Edito
11H26 - mardi 12 mai 2020

Jamais sans mon masque ! Bis repetita ! L’édito de Michel Taube

 

Des quartiers de Château d’eau et Château rouge à Paris bondés de personnes sans masque (ou presque) et aucune distanciation sociale pendant toute la journée, Des jeunes agglutinées au bord du canal Saint-Martin hier soir qui se payaient des apéros comme si de rien n’était…

Mais pourquoi donc l’Etat n’a-t-il pas imposé dès le 11 mai le port du masque obligatoire, au moins dans les régions de la zone rouge (cela aurait donné du sens à cette carte qui nous a tenu en haleine pour presque aucune différence) ? Si 20%, allez 30%, des Franciliens en avaient un sur leur nez hier, c’est beaucoup !

Faute politique majeure du pouvoir, faute des 70 à 80% de Français qui n’avaient pas pris de masque !

Les images des jeunes agglutinées au bord du canal Saint-Martin, dans le nord de Paris ont choqué l’opinion publique. Sans masque pour la plupart, souvent passablement alcoolisés au point de conduire le ministre de l’Intérieur à prendre un arrêté interdisant la consommation d’alcool sur les berges parisiennes, ces jeunes ont peut-être déjà ruiné deux mois de sacrifice, deux mois de réclusion à domicile, deux mois à l’issue desquels des millions de travailleurs se retrouveront au chômage pour éviter les centaines de milliers de morts, une hypothèse qui n’est pas encore écartée, comme le rappelait le professeur Enrique Casalino, chef des urgences de l’hôpital Bichat, lors du 1er@Live Opinion Internationale hier soir.

Égoïsme, comme celui des joggers jamais masqués et ne respectant aucune distanciation physique (qui selon les dernières études, devrait être de 10 mètres, pour eux, comme pour les cyclistes) : ils sont jeunes, et donc relativement peu exposés à des complications fatales du Covid-19. Ou faut-il les comprendre et les excuser ? L’insouciance, parfois l’inconscience de la jeunesse… Mais cette logique permissive conduirait à appliquer aux jeunes un droit dérogatoire : pas de limitation de vitesse ou de sobriété au volant, par exemple. Laissons jeunesse se faire ! Laissons de nouveaux clusters de Covid-19 se développer avec toutes les conséquences qui en découleraient…

Outre la nécessité, bien regrettable, de sanctionner ces comportements, la prévention devrait conduire Emmanuel Macron, Edouard Philippe ou Olivier Véran à cesser de tortiller du popotin cérébral au sujet des masques : il est devenu obligatoire dans les transports en commun. Il l’est aussi sur le lieu de travail lorsque la fameuse distance de sécurité d’un mètre ne peut être respectée. La distance « officielle » d’un mètre est au mieux une sous-estimation, au pire un nouveau mensonge puisque, comme nous l’avions déjà souligné (certaines vérités méritent d’être réitérées pour éviter que mensonge martelé devienne vérité), la bonne distance serait plutôt de 6 mètres, comme le laissait entendre le ministère de la Santé, avant de changer d’avis à l’arrivée du coronavirus.

La conséquence est qu’il faut rendre le port du masque obligatoire, partout où une distanciation raisonnable, en tout cas supérieure à un mètre, ne peut être respectée, y compris dans l’espace public, dans tous les commerces et autres espaces clos.

Comme une règle n’est comprise et appliquée que lorsqu’elle est simple, ce que notre administration est incapable de concevoir, autant systématiser l’obligatoire, la tolérance étant à l’appréciation des forces de l’ordre, qui éventuellement démasqueraient un promeneur non masqué dans une forêt ou les ruelles d’une petite commune à deux heures du matin.

L’éducation aux gestes barrières, dont le port du masque ou d’une visière et la manière de le porter, tout comme le fait qu’il ne saurait remplacer les autres précautions, doit entrer dans l’esprit des gens. C’est le rôle de la communication publique, mais aussi celui des entreprises. C’est même un devoir citoyen. Cela fait des décennies que l’on porte largement le masque en Asie et on constate aujourd’hui que le bilan sanitaire et, par voie de conséquence, économique y est largement meilleur que les nôtres. Qu’attendons-nous ? Un nouveau revirement du Conseil scientifique ? Une reprise fulgurante de l’épidémie ?

Masque obligatoire dès que l’on sort de chez soi, et tolérance laissée à l’appréciation des forces de l’ordre si l’absence totale de promiscuité le rend d’évidence superfétatoire : voilà ce qu’il est urgent de mettre en œuvre ! Et ceux qui crient déjà à l’arbitraire policier doivent cesser de prendre les policiers et les gendarmes pour des abrutis décervelés, et se souvenir qu’il existe des recours judiciaires, qui en l’espèce relèveraient de l’hypothèse d’école.

Alors, sortez mais « Jamais sans mon masque » ! Et diffusez le # #JamaisSansMonMasque.

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication