant d’affronter une nouvelle vague sociale, peut-être un tsunami, Emmanuel Macron abattra la semaine prochaine une nouvelle carte, sans doute plus à gauche. Sa dernière carte avant 2022 ? Avec celle d’un référendum symbolique sur l’écologie ? Si le pouvoir tient jusque là !

A moins qu’entre temps, un Edouard Philippe, épargné par sa sobriété, sa « rigueur tranquille », tel qu’il se définissait récemment devant les Français, décident de voler de ses propres ailes et de refonder un centre droit sur les ruines de la macronie et d’une droite toujours à terre.

 

Michel Taube

Directeur de la publication