Edito
12H20 - mardi 9 juin 2020

Je suis George Floyd mais je n’irai pas place de la République. L’édito de Michel Taube

 

Ce mardi 9 juin à 18h, pendant 8 minutes et 46 secondes, Opinion Internationale mettra en berne la photo de George Floyd au moment de ses obsèques à Houston au Texas. Cet homme, tombé sous 8 mn 46 de strangulation d’un policier américain aujourd’hui inculpé de meurtre, est devenu un symbole de la lutte contre le racisme. Combat universel sur lequel nous ne pouvons transiger.

En revanche, nous n’irons pas manifester à 18h place de la République à Paris avec les organisations antiracistes et politiques de gauche. L’appel à rassemblement de SOS Racisme vise à rendre hommage à George Floyd. Sur cette base, nous serions venus. Mais les organisateurs aoutent : « Nous soutenons les marches et manifestations qui se déroulent actuellement aux USA, en France et ailleurs en faveur des droits civiques et contre la haine raciste. »

 

Quelle haine raciste ? En France ?

En cautionnant les manifestations de mardi 2 juin devant la Cité judiciaire de Paris et du samedi 6 juin dans de nombreuses villes de France, les organisateurs du rassemblement de ce jour contribuent à la vague de racisation du débat public et de propagation de cette petite musique qui nous « chante » que la France (car c’est elle qui est visée derrière la police) serait raciste et opprimerait les noirs et les Arabes de France.

Non, la couleur de peau n’est pas notre carte d’identité. Non, Adama Traoré n’est pas mort parce qu’il était noir. Non, la police n’est pas raciste. Non, la France n’est pas raciste !

 

Pas de rassemblements pendant l’état d’urgence sanitaire

Tout d’abord nous n’irons pas place de la République parce que l’état d’urgence sanitaire interdit tout rassemblement de plus de dix personnes. Nous préconisons depuis quelques jours un déconfinement total, grâce au reflux massif de la pandémie du Covid-19. Mais s’il y a une mesure qu’il faudrait maintenir avec rigueur et sans réserve pour éviter que n’essaime de nouveaux clusters de contamination, c’est l’interdiction des rassemblements de plusieurs milliers de personnes.

De surcroît, en n’interpellant pas les organisateurs de ces rassemblements pour mise en danger de la vie d’autrui (l’article 223-1 du code pénal prévoit 1 an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende), les pouvoirs publics adressent une gifle à tous les restaurateurs, théâtres, cinémas et autres professions obligés de rester fermés jusqu’au 22 juin voire plus longtemps. Ce deux poids – deux mesures est insupportable.

 

La réponse de Christophe Castaner est suffisante

Indéniablement, il existe du racisme au sein de la police comme dans la société française. Il est aussi intolérable que le serait un racisme judiciaire ou administratif, comme celui qu’un fonctionnaire municipal qui, au hasard bien sûr, traiterait prioritairement les dossiers de ses coreligionnaires. Tout serviteur de l’État et des services publics doit être exemplaire à cet égard. En l’espèce, il faut éradiquer le racisme dans la police.

Les mesures annoncées par Christophe Castaner hier vont dans le bon sens : demander la suspension de tout fonctionnaire soupçonné de propos ou de comportements racistes, c’est la meilleure façon de signifier aux brebis galeuses dans la police que c’en est fini de l’impunité. De façon générale, les instructions judiciaires sont trop longues en France et les recours contre les dites violences judiciaires devraient en effet être confiées à des autorités plus autonomes de la hiérarchie policière.

On peut regretter en revanche que le gouvernement ait tant tardé à tirer les conclusions de la révision de la doctrine générale de l’ordre public entamée en 2019 à la suite du mouvement des gilets jaunes. Du coup, sa réaction hâtive dénature et déplace les enjeux de cette politique publique si vitale pour la concorde civile.

L’inversion dangereuse du rapport de violence

Mais nous n’irons pas manifester surtout parce qu’un dangereux climat hostile à l’ordre public s’installe dans le pays.

Le Monde publiait samedi 6 juin un éditorial scandaleux, « Police et racisme : les risques d’une cécité », ajoutant : « Le gouvernement doit prendre au sérieux le malaise qui envenime, en France, les rapports entre minorités et forces de l’ordre et les dérives violentes de ces dernières. »

Pourquoi scandaleux ? Parce que Le Monde, comme beaucoup de commentateurs, oublient de souligner que les violences urbaines et sociales ont monté en flêche depuis plusieurs années et que leurs expressions les plus violentes ont-elles-mêmes explosé. Le Monde oublie de préciser que de nombreux jeunes victimes des violences urbaines l’étaient non parce qu’ils sont noirs ou Arabes mais parce qu’ils ont eu des comportements délictueux ou délinquants.

On a le sentiment que les personnes violentes prennent le dessus sur l’ordre public et que l’Etat doit presque s’excuser, sous prétexte de racisme, d’exercer ses fonctions régaliennes.

Sauf à accepter que les cités deviennent définitivement des lieux où le droit ne s’applique pas, la police est légitime à y intervenir. Aujourd’hui, la police est accusée de violence ? Quel pléonasme ! Mais c’est elle qui subit quotidiennement l’hostilité d’une fraction de la population, les fameux « jeunes des quartiers », qui caillassent également les pompiers, ont font fuir tantôt les médecins, les commerçants, les services publics, mais aussi les autres minorités comme les juifs, desdits quartiers, pour ensuite se plaindre de leur désertification. Les policiers doivent traquer les délinquants, quelles que soient leurs origines. Lorsqu’ils sont noirs ou arabes, ils n’ont pas d’excuse identitaire et n’en demeurent pas moins des délinquants lorsqu’ils ont commis des faits d’incivilité ou de violence et ont parfois un casier judiciaire bien rempli.

La police est violente ? Là, on n’est pas seulement tous Floyd et Traoré, on est aussi tous gilets jaunes et blacks-blocs (des blancs d’extrême gauche). On peut, on doit même légitimement s’interroger sur les causes de l’impunité des gilets jaunes enragés (ordre du politique, laxisme judiciaire… ?), mais toutes les images de toutes les chaînes de télévision du monde (et pas seulement BFMTV, Cnews ou LCI que les extrêmes jaunes-rouges accusent d’être à la botte du pouvoir) montraient bien une extrême violence d’individus voulant casser et même tuer du flic et détruire le bien d’autrui, public comme privé.

La violence sociale a pris des proportions inouïes en France. Si dans le feu de l’action, la bavure ne peut être exclue (et elle doit bien entendu être sanctionnée), la plupart des gilets jaunes blessés fin 2018 et en 2019 l’ont été parce qu’ils avaient sciemment refusé d’évacuer les lieux de la « bataille » qui s’annonçait, et avaient choisi, en connaissance de risques, de servir de boucliers aux casseurs. La presse étrangère s’était beaucoup étonnée de la passivité de la police, bien plus que sa prétendue violence, alors que des hordes d’ultras violents saccageaient les Champs-Élysées et que certains fonctionnaires de police ont échappé de justesse au lynchage.

La violence policière généralisée est donc un mensonge colporté avec tant d’insistance que dans l’esprit du public il finit par devenir réalité. Mais il n’en demeure pas moins un mensonge, du moins si cette violence est présentée comme offensive et délibérée. Elle est la réponse la plus modérée qu’il est possible de donner à une violence sociale décuplée. Il est presque miraculeux que pas un seul mort n’ait été à déplorer dans les rangs des blacks-blocs comme dans ceux des forces de l’ordre durant les émeutes en marge des manifestations des gilets jaunes. En 2017, 113 manifestants et un policier furent tués lors des manifestations au Venezuela, pays cher à Jean-Luc Mélenchon pour qui la France est une dictature, un État raciste et policier.

 

La Ligue de Défense noire africaine sera-t-elle empêchée de manifester si elle vient Place de la République ?

https://twitter.com/MoadabJ/status/1269266614530314240

SOS Racisme soutient-elle vraiment le rassemblement de samedi dernier rue Royale et à la Concorde ? Son organisateur, Mimo Dia Leydimen, du Mouvement Yoallahsuuren, milite pour la cause panafricaine qui est légitime mais qui ne concerne pas la France. Qu’il aille donc s’adresser aux chefs d’Etats africains qui lui dénient sa liberté d’expression et leur responsabilité dans l’histoire (et l’actualité !) de l’esclavage ! Il nous trouvera à ses côtés.

Esclavage, avez-vous dit ? Samedi, il y avait aussi La Ligue de Défense noire africaine, et son leader Egountchi Behanzin qui, devant cette belle institution française « Maxim’s » a accusé l’Etat français d’être « terroriste, colonialiste, esclavagiste ».

Dominique Soppo, c’est cela les manifestations contre la haine raciste ? La France serait donc raciste, colonialiste, esclavagiste, la police également raciste et violente ? Du moins le serait-elle à l’encontre des Noirs et Arabes, pour faire court, car on ne voit aucune autre communauté, comme les Asiatiques pourtant nombreux, manifester contre le racisme policier.

Allons, pourquoi Egountchi Behanzin, le leader de la Ligue de Défense noire africaine n’a-t-il pas encore été interpellé ? Et son organisation dissoute ?

A Londres dimanche, la statue de Winston Churchill a été vandalisée car li est accusé d’avoir été raciste. Quand donc les statues et les lycées Jules Ferry le seront en France ?

Donc cet après-midi à 18h, nous aurons une pensée pour George Floyd mais nous n’irons pas manifester au côté d’ennemis de la République !

 

Michel Taube

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Directeur de la publication

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