Robert Poujade, ancien ministre, membre honoraire du Parlement, ancien maire de Dijon et ancien président du conseil général de la Côte-d’Or, est décédé.
Il avait été chargé en 1971 par le président de la République, Georges Pompidou, de créer le ministère de la protection de la nature et de l’environnement.
Brice Lalonde, ancien ministre de l’environnement de 1988 à 1992 et sous-secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), rappelle que « Robert Poujade fut le premier d’une longue liste de ministres qui durent se battre, d’abord contre les deux administrations de l’Industrie et de l‘Agriculture auxquelles ils avaient arraché deux directions : la lutte contre les pollutions et la protection de la nature. Puis contre leurs collègues des gouvernements qui confondaient la prospérité avec les tonnages de béton, de bitume et de poubelles. Si la France a appris à se préoccuper d’écologie en créant notamment un vrai ministère, c’est grâce à des personnalités compétentes, courageuses, et toujours courtoises, comme était Robert Poujade. »
Bernard Esambert, président de l’Institut Georges Pompidou, souligne que Georges Pompidou avait confié cette mission impossible à un fidèle en lui disant : « Bâtir un ministère, cela sort de l’ordinaire. Ah, vous allez apprendre ce que c’est que l’administration ! Vous formerez des hommes, vous créerez un état d’esprit ».
Un demi-siècle après, ce super ministère, qui a – à tort selon nous – dilué le ministère de l’industrie mais qui était vital au sens propre du terme, reste, à bien des égards, un ministère de l’impossible.
L’Institut Georges Pompidou rappelle que Robert Poujade, comme Georges Pompidou, a été normalien (1948) et agrégé de lettres (1953). Il a été très impliqué dans la rédaction de la revue Liberté de l’esprit, revue d’idées, du Rassemblement, créée à l’initiative d’André Malraux, et dirigée par Claude Mauriac.
Engagé dès 18 ans au sein du RPF et dans les partis gaullistes successifs, il a siégé à l’Assemblée nationale, de manière discontinue, de 1967 a 2002, où il fut membre de la commission de la défense nationale et des forces armées (1986-2002).
Secrétaire général de l’UNR -rebaptisée Union de DéFENSE de la République- de 1968 à 1971, Robert Poujade se fit connaître par son opposition frontale au nouveau gouvernement nommé par le général de Gaulle, celui de Maurice Couve de Murville (juillet 1968 – avril 1969) en le menaçant d’une motion de censure si les réformes – notamment celle sur les successions – étaient trop poussées. Conservateur jusque dans son style vestimentaire, Poujade permet l’essort des Comités (musclés) de défense de la République et, on l’a oublié, du SAC.
Il posséda également un ancrage politique local fort à Dijon dont il fut le maire de 1968 à 2001, tout en siégeant au conseil général de la Côte-d’Or, dont il fut président de 1982 à 1988, et au conseil régional de Bourgogne. Il fut également membre du conseil économique et social de 1964 à 1967.
Michel Taube